Émile Magazine

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Les livres politiques du mois de septembre

De retour après l’été, la rédaction d'Émile vous propose une sélection de livres, qui abordent des questions politiques sous différents angles. Ce mois-ci, nous vous présentons quatre ouvrages. Un essai engagé en faveur d’une droite qui résiste à la tentation populiste. Deux livres historiques : l’un qui retrace les trahisons de la Ve République, l’autre qui revient sur la vie et l’héritage de René Rémond. Un manifeste féministe, qui aborde l’égalité femmes-hommes de manière ludique et accessible.

La tentation populiste, où va la droite ?

Maël de Calan, 37 ans, a été le plus jeune candidat à la présidence du mouvement Les Républicains lors de l’élection de 2017. Face à Laurent Wauquiez et  à six autres candidats, il a récolté près de 10% des suffrages.  Élu du Finistère, juppéiste convaincu, il est aujourd’hui vice-président du mouvement Libres ! de Valérie Pécresse. S’opposant à la ligne de Laurent Wauquiez qu’il juge trop fermée et démagogue,  c’est une droite « constructive, ouverte, modérée » qu’il entend défendre.

Dans son essai La tentation populiste, Où va la droite ?, Maël de Calan analyse les causes et les dangers du populisme qui selon lui, menace sa famille politique. Il l’a conçu comme « un petit manuel de combat pour convaincre la droite de résister tout en défendant fièrement ses idées ».

Il y tacle la ligne de Laurent Wauquiez, selon lui irréconciliable et fondamentalement différente de sa vision de sa famille politique. Rongée par la démagogie et le populisme, qu’il décrit comme « une maladie de la démocratie »,  la droite en mauvaise posture fait face à un nouveau défi d’unité et de reconstruction. L’auteur offre dans cet essai son antidote à l’auto-démolition de la droite par la tentation démagogue, se désignant comme le leader de la nouvelle génération.

Loin d’être un novice en matière de critique du populisme, Maël de Calan est l’auteur de La vérité sur le programme du front national, un ouvrage critique, démontant point par point le programme du FN.

La tentation populiste, où va la droite ? Maël de Calan (promo 2003), Les Éditions de l’observatoire, 150 pages, 14 euros.

La République des Traîtres

La République des Traîtres est un livre écrit conjointement par les plus grands noms du journalisme politique sous la houlette de Jean Garrigues, historien spécialiste de la vie politique française. On y apprend que la conquête de l’Elysée ne se fait pas sans cadavres et que se lancer dans la course au pouvoir signifie entrer dans la « cage aux fauves »... Les auteurs nous dévoilent les coulisses de l’accession aux plus hautes sphères de l’Etat, où tous les coups sont permis, en nous proposant une histoire de la trahison. En dix chapitres, on découvre tous les coups de poignard des différentes présidences, à travers des exemples, souvent féroces et parfois dramatiques.

« Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis ». Selon Jean Garrigues et ses co-auteurs, l’adage populaire se vérifie sous la Ve République. Il s’avère même que dans la sphère politique, la propension à la trahison est proportionnelle à la proximité avec le pouvoir : autrement dit, plus on s’en rapproche, plus on est amené à trahir. Cet ouvrage nous dévoile un monde où tous les coups sont permis et où chaque traître peut à tout moment se faire poignarder à son tour par celui qu’il pensait son allié. Qu’il s’agisse d’éliminer un rival, de se débarrasser d’une compagne ou d’un camarade devenus trop encombrants, de tuer un père indésirable ou de laisser tomber un gouvernement, les exemples ne manquent pas : Georges Pompidou trahit Charles de Gaulle, Jacques Chirac trahit Valéry Giscard d’Estaing, Édouard Balladur trahit Jacques Chirac, Ségolène Royal trahit François Hollande, Marine Le Pen trahit son propre père… La Vème République induirait-elle une trahison obligatoire pour monter les échelons ?

La République des Traîtres, Jean Garrigues, Éditions Taillandier, 320 pages, 18.90 euros.

René Rémond, une traversée du XXe siècle

En 2007, l’une des figures emblématiques de Sciences Po quittait ce monde, après une traversée presque complète du XXe siècle. Charles Mercier est le premier à proposer une biographie du célèbre « historien du présent »,  publiée à l’occasion du centenaire de sa naissance. Évitant avec brio une narration linéaire, il nous présente le personnage René Rémond en action sur les différentes toiles de fond qu’il traversa durant sa vie. Sans romancer ou ternir la vie de l’illustre professeur, Charles Mercier s’applique à restituer le sens de son existence et les étapes clefs qui ont fait la figure René Rémond.

L’histoire débute à Lons-le-Saunier, où l’on assiste à la naissance du jeune Rémond, dans une famille modeste, qui se prive pour qu’il rende justice à son intelligence. Diplômé de l’École Normale, on le suit ensuite à son entrée à Sciences Po en 1947. Professeur, directeur d’études et de recherches, puis Président, il en fera son fief et restera irrévocablement lié à l’institution. On redécouvre ici le chercheur passionné et déterminé, l’historien à contre-courant des tendances, travaillant sur des sujets et des périodes très contemporaines. On retrouve ensuite la figure de l’académicien expert, reconnu et sollicité par la République dans la résolution de ses dossiers les plus sensibles. On rencontre enfin et surtout l’intellectuel chrétien, engagé depuis ses 14 ans, des JEC (Jeunesses Étudiantes Chrétiennes) au groupe de personnalités catholiques Paroles jusqu’à la fin de sa vie. Il se fit toujours le chantre d’un catholicisme d’ouverture, fervent défenseur d’une laïcité ouverte et multiple, mais finit tout de même par s’inquiéter d’un anticléricalisme en expansion.

Comme il l’écrit en introduction, l’auteur rend hommage à celui qui ramena l’histoire au présent, en traitant le très contemporain sous un nouvel angle, et qui, de ce fait, révolutionna sa discipline. Charles Mercier, jeune historien dont la thèse retraçait déjà l’histoire de René Rémond, voit dans son ouvrage une perpétuation de l’œuvre de celui qu’il admire : les traces laissées par le professeur et l’historien influent sur le présent. Le parcours, les choix et l’action de l’homme résonnent encore dans les institutions françaises.

René Rémond, une traversée du XXe siècle, Charles Mercier, Éditions Salvator, 416 pages, 22 euros.

Beyoncé est-elle féministe ? Et autres questions pour comprendre le féminisme

Raphaëlle Rémy-Leleu et Margaux Collet développent dans ce livre une véritable réflexion sur la place et le droit des femmes dans la société, de la politique au travail, en passant par le sport et la mode. Cet ouvrage, manifeste de l’organisation Osez le Féminisme !, entend combattre les problèmes de la jeunesse actuelle, comme l’éducation à la sexualité ou le harcèlement de rue, pour aider les jeunes et moins jeunes à réagir face aux difficultés qu’elles et ils seront amenés à traverser.

À travers des questions comme « Que faire si j’ai été harcélé.e en ligne ? » ou «  Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de femme Présidente de la République en France ? », les auteurs s’attèlent à démystifier et à éduquer. Elles répondent à dix questions simples et ludiques autour de l’égalité entre les hommes et les femmes, témoignant de leur vision d’un féminisme engagé et sans injonction pour quiconque. Raphaëlle Rémy-Leleu et Margaux Collet se sont appuyées sur les expériences conjointes de féministes et d’associations d’hier et d’aujourd’hui pour proposer une réponse aux enjeux de la condition féminine actuelle.

Beyoncé est-elle féministe ? Et autres questions pour comprendre le féminisme, Raphaëlle Rémy-Leleu (promo 2015) & Margaux Collet, First Éditions, 192 pages, 14.95 euros.