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Nicolas Lerner : "La DGSI a un rôle de chef de file des services de la lutte antiterroriste"

Diplômé de Sciences Po en 1999, Nicolas Lerner a été nommé directeur général de la Sécurité intérieure en octobre 2018. Peu bavard dans les médias, il a accepté d’ouvrir les portes de son bureau à Émile pour nous expliquer le fonctionnement des services de renseignement intérieur français et nous parler des enjeux auxquels ils doivent faire face : terrorisme, espionnage économique, ingérence, brigadisme ou encore prolifération d’armes.

Propos recueillis par Maïna Marjany et Sandra Elouarghi

Nicolas Lerner. Crédit photo : DGSI

Comment devient-on patron de la DGSI à 40 ans ? Cette volonté de travailler dans le renseignement était-elle déjà présente lors de vos études à Sciences Po ?

Quarante ans, cela peut paraître jeune, mais ma nomination à la DGSI intervient après 15 ans d’expérience au ministère de l’Intérieur. Je suis entré à Sciences Po avec l’objectif de faire une carrière dans le service public, de servir l’État. Quand j’ai intégré l’ENA, j’avais le même objectif, avec cependant l’envie plus précise de rejoindre le corps préfectoral. Être sous-préfet ou préfet, c’est, ensuite, accepter de servir là où l’administration estime que vous êtes le plus utile. Votre carrière est alors faite de propositions et d’opportunités. En 2008, il m’a ainsi été proposé de travailler à la préfecture de police, une maison où je suis resté six ans, avant d’être affecté, en 2014, sur un territoire fortement concerné par les enjeux de sécurité, à Béziers, puis d’aller diriger l’action des services de sécurité en Corse, pendant près de deux ans. Je me suis donc progressivement spécialisé sur les questions de sécurité, ce qui m’a conduit au cabinet du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, puis à la DGSI.

Pouvez-vous nous rappeler les grandes missions de la DGSI ?

La DGSI, qui est en tant que telle une direction assez récente puisqu’elle vient de fêter ses cinq années d’existence, exerce cinq missions principales. La première, celle que tout le monde connaît : assurer la protection du territoire national contre toutes les formes de terrorisme. Depuis l’été 2018, la DGSI s’est vu reconnaître le rôle de chef de file de l’ensemble des services de police et de renseignement en matière de lutte antiterroriste. La deuxième mission est le contre-espionnage et la contre-ingérence sur notre territoire. Nous sommes également compétents pour lutter contre les groupes ou individus radicaux lorsqu’ils s’inscrivent dans des logiques de terrorisme ou de brigadisme et sont susceptibles de se livrer à des actes violents sur le territoire national. La quatrième série de missions est la protection des intérêts scientifiques, économiques et industriels français. Enfin, la DGSI contribue également à la lutte contre la prolifération d’armes, le territoire national étant un lieu de transit ou de fabrication d’éléments susceptibles d’entrer ensuite dans la composition d’armes à destruction massive.

Et quelle est votre feuille de route à la tête de la DGSI ?

La priorité du Président de la République, du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, c’est évidemment la protection des Français contre le terrorisme, dans toutes ses formes. Il s’agit donc du point cardinal de ma feuille de route, à un moment où les menaces contre notre territoire restent à un niveau très élevé : 27 attentats ont été déjoués sur la période 2017-2018, et deux l’ont encore été depuis le début de cette année. La situation sur zone en Syrie et en Irak reste extrêmement instable, ce qui est facteur de risques, à la fois par la menace projetée qu’elle peut engendrer, mais aussi au regard de la propagande que ces groupes terroristes continuent d’alimenter malgré les défaites militaires territoriales. La menace est également endogène : elle émane d’individus qui sont nés et ont grandi sur le territoire national, et qui sont susceptibles de porter un projet terroriste. En la matière, ma feuille de route est de garantir que tout est mis en œuvre pour prévenir la commission de tels actes. En tant que chef de file des services de la lutte anti-terroriste, la DGSI doit veiller à la coordination opérationnelle entre l’ensemble des partenaires et garantir aux autorités qu’en matière de lutte anti-terroriste, le partage et le décloisonnement sont la règle. Une série d’organes et d’instances ont ainsi été récemment mises en place pour permettre le partage des informations en temps réel entre tous les services impliqués. Le pilotage opérationnel du dispositif par la DGSI s’inscrit dans un dispositif stratégique global, animé par le coordonnateur national du renseignement, avec qui les échanges sont permanents.

Compte tenu du contexte terroriste, la DGSI s’est déjà vu octroyer des renforts et des moyens supplémentaires importants, avec plus de 1 000 recrutements déjà effectifs en cinq ans. Dans le cadre du plan de renforts décidé par l’actuel gouvernement, de nouveaux recrutements sont encore attendus : 1 900 nouveaux postes sont en cours de création pour l’ensemble des services de renseignement, dont une partie significative pour la DGSI. Cela constitue un enjeu RH extrêmement important, avec comme objectif de recruter les personnes présentant les profils les plus adaptés aux différents types de menaces auxquels nous sommes confrontés. La croissance de la DGSI nous impose de relever plusieurs défis à la fois dans nos techniques de recrutement, que nous sommes en train de moderniser, mais aussi dans nos capacités à attirer des profils aux compétences rares. Outre l’étape du recrutement, il faut parvenir à fidéliser nos personnels sur le temps long et leur offrir des perspectives de carrière sans cesse plus stimulantes.

Toutes ces missions s’exercent dans un contexte technologique en pleine mutation, la transformation « cyber » de notre société nous offrant de nouvelles potentialités d’action, mais nous exposant également à de nouvelles vulnérabilités dont tentent de tirer profit nos adversaires. 

Nicolas Lerner. Crédit photo : DGSI

Justement, sur le terrain « cyber », comment faire face à des pays comme la Chine ou la Russie qui ont d’énormes moyens dans ce domaine ?

D’abord, les services de renseignement et l’ANSSI se sont réorganisés pour partager quotidiennement notre analyse de cette menace. Nous entretenons à ce titre, comme au titre des autres missions de la DGSI, une collaboration particulièrement étroite, confiante et fructueuse avec notre principal partenaire, la DGSE. Sur le terrain « cyber », comme dans les autres domaines susceptibles de donner lieu à une ingérence étrangère, une fois l’information partagée, il faut définir des postures de riposte coordonnées – et l’autorité politique est aujourd’hui particulièrement sensible et attentive à apporter une réponse à toutes les ingérences étrangères. Cela a été le cas, par exemple, à la suite de l’affaire Skripal, qui a témoigné de la capacité des États européens à se coordonner de manière rapide et efficace. Il en va de même dans la réponse, toujours coordonnée, que les services apportent à toutes les formes d’ingérence économique, ingérence que nous nous attachons à caractériser, à signaler puis à contrer, notamment par une sensibilisation accrue des acteurs économiques français.

Sensibiliser, c’est par exemple demander à chacun de faire attention à ses mails, à la sécurité de ses communications  ?

Dans le cadre de nos actions de sensibilisation, nous délivrons en effet des conseils comportementaux, car les systèmes de communication constituent une vulnérabilité potentielle qu’il faut prendre en compte dans notre usage quotidien. La DGSI conduit chaque année plus de 1 300 conférences de sensibilisation auprès des organismes publics, parapublics et des entreprises. Mais au-delà de ces conseils pratiques, nous conduisons une action plus discrète d’appui, d’accompagnement et de mise en garde auprès des entreprises. Dans une économie de marché comme la nôtre, il est tout à fait logique et nécessaire que notre tissu économique soit ouvert et en relation avec des investisseurs étrangers. Mais l’échange n’empêche pas la vigilance. Le rôle d’un service de renseignement est, ainsi, d’appeler l’attention des acteurs, notamment économiques, sur une série de comportements qui peuvent être soit illégaux (vol de données, espionnage, etc.) soit déloyaux. Car la déloyauté ne se voit pas forcément de prime abord… Riches de notre expérience, nous sommes aujourd’hui capables de mettre en garde un chef d’entreprise sur les conséquences que telle ou telle décision pourrait avoir sur son activité à moyen ou long terme, afin que son choix soit le plus éclairé possible.

Concrètement, comment ça se passe, les chefs d’entreprise font appel à la DGSI ou c’est elle qui détecte les situations délicates  ?

Les deux situations sont possibles. Le contact peut intervenir soit à l’initiative du chef d’entreprise, soit des agents de la direction centrale ou de notre réseau territorial  – nous avons, dans chaque département, des référents formés et spécialisés qui ont pour mission d’apporter assistance et conseils aux chefs d’entreprise.

Autre enjeu majeur que la DGSI doit gérer, le terrorisme. Très souvent, lorsqu’une attaque terroriste est commise par un fiché S, cela relance la polémique sur l’efficacité de ce système. Qu’en est-il vraiment ? Manquez-vous de moyens pour surveiller l’ensemble des personnes suspectes ?

Les moyens des services, tant humains que techniques, ont été considérablement renforcés ces dernières années. Quant au sujet des fiches S, je pense qu’il est aujourd’hui de mieux en mieux compris. Une fiche S est un outil de suivi pour un individu dont on pense qu’il est susceptible, par son comportement, de troubler l’ordre public. La finalité de la fiche S est de recueillir du renseignement, ce n’est en aucun cas un outil de mesure de la dangerosité. En revanche, un autre outil, le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), recense actuellement les plus de 10 000 individus directement susceptibles, de par leur radicalisation, de constituer un danger pour le territoire national.

Comme tous les services de renseignement étrangers, l’enjeu pour nous est d’identifier les profils sur lesquels nous devons concentrer nos moyens. Pour prioriser, il y a avant tout le savoir-faire policier, qui est absolument remarquable au sein des agents de la DGSI. Nous avons également développé le recours à des outils techniques et conduisons, avec les autres services, des travaux destinés à mieux comprendre les déterminants du passage à l’acte, pour pouvoir encore resserrer les mailles du filet sur les individus les plus dangereux.

Autre problématique d’actualité : le retour des djihadistes sur le sol français. Après les défaites territoriales de l’État islamique, est-ce que cela reste une source de menace  ?

La situation dans la zone syro-irakienne engendre deux risques principaux. D’abord, la perspective d’une dissémination ou du retour d’un certain nombre de combattants vers les États occidentaux demeure, en effet, une menace réelle. Si la capacité des différents groupes terroristes à concevoir et élaborer des attaques terroristes très complexes est aujourd’hui amoindrie grâce au travail de la coalition, nous restons extrêmement mobilisés pour détecter toute tentative de certains de regagner à nouveau l’Occident pour y commettre des actes terroristes. L’engagement des services intérieurs et extérieurs est total sur ce point.

De plus, si les défaites militaires de l’EI ont dissuadé les Français d’aller combattre à leurs côtés, et que de fait les velléités de départ sur zone sont beaucoup moins nombreuses, la capacité de propagande de l’EI reste importante et trouve toujours un écho significatif parmi des individus présents sur le territoire national. Très clairement, la défaite territoriale de l’EI ne signifie pas sa disparition.

« La défaite territoriale de l’EI ne signifie pas sa disparition. »

Concernant les retours, quelles sont les procédures mises en place  ?

D’abord, un certain nombre de ces combattants est déjà revenu sur le territoire : depuis 2012, 277 adultes sont rentrés après un séjour sur zone. Ils ont tous été pris en compte par la justice. Nous savons donc gérer les retours, nous avons un cadre juridique et des procédures judiciaires adaptés. D’ailleurs, la législation française est sans doute parmi les plus efficaces d’Europe dans le traitement de ces returnees, avec cette notion juridique très particulière qui est l’association de malfaiteurs en vue de commettre un acte terroriste. Ainsi, un individu parti ou ayant séjourné en Syrie qui revient sur le territoire national est poursuivi, non pas nécessairement au regard des faits précis qu’il a pu commettre, mais en raison de sa volonté de servir une idéologie terroriste en partant sur zone. Ensuite, les sortants de prison font systématiquement l’objet d’un suivi par un service de renseignement. Le législateur nous a récemment donné de nouveaux outils pour suivre ces individus, notamment les Micas (Mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance) créées par la loi d’octobre 2017 et qui permettent, notamment au moment de la sortie de prison, d’imposer des obligations administratives à ces individus.

Au-delà du suivi par les services de renseignement, ces retours constituent un enjeu sur le long terme…

La question du traitement à long terme de ces retours constitue en effet un enjeu pour notre société et sa capacité à traiter en profondeur le phénomène de la radicalisation religieuse. Mme si elle a un rôle important à jouer, la seule action de la DGSI n’y suffit pas. L’atteinte de cet objectif implique d’abord une action de l’administration pénitentiaire pour faire en sorte que le temps de détention soit mis à profit pour travailler sur la réinsertion, et beaucoup de choses ont déjà été faites dans ce domaine. Le problème doit également se traiter en amont, en prévenant la radicalisation des jeunes. Depuis deux ans a été formalisé un plan d’action ambitieux (PACTE) qui, sous l’autorité du Premier ministre, implique l’ensemble des ministres, à commencer par celui de l’Éducation nationale, mais également les élus, et notamment les maires.

Dans le débat public de ces dernières années, lorsque l’on parle de terrorisme, on pense immédiatement au terrorisme islamique. Cela concerne pourtant des courants idéologiques bien plus nombreux. Quels sont les autres groupes que vous surveillez étroitement  ?

Juridiquement, le terrorisme a une définition bien précise, prévue par le Code pénal. Et vous avez raison de le rappeler, notre pays est susceptible d’être confronté à d’autres formes d’action violente pouvant également revêtir la qualification de terroriste. Dans les années 1970-80, par exemple, l’ultra-gauche avait développé des logiques brigadistes, voire terroristes, en France et en Europe occidentale. Très récemment, la DGSI a déjoué des projets de nature terroriste émanant de l’ultra-droite. Des individus voulaient notamment s’en prendre à des hommes politiques ou à la communauté musulmane. Nous devons donc rester extrêmement attentifs à toutes ces formes de violences internes, qui n’ont pas de connotation religieuse, mais qui sont également susceptibles de revêtir une qualification terroriste. Le suivi de ces mouvances et aussi de certains groupes séparatistes – même si la problématique ne se pose plus dans les mêmes termes qu’il y a quelques années – continue donc à mobiliser nos moyens. Pour être clair, si les renforts dont nous avons bénéficié ces cinq dernières années sont évidemment venus renforcer la lutte contre le terrorisme d’origine sunnite, la DGSI n’a jamais baissé la garde sur le suivi de toutes les autres formes de menaces.

Que pensez-vous de la médiatisation des services de renseignement  ?

Les séries policières existent depuis longtemps et certaines sont extrêmement réalistes et de très grande qualité, comme Engrenages, par exemple, dont j’ai suivi toutes les saisons. Il est assez logique que cette tendance gagne aussi les services de renseignement, avec notamment Le Bureau des légendes, qui met à l’honneur la DGSE, notre principal partenaire. Je comprends tout à fait l’attrait du public pour nos métiers, qui sont parmi les plus passionnants qu’on puisse imaginer. En démocratie, la volonté de comprendre le fonctionnement des services qui ont la charge de protéger les Français me paraît saine et naturelle. On peut même s’en réjouir dans la mesure où l’engouement pour ces services nous permet de recruter de nouveaux profils. Néanmoins, il ne faut pas que l’opérationnel en pâtisse, que nos techniques de travail soient dévoilées. Tout est affaire d’équilibre. En tant que directeur général, je trouve normal de m’exprimer périodiquement pour rendre compte de la manière dont la DGSI fait son travail.


Comment se faire recruter à la DGSI 

Deux questions à Nicolas Lerner

 

Quels types de profils recrutez-vous ? Les diplômés de Sciences Po sont-ils l’une de vos cibles ?

À la DGSI, la majorité des agents sont des policiers issus des trois corps de la police nationale, et certains passent les concours de la police après avoir fait Sciences Po. Par ailleurs, la direction s’ouvre de plus en plus, en recrutant un nombre croissant de contractuels aux profils variés. Tout diplômé motivé par les services de renseignement doit se faire connaître. Le premier critère est l’envie de travailler pour l’État et pour un service de renseignement. Ensuite, nous axons bien évidemment les recrutements sur les profils dont nous avons besoin. Nous avons beaucoup de jeunes diplômés des IEP de Paris et de la province dans nos effectifs, à Paris en centrale, mais également de plus en plus au sein de nos services territoriaux. Les postes sur lesquels nous les recrutons sont essentiellement des fonctions d’analystes, ce qui conduit souvent rapidement à la prise de responsabilités très opérationnelles. La maîtrise d’une langue est un atout précieux, cela va de l’anglais ou de l’allemand à des langues dites « rares » comme l’arabe ou le chinois. On recrute aussi énormément de contractuels dans le domaine technique, qui sont au service de l’opérationnel. Nous avons de nombreux ingénieurs, des spécialistes en « cyber », mais aussi des profils très spécialisés, comme des pharmaciens ou des professeurs agrégés d’économie.

Comment rester attractif, notamment en termes de salaire, face aux acteurs privés ?

Pour un jeune diplômé avec peu d’expérience, nous proposons un niveau de salaire à l’embauche qui est comparable à celui du secteur privé. La question peut plutôt se poser après quelques années au sein de la maison, d’autant qu’il est clair qu’une expérience dans les services de renseignement est hautement valorisable sur le marché du recrutement… Nous travaillons donc sur deux sujets. Le premier est le salaire, et nos outils sont notamment en train d’être adaptés de manière à tenir compte du niveau de diplôme des candidats et de leur expérience, mais aussi prévenir la concurrence entre les services de renseignement. Le second est celui des possibilités d’évolution de carrière au sein de la DGSI. Quand vous êtes diplômé de Sciences Po ou d’une école de commerce ou d’ingénieur, vous aspirez logiquement à prendre des responsabilités au bout de cinq ou six ans. Or, la DGSI demeure principalement une maison policière, et doit le rester. Tout l’enjeu pour nous est de permettre aux contractuels d’évoluer et de prendre des responsabilités, y compris d’encadrement, tout en gardant notre ADN policier. La marge est étroite, mais nous travaillons d’arrache-pied pour offrir des parcours de carrière passionnants aux jeunes diplômés, et nous y parvenons.

De manière générale, je suis convaincu que, même à notre époque, la motivation financière ne fait pas tout. Ainsi, je suis surpris positivement par les décisions d’un certain nombre de cadres qui, après une première partie de carrière dans le privé, ont envie de se réorienter, de donner un nouveau sens à leur engagement professionnel, et viennent taper à notre porte, y compris parfois en acceptant une baisse de salaire. Croyez-moi, ils ne sont ensuite pas déçus d’avoir fait ce choix…