Émile Magazine

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Le billet de Pascal Perrineau - L'étonnante dynamique autour de François Fillon

Le second tour de la primaire de la droite et du centre n’a fait qu’amplifier la dynamique étonnante révélée dès le premier tour, autour de la personnalité et du projet de François Fillon.

Avec plus de 4 380 000 votants, ce second tour a montré la puissance de la mobilisation du « peuple de droite et du centre » auquel se sont adjoints des citoyens venus d’autres horizons (gauche, Front national, sans préférence politique) mais qui avaient envie de dire leur mot dans cette sélection d’un candidat présidentiel de la droite et du centre qui, aux yeux de nombre de nos concitoyens, est considéré comme un possible et même probable président de la République.

Réunissant presque 3 millions de voix au second tour, François Fillon a redonné à une famille qui n’avait plus de chef incontesté depuis quatre ans, un leader légitime et fort. Les niveaux pharaoniques atteints par François Fillon au cœur des vieilles terres de la droite et du centre attestent cette reprise en main : 81,4% en Mayenne, 77,6% en Vendée, 77,3% dans l’Orne, 74,9% dans le Haut Rhin, 73% en Savoie, 71,3% en Haute Loire et en Lozère…  Cette légitimité et cette force sont dues au fait qu’il incarne mieux que d’autres les valeurs d’autorité et de liberté qui sont cardinales pour une immense majorité d’électeurs de la droite et du centre.

Interrogés le jour même du scrutin, 68% de ses électeurs disent avoir voté avant tout en fonction du « projet du candidat » (enquête Harris Interactive). La « bonne campagne du candidat », le souci de « faire barrage à un autre candidat » ne viennent que bien après dans l’ordre des motivations des électeurs. François Fillon est plus que lui-même, il est un projet où la volonté de réformes économiques et sociales (lutter contre les dépenses publiques trop élevées, augmenter la durée légale du travail dans la fonction publique,  diminuer les emplois publics…) l’emporte massivement sur les réformes de société (conditions d’adoption par des couples homosexuels, question de l’IVG).

La droite et le centre ont leur candidat, le Front national à le sien, la gauche de la gauche également. Reste à la « gauche de gouvernement » à sortir de son malaise existentiel, à éviter la dispersion suicidaire et à trouver l’homme ou la femme susceptible d’incarner cette famille politique qui a gouverné, pendant plus de quatre ans, le pays. Une France aujourd'hui orpheline de la figure présidentielle qui a tenté de l'incarner sans jamais vraiment y parvenir.