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Le billet de Pascal Perrineau - Une "trumpisation" de la vie politique française ?

Depuis l’élection présidentielle de Donald Trump aux Etats-Unis, le néologisme de « trumpisation » fait florès.

Le succès du candidat républicain face à Hillary Clinton a traduit un double phénomène : celui de l’hostilité croissante de pans entiers de l’électorat par rapport aux élites politiques, économiques et administratives, celui de la colère de ceux qui estiment être les « perdants » de la globalisation.

Ce double phénomène taraude le système politique français depuis des années et l’expression électorale principale en est la première place prise par le Front national dans toutes les élections depuis trois ans et le haut niveau d’intentions de vote en faveur de Marine Le Pen dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017. L’espace politique occupé par Donald Trump aux Etats-Unis est largement préempté, en France, par la présidente du Front national. Et encore, faut-il noter que Donald Trump était le candidat d’un des deux grands partis américains alors que Marine Le Pen est à la tête d’un petit appareil venu des marges du système politique.

La « trumpisation », en dehors de cet écho rencontré dans la dynamique du Front national, ne semble pas, pour l’instant, bouleverser la vie politique française. Les hommes qui font la course en tête dans l’élection primaire de la droite sont même parfois aux antipodes du nouveau président américain : ce sont tous des hommes qui ont des décennies de vie politique derrière eux, bardés de fonctions politiques de haut niveau et rétifs aux attitudes provocantes.

Certes, certains éléments de langage utilisés par Nicolas Sarkozy ou encore l’ode au renouveau d’hommes qui se présentent comme des « outsiders » (Emmanuel Macron, Bruno Le Maire) peuvent être considérés comme de lointaines manifestations de la « trumpisation »…  Une « trumpisation » affadie, édulcorée qui n’a pas grand-chose à voir avec le côté profondément « disruptif » du vrai Trump. Décidément, d’un point de vue politique et social,  la France n’est pas les Etats-Unis.