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Le billet de Pascal Perrineau - La "course au centre" va devenir un combat central de la présidentielle

La droite est en ordre de bataille, la gauche socialiste tente de maîtriser sa diversité et les courants qui la traversent, le Front national a sa candidate, la « gauche de la gauche » est maintenant rassemblée derrière Jean-Luc Mélenchon. Reste une inconnue : celle du centre.

Comme toujours, sous la Vème République, le centre est divisé entre plusieurs leaders, plusieurs organisations et plusieurs stratégies. Et pourtant, le centre est une réalité politique et électorale forte et constante. De 1965 à 2012, le centrisme et les candidats qui s’en réclamaient ont attiré entre 10 et 30% des suffrages. Cette famille est une réalité têtue qui tente de rassembler les héritiers de la démocratie chrétienne, d’un centre-droit marqué par la modération et l’allergie à un gaullisme considéré comme trop autoritaire et d’un centre-gauche refusant l’alliance avec les communistes et rétif à une gauche trop empreinte d’étatisme.

Aujourd’hui, ces électeurs se retrouvent dans une pluralité de candidats déclarés ou potentiels. Quand on se réfère à la dernière enquête électorale du Centre de recherches politiques de Sciences Po (vague 9 de l’Enquête électorale française réalisée du 2 au 9 décembre auprès d’un échantillon de 18013 personnes inscrites sur les listes électorales), les électeurs qui se sentent plutôt proches de l’UDI choisissent clairement François Fillon (58%) et plus marginalement Emmanuel Macron (19%) et François Bayrou (10%). Ceux qui se sentent plutôt proches du Modem privilégient François Bayrou (62%) et dans une moindre mesure Emmanuel Macron (13%) et François Fillon (10%). Ceux qui expriment une proximité avec le mouvement En marche ! se retrouvent massivement (90%) derrière l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande. Pour l’instant, trois hommes parlent ainsi aux électeurs du centre sans qu’aucun des trois n’ait encore pris d’avantage décisif.

La « course au centre » va devenir un combat central de l’élection présidentielle à venir : c’est d’elle que dépendent la réussite du phénomène Macron, la capacité de François Fillon, candidat de la droite et du centre, à ne pas être rabattu sur la seule droite et la possibilité pour François Bayrou, candidat de « l’hypercentre », d’effectuer un dernier retour.