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Remaniement : trois Sciences Po nommés au gouvernement

Parmi les nouvelles têtes du remaniement ministériel, annoncé mardi dernier, trois sont des anciens de Sciences Po Paris : Gabriel Attal, Emmanuelle Wargon et Marc Fesneau. Émile retrace leur parcours professionnel et politique.

Par Julia Laureau, Lucile Pascanet et Anaïs Richard

Gabriel Attal — Secrétaire d’État en charge de la jeunesse (Éducation nationale)

Gabriel Attal (crédit : Antoine Lamielle/CC)

À tout juste 29 ans, Gabriel Attal, député LREM des Hauts-de-Seine, devient le plus jeune membre d'un gouvernement sous la Ve République. Cet ancien de la rue Saint-Guillaume a été nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la jeunesse.

Né à Clamart en 1989, Gabriel Attal est diplômé du master Affaires Publiques de Sciences Po en 2013. S’il rejoint le Parti socialiste en 2006, sa carrière politique débute véritablement en 2012. Après un stage à l’Assemblée nationale auprès de Marisol Touraine, il entre au cabinet de la ministre de la Santé où il travaille comme conseiller chargé des relations avec le Parlement. Il devient ensuite l’un des quatre conseillers municipaux PS de Vanves lors des élections de 2014, et prend la tête de l’opposition après la démission de la tête de liste socialiste.

Déçu par le « dogmatisme » de certains élus PS opposés à la Loi Macron, le jeune homme fait finalement le choix d’adhérer à En Marche ! et de soutenir Emmanuel Macron dans sa campagne présidentielle.

En juin 2017, il est élu député LREM des Hauts-de-Seine, et se fait très vite remarquer pour « son sens politique et son aisance à l’oral », comme le rapporte Le Monde dans un portrait consacré au jeune homme. Rapporteur du projet de loi pour l’orientation et la réussite des étudiants, responsable LREM de la commission des affaires culturelles, candidat à l’élection pour la présidence du groupe LREM à l’Assemblée, Gabriel Attal a « très vite crevé l’écran en défendant l’action d’Emmanuel Macron avec un aplomb et une facilité déconcertants pour son jeune âge », explique le quotidien.

Après l’annonce de sa nomination, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, s’est fendu d’un tweet au ton chaleureux : « Très heureux de travailler, dans le gouvernement nouvellement constitué, avec Gabriel Attal dont je connais les très grandes qualités. »


Emmanuelle Wargon — Secrétaire d’État à l’Écologie

Emmanuelle Wargon (crédit : gouvernement)

À 47 ans, Emmanuelle Wargon fait son retour en politique en tant que secrétaire d’État à l’Écologie, succédant à Sébastien Lecornu. Une nomination controversée pour cette énarque récemment en poste chez Danone, l’un des plus gros groupes agroalimentaires mondiaux.

Originaire des Hauts-de-Seine où elle naît en 1971, cette diplômée de Sciences Po (promo 94) et d’HEC poursuit le destin politique familial. Fille unique de l’économiste Lionel Stoléru, secrétaire d’État sous Giscard d’Estaing puis Mitterrand, et de Francine Wolff, énarque et administratrice de la ville de Paris, Emmanuelle Wargon s’oriente vers le secteur public. Après avoir étudié à l’ENA, où elle était la camarade de promotion d’Édouard Philippe, elle débute sa carrière en faisant ses armes comme auditrice à la Cour des comptes, en 1997.

En 2001, elle devient conseillère du ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner. Elle dirige ensuite le cabinet de Martin Hirsch au Haut-Commissariat aux solidarités actives de 2007 à 2010, sous le gouvernement Fillon. Jonglant habilement entre les gouvernements successifs, elle solidifie peu à peu son bagage dans la haute administration. Durant le quinquennat de François Hollande, elle devient déléguée générale à l'emploi et la formation professionnelle au ministère du Travail, pilotant notamment la réforme de la formation professionnelle.

Virage en 2015 : la haute fonctionnaire abandonne le public pour le privé, en prenant la tête de la direction de la communication et des affaires publiques de Danone. Elle répond cependant à l’appel d’Édouard Philippe trois ans plus tard, pour rejoindre le ministère de la Transition écologique et solidaire. Elle se voit notamment confier les dossiers sensibles de la fermeture de la centrale de Fessenheim et de la gestion des déchets radioactifs du site de Bure.

Dotée d’une expérience dans l’écologie assez restreinte, Emmanuelle Wargon reste fidèle à sa réputation de pugnacité et s’est déjà mise au travail, affirmant au Figaro qu’elle sera, dès jeudi, sur le terrain aux côtés de François de Rugy « pour dialoguer avec les élus du territoire des centrales à charbon ».


Marc Fesneau — Ministre chargé des relations avec le Parlement

Marc Fesneau (crédit : Eleonore Leprettre)

Marc Fesneau, élu MoDem, a remplacé Christophe Castaner, lui-même nommé ministre de l’Intérieur lors du remaniement.

Né et élevé à Paris par une mère professeure et un père dans l’agriculture, il choisit d’étudier les sciences de la vie et de la nature. Très attaché à la ruralité, cet amateur de chasse, défenseur des territoires et de la décentralisation, choisit de quitter la capitale pour s’installer à Marchenoir, un village de 650 âmes dans le Loir-et-Cher, d’où sa famille est originaire.

En 1997, après cinq ans à la Chambre d’Agriculture du département, il croise la route de celle qui deviendra son mentor : Jacqueline Gourault, alors présidente de l’UDF départementale. Lorsqu’elle est élue sénatrice en 2001, Marc Fesneau devient son assistant. Il reprend alors ses études et sort diplômé de Sciences Po en 2003. Trois ans plus tard, il devient conseiller régional et en 2008, il est élu maire de Marchenoir.

En 2010, c’est lui qui mène la liste du MoDem aux élections régionales et est élu secrétaire général du parti dans la foulée. Il le reste huit ans, jusqu’aux législatives de 2017. Devenu député et Président du groupe MoDem à l’Assemblée, ce proche de François Bayrou et Marielle de Sarnez, est un homme qui rassemble ; pour preuve, candidat du MoDem à la présidence de l’Assemblée en septembre, il crée la surprise et récolte 86 voix, bien plus que les 46 du MoDem.

Devenu un des piliers de la majorité, apprécié des membres de son groupe et de ceux de LREM, il était pressenti à l’Agriculture, mais ce sont finalement ses qualités de médiateur et de « facilitateur » – louées notamment par Gilles Legendre, actuel président LREM à l’Assemblée – qui le mènent aux Relations avec le Parlement.