Émile Magazine

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Le billet de Pascal Perrineau - Des lendemains qui chantent ou qui déchantent ?

Les lendemains d’élection présidentielle ne sont plus très enchanteurs et pourtant… l’opinion ne boude pas complètement le plaisir qu’elle s’est fait en bousculant profondément le jeu politique habituel. Selon le baromètre Elabe Le Point, 45% des personnes interrogées font confiance au nouveau Président. C’est nettement moins que pour ses prédécesseurs mais pas tout à fait négligeable dans un contexte où la popularité des hommes et des femmes politiques apparaît comme un « champ de ruines ».

Derrière la popularité présidentielle, c’est surtout le syncrétisme politique, dont le nouveau gouvernement d’Edouard Philippe est porteur, qui fait recette. Dans une enquête Elabe-BFM TV réalisée le 17 mai, 61% des Français se disent satisfaits de la composition du nouveau gouvernement, 65% considèrent que ce dernier incarne bien « le renouvellement promis par Emmanuel Macron ». La satisfaction touche tous les électorats du premier tour à l’exception de celui de Marine Le Pen. Cette pénétration tous azimuts montre l’ampleur de la demande, refoulée pendant bien longtemps, d’un espace politiquement central réunissant les énergies et les talents de la droite, de la gauche, du centre et d’ailleurs.

Les Français semblent aujourd’hui être à la fois heureux et inquiets de leur audace innovatrice. Heureux car ils explorent les voies d’un rassemblement après des années et même des décennies d’affrontements « camp contre camp » qui ne les ont que peu satisfaits. Inquiets car ils se demandent si cette audace et cette innovation ont de l’avenir. 52% des personnes interrogées dans le même sondage, ont l’impression que « cela ne durera qu’un temps » et 47% que « cela peut durer tout le quinquennat ».

Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron croient à la durabilité. En revanche, le scepticisme l’emporte dans tous les autres électorats : 58% chez les électeurs de François Fillon, 57% chez ceux de Jean Luc Mélenchon, 54% chez ceux de Benoît Hamon et 79% chez ceux de Marine Le Pen.

Un nouveau monde politique tente de s’inventer mais le vieux monde résiste. Ces résistances définissent l’espace du travail de conviction politique que le nouveau Président, son Premier Ministre et les ministres du gouvernement vont devoir mener dans les semaines et les mois qui viennent.