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Nicolas Hazard : "Paris sera la première ville à organiser des jeux inclusifs et solidaires"

Quelques jours après l'attribution des Jeux Olympiques 2024 à Paris, Nicolas Hazard, ambassadeur de la candidature et ancien élève de Sciences Po (promo 2006), raconte à Émile son rôle dans la création de ces jeux « made for sharing » et son désir d'utiliser cette plateforme internationale comme une vitrine de la nouvelle économie, inclusive et pro-environnementale.

Crédits : REUTERS/Benoit Tessie

Comment a débuté l’aventure des JO pour vous ?

J’ai rejoint l’équipe pour la candidature des Jeux Olympiques 2024 car, après trois échecs successifs, il y a eu une volonté de changer les méthodes et les pratiques, en impliquant un peu moins les politiques et davantage les athlètes et les acteurs de la société civile. Dans ce cadre-là, le Conseil stratégique de la ville de Paris, que je dirige, a été sollicité pour essayer de formuler des propositions et des idées innovantes de la société civile qui créerait la différence pour la candidature.

Vous êtes souvent qualifié « d’entrepreneur social », en quoi cela a-t-il influencé votre contribution à la candidature de Paris 2024 ?

Très vite, a émergé l’idée que la candidature de Paris serait, certes sportive et technique, mais qu’elle devait aussi servir de plateforme pour promouvoir un monde nouveau, un nouveau paradigme à la fois social, sociétal et économique. Il fallait donc que cette candidature soit axée sur les enjeux de développement durable et sur l'inclusion sociale pour que les Jeux puissent profiter au plus grand nombre. Elle se devait aussi de rester une référence en termes de développement durable avec une politique zéro déchets, une politique de bâtiments éco-conçus, une politique d’énergie 100% renouvelable... Les JO sont un événement que le monde entier regarde, ils se doivent donc d’être à la hauteur des enjeux de leur temps. Je pense qu’à partir de Paris 2024, on ne pourra plus faire les JO comme on les faisait avant et qu’il faudra sûrement réinventer le modèle. C’est ce que nous nous évertuons à faire.

Comment Paris s’est-elle distinguée face aux autres villes candidates ?

Ce qui a fait la différence, tout d’abord, est un très bon dossier technique, élément clé par rapport aux candidatures d’autres villes. Mais aussi le fait d’avoir une date symbolique, le centenaire, puisque Paris avait accueilli les Jeux en 1924. Enfin, nous avons constitué un véritable projet de société, au-delà d’un simple projet sportif. Et pour le concevoir, nous avons été tous unis : société civile, athlètes, entrepreneurs, politiques de droite comme de gauche… Je pense que c’est vraiment cela qui a fait pencher la balance.

Avez-vous eu des moments ou des événements difficiles à gérer au cours de la candidature ?

Il y a eu beaucoup d’incertitudes et de grands moments de tension, notamment parce que la candidature de Los Angeles était extrêmement forte, avec des moyens financiers bien au-delà de ceux de Paris… Mais nous avons réussi à toujours rester unis, y compris quand nous avons connu un changement de Président.

Allez-vous désormais vous impliquer dans l’organisation des JO ?

Plus que jamais ! Ce qui m’intéresse, surtout, c’est d’accompagner les startups, les acteurs de la société civile et les entreprises d’Ile-de-France afin de les aider à être prêts pour ce grand rendez-vous. Les enjeux et les opportunités économiques sont énormes : 250 000 emplois pourront être créés et, au niveau des retombées économiques, on prévoit 10 milliards d’euros de recettes pour la collectivité. J’ai donc envie d’être présent aux côtés de la nouvelle génération d'entrepreneurs pour qu’ils puissent mettre en avant leurs savoir-faire et montrer que Paris et l'Ile-de-France sont des territoires extrêmement attractifs, dynamiques et qui créent de l’emploi. 

Propos recueillis par Maïna Marjany (promo 14)


Nicolas Hazard est un entrepreneur social français. Ce diplômé de Sciences Po et de HEC a créé et dirige INCO, premier consortium mondial d'une nouvelle économie, inclusive et durable. A travers une action dans plus de 20 pays, et autour de quatre types d'activités - la finance, l'incubation (plus de 500 startups accompagnées), la formation et les médias -, INCO cherche à offrir des opportunités économiques pour tous. Nicolas Hazard a également créé Calso Inco, entreprise sociale basée en Californie et au Texas. 

Nicolas Hazard organise par ailleurs chaque année l’événement Impact², le « Davos » de l’entrepreneuriat social, qui réunit près de 1500 décideurs économiques et politiques, venus de 50 pays à l’Hôtel de Ville de Paris. Il est par ailleurs Président du Conseil stratégique de la Ville de Paris.

Il est l’auteur de Capitalism for all, 20 enterprises that change the world (Edit the World, 2013), de L'entreprise du XXIeme siècle sera sociale ou ne sera pas (Rue de l'Echiquier, 2012) et de La ruée des Licornes – Start-up, une révolution mondiale (Lemieux éditeur, 2017).