D'un mot - Amazon
Journaliste au mensuel Capital, Benoît Berthelot (promo 11) a enquêté pendant trois ans sur l’entreprise qui a bouleversé le commerce à l’échelle mondiale. Du patron milliardaire - qu’il a interpellé pendant son footing - aux ouvriers des entrepôts, il connaît tous les rouages de ce micro-État et les révèle dans Le monde selon Amazon (Cherche midi), paru en août dernier.
Amazon - Définition
1. Entreprise de commerce électronique nord-américaine basée à Seattle.
2. (En anglais) Fleuve d’Amérique du Sud au débit le plus puissant du monde ainsi que le plus aisément navigable.
(Source : Encyclopaedia Universalis)
Le fleuve le plus grand du monde pour symboliser le choix de produits le plus vaste sur terre. Il y a 25 ans, quand Jeff Bezos a cherché un nom pour sa bibliothèque en ligne, il a opté pour Amazon. Le cours d’eau impétueux et la forêt qu’il traverse devenaient synonymes, sur Internet, d’une abondance sans fin. Un flot infini de marchandises, à portée de clics. Après les livres, l’électronique, les vêtements, l’alimentaire et demain, les médicaments, on trouve sur Amazon quasiment tout ce qui se vend.
Mais plutôt que le e-commerce, c’est aujourd’hui sa branche dédiée au cloud qui lui rapporte le plus. Amazon Web Services, sa filiale mettant à disposition la puissance de ses serveurs informatiques, fournit aujourd’hui la SNCF, la Société Générale, Renault, Engie... et même Sciences Po, qui a noué un partenariat avec Amazon. Ce nuage-là fait pleuvoir des bénéfices fiscalement optimisés, tant et si bien qu’Amazon a dépassé les 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Son fondateur est, dans le même temps, devenu l’homme le plus riche de la planète.
En septembre dernier, alors que la forêt tropicale sud-américaine partait en fumée, des voix se sont élevées pour que le groupe de Jeff Bezos fasse un don afin d’aider à préserver l’écosystème en danger. Connu pour son sens aigu de la frugalité, principe qu’il prône auprès de ses 650 000 employés, le milliardaire n’a pas jugé le geste nécessaire. L’idée n’était pourtant pas mauvaise. Après tout, il a bien emprunté à l’Amazonie son nom, si évocateur, qui a contribué à son étourdissant succès.
Emprunté, vraiment ? En fait, le géant de Seattle se bat depuis des années pour conserver la propriété, sur Internet, du nom de domaine « .amazon ». Comme la France avec son « .fr », le colosse revendique la souveraineté sur cette extension numérique, ce que contestent depuis des années les huit États ayant l’Amazonie en partage, du Brésil au Pérou. Ces derniers ont été déboutés en mai dernier. Pour apaiser les tensions, l’entreprise avait offert aux gouvernements concernés l’équivalent de cinq millions de dollars en liseuses Kindle, et en crédits sur Amazon Web Services. Dans le monde d’Amazon, tout s’achète, et tout se paye.