Par Frédéric Thiriez (promo 72), ex-président de la Ligue de football professionnel

Alors que notre pays semble à la recherche de son identité, confronté aux divisions et à une crise des valeurs, je propose d'accorder au sport la place qu'il mérite. Le sport, qu’il soit professionnel ou amateur, a la capacité de rassembler au-delà des origines, des religions ou des opinions. C'est une vertu d'autant plus précieuse qu'elle est devenue rare. 

Les élites devraient mieux prendre en compte ce fait social. Elles opposent trop souvent le corps et l'esprit comme si les activités physiques et intellectuelles ne pouvaient se compléter harmonieusement. Elles ont aussi du mal à accepter la starisation de champions qui doivent leur réussite à leur seul talent et non aux études ou aux réseaux. 

Pourtant le sport est un formidable vecteur d'intégration et de cohésion sociale. C'est particulièrement vrai pour le plus populaire d'entre eux, le football. Nul besoin de convoquer le souvenir de la France « black-blanc-beur » des lendemains de la victoire en Coupe du Monde. Il suffit d'observer un match du dimanche matin entre amateurs.

Sur le terrain, la diversité fait partie du jeu. On respecte l'autre et ses différences. On joue et on vit ensemble. En outre, le sport a une fonction éducative de premier ordre. En complément de l’école, il transmet aux jeunes des valeurs comme le goût de l'effort, le respect des règles ou la solidarité. Quant aux compétitions internationales, elles sont des événements fédérateurs pendant lesquels on se rassemble dans un patriotisme bon enfant. 

Tout cela définit des valeurs culturelles mais le sport ne bénéficie pas encore de la même considération que la culture. Voilà pourquoi je propose de les rassembler dans un grand ministère. Élever le sport au niveau de la culture reviendrait à reconnaître pleinement son rôle éducatif et social. Cette prise en compte de la réalité refléterait une manière de vivre et une vision de notre société. La France dirait quelque chose d'elle-même et elle le dirait aux autres. Face à la crise d'identité qu'elle traverse, ce serait une manière à la fois utile et symbolique de resserrer les liens.

Cette proposition est extraite du livre 140 idées pour la France (éditions Temporis, 2015). Cliquez ici pour en savoir plus. 

Crédit illustration : Boll - 140 idées pour la France