Émile Magazine

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Le billet de Pascal Perrineau - De quoi sera faite l’Assemblée nationale de demain ?

La séquence électorale ininterrompue qui s’est ouverte il y a presque un an va bientôt se clôturer. 

La majorité présidentielle qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir devrait se prolonger par une majorité législative confortable que laissent prévoir toutes les enquêtes d’intentions de vote législatives.

La vague de renouveau politique qui a secoué les organisations partisanes, puis la présidentielle et le gouvernement se poursuivra par un renouvellement profond du personnel parlementaire. 

La loi sur le non-cumul des mandats, la lassitude de nombre d’élus vis-à-vis de l’action parlementaire mais aussi la volonté des électeurs de pousser la logique du renouveau jusqu’au bout, contribuent à ce vent de de « dégagisme » politique qui va amener nombre de femmes et d’hommes nouveaux au Palais Bourbon.

Qui seront ces nouveaux entrants dans la carrière parlementaire ? Une étude extrêmement intéressante menée par Luc Rouban au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) permet dès aujourd’hui d’y voir plus clair[1]

Sur les 529 candidats officiels de LREM, on constate d’évidents éléments de renouvellement démographique et politique. La parité entre hommes et femmes est totale (267 femmes contre 262 hommes), l’âge moyen est en dessous de la cinquantaine (47 ans) et 40% des candidats sont à peu près vierges de tout passé politique.

Cependant, cette étude fait découvrir que la majorité de ces candidats n’est pas totalement novice en matière politique : 33% viennent de la gauche, 15% sont issus de la droite et 12% du Modem. Plus de 40% des candidats ont exercé ou exercent des mandats locaux. Comme on peut s’en rendre compte, si le renouveau par la « société civile » est réel, il rencontre tout de même quelques limites qui montrent que La République En Marche n’est pas tout à fait une « génération politique spontanée ». 

Enfin, si le renouvellement du personnel politique par l’arrivée de nombreux responsables du secteur privé et du monde de l’entreprise est évident (les professionnels du privé représentent 60% des candidats), le recrutement social et culturel des nouveaux entrants reste étroit. 69% des candidats viennent des classes supérieures, 23% des classes moyennes et 8% des couches populaires.

En cela, le recrutement des élites politiques du « macronisme » accentue les caractéristiques sociales de son électorat. Une bourgeoisie « moderniste, diplômée, libérale sur le plan culturel comme sur le plan économique » est en train d’accéder au pouvoir parlementaire et sera l’acteur essentiel du travail législatif et de la mission de contrôle du gouvernement qui sont impartis à l’Assemblée nationale, conclut Luc Rouban.

Puisse les futurs députés ne pas oublier les termes de l’article 3 de la Constitution : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. »

[1] Luc Rouban, Le profil des candidats investis par La République En Marche : un renouveau limité, L’Enquête électorale française : Comprendre 2017, SciencesPo Cevipof,  La Note #39, vague 15, https://www.enef.fr/les-notes/