Émile Magazine

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Le billet de Pascal Perrineau - En Marche! : une organisation pérenne ?

L’élection présidentielle de 2017 s’annonce de plus en plus comme une élection de tous les changements.  Parmi ceux-ci, l’apparition de nouvelles formes d’organisations politiques en est un des plus intéressants. L’organisation En Marche ! lancée en avril 2016 par Emmanuel Macron est tout à fait symptomatique d’une nouvelle génération d’organisations politiques que la science politique qualifie de « partis entreprise » (« party as business firm »). C’est dès les années 1990 que ce type d’organisation apparaît avec la candidature du milliardaire Ross Perot lorsqu’il se présente, en 1992 et 1996, à l’élection présidentielle américaine. Ce type de mouvement fondé par une personnalité –souvent riche et chef d’entreprise-, n’ayant pas de passé politique, très critique des partis politiques traditionnels, porteur d’un message parfois teinté de populisme appelant à « sortir les sortants » et substituant aux bases militantes classiques des rassemblements de « supporters », n’a cessé de se développer. Forza Italia créé en 1994 par Silvio Berlusconi, l’Action des citoyens mécontents (2011) de l’entrepreneur tchèque, Andrej Babis, devenu aujourd’hui ministre des Finances, la Team Stronach fondée en 2012 par l’industriel austro-canadien Franck Stronach ou encore Scelta Civica (2013) de Mario Monti sont autant d’expressions de ces « partis entreprises » très liés au destin d’un homme.

En même temps nos démocraties ont vu fleurir des organisations très articulées sur le web et qui ont donné naissance parfois à des mouvements politiques puissants : Cinque Stelle de Beppe Grillo en Italie, Ciudadanos en Espagne… En mêlant l’horizontalité de ces mouvements adaptés à une organisation réticulaire du web et la verticalité du « party as business firm », le mouvement En Marche ! a vraiment inventé une organisation politique d’un nouveau type. Il reste à savoir ce que sera la longévité politique de ce type de mouvement ainsi que sa capacité à encadrer de manière stable des électeurs. Dès les élections législatives de juin prochain, nous aurons les premiers éléments de réponse à ces interrogations.