Émile Magazine

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En attendant mai - Une élection vaut bien quelques arbres…

Jason Wiels, journaliste à LCP, nous livre une chronique régulière de choses lues et entendues sur la campagne présidentielle. 

À l’heure où tous les foyers, ou presque, doivent désormais déclarer leur avis d’impôt sur Internet, les députés ont pris une décision étonnante cette semaine. 

Pour la troisième année consécutive, le gouvernement leur a proposé de « dématérialiser la propagande électorale ». Autrement dit, finies les professions de foi sur papier envoyées à chaque électeur – parfois plusieurs par foyer !

Pour la troisième fois, les députés ont voté contre.

On aurait pourtant cru que l’heure était à la modernisation des services publics, aux gains de productivité et à la sauvegarde de la planète. Les Français se seraient ainsi vu proposer de se connecter sur un site Internet public pour s’informer et retrouver les promesses de leurs candidats. Coût de création et d’entretien d’une telle plateforme ? 8 millions d’euros. Economies attendues de la dématérialisation des tracts pour la seule année 2017 ? 169 millions d’euros. Quant aux forêts sauvegardées et à l’encre épargnée, le calcul est à faire. Il suffit de songer aux 45 millions d’électeurs et de multiplier par le nombre de candidats à la présidentielle et aux législatives…

Les parlementaires ont objecté à raison la persistance de la fracture numérique en France. Un peu plus d’un foyer français sur dix n’aurait toujours pas accès à Internet. Contre-argument du gouvernement : lors des dernières élections européennes, faute d’adresses à jour, près de 7% des courriers remplis de précieuses professions de foi ne sont de toute façon pas arrivés à leurs destinataires. Retour à la mairie, case broyeuse !

Pour les mettre d’accord, une petite voix aurait pu leur suggérer d’affecter les économies attendues pour aider les Français encore exclus du Net à s’y brancher.

Une idée à noter pour le budget 2018. Sur un post-it dématérialisé, évidemment.