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Tribune - Le PS : minorité de la majorité ou minorité de l’opposition?

L'élection présidentielle que nous venons de vivre a exposé au grand jour les divisions qui minent depuis longtemps le PS. Pour Flore Santistéban, doctorante au CEVIPOF, l'enjeu est désormais de savoir comment le parti se positionnera au lendemain des élections législatives et s'il sera définitivement détruit par les autres forces à gauche. 

Les résultats électoraux de dimanche dernier sont sans appel pour le Parti socialiste.

Depuis le premier tour de l’élection présidentielle et le score historiquement faible de son candidat, nombreux sont les hiérarques à théoriser publiquement « la mort » de leur parti. En réalité, il ne s’agit pas tant d’une mort que d’une redéfinition de la place qui sera celle de « la veille maison » au lendemain des élections législatives.

Si les prévisions du CEVIPOF se confirment, les futurs élus socialistes pourront constituer un groupe parlementaire mais ne seront pas en mesure d’infléchir la politique gouvernementale. En d’autres termes, le PS perdra sa place hégémonique à gauche et la recomposition ne s'opérera pas autour de lui pour trois raisons essentielles : la dynamique des Insoumis, la fuite des cerveaux et des forces vers La République En Marche et le manque d'ouverture de l'aile gauche du Parti socialiste qui s’arc-boute sur un socle programmatique rejeté par la majorité des Français. Nous savons également que sauf retournement de situation, il n’y aura pas d’accord avant les élections législatives entre La République En Marche et le Parti socialiste pas plus qu’entre les Insoumis et le Parti socialiste.

Concrètement cela signe la fin de la discipline républicaine et des désistements au profit du candidat de gauche arrivé en tête. Au lendemain de cette débâcle électorale annoncée, deux possibilités s’offrent aux socialistes : les survivants se déchirent et dans ce cas ce sera la pasokisation ou ils s'unissent autour de leur devise sacramentelle "ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise" tout en étant minoritaire sur l'échiquier politique. La première possibilité a de fortes chances de l'emporter sur la seconde en raison de la haine et des rancœurs vivaces de part et d’autre.

La convention d’investiture du PS qui s’est tenue le 9 mai 2017 à la Mutualité a donné une éclatante illustration de la scission à l’œuvre. Faute d’accord entre les deux grands courants du PS, les candidats aux législatives auront la possibilité de choisir entre deux plateformes programmatiques créant une grande confusion et une incertitude sur la ligne qui sera défendue in fine à l’Assemblée nationale. D’un côté le programme élaboré par Guillaume BACHELAY qui représente la direction du PS et de l’autre celui porté par Benoit HAMON. Ce qui devrait être réservé à un débat de congrès sera donc imposé aux électeurs dans le cadre des élections législatives. Il n’est pas certain qu’ils s’y retrouvent. En conclusion, l’équation qui se pose au Parti socialiste pour les cinq prochaines années est simple : être la minorité de la majorité ou être la minorité de l'opposition. 

Flore Santsitéban, a intégré le CEVIPOF en septembre 2016. Ses travaux de recherche portent sur le fonctionnement interne des partis politiques.