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Covid-19 : Quelle gestion de crise au Canada ?

La semaine dernière, le Canada a passé la barre symbolique des 1000 cas confirmés de Covid-19. Fermeture des frontières, état d’urgence, horaires réservés aux seniors dans les pharmacies et les supermarchés… Quelles sont les mesures mises en oeuvre par le pays pour lutter contre la pandémie et ses conséquences sur l’économie ? Gaudérique Traub, responsable des communications de la section Canada de Sciences Po Alumni, a répondu aux questions d’Émile.

Avec la participation d’Elisabeth Richard, Félix de la Poterie-Sienicki, Elodie Bouneau et Arthur Macapagal

Rayons vides de papier toilette dans un supermarché de Halifax, Nova Scotia, au Canada, le 12 mars 2020, alors que l’épidémie de coronavirus progresse dans le pays. (Crédits : Indrid Cold/CC/WikimediaCommons)

Quelles ont été les premières mesures prises par les autorités canadiennes pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 ?

Au Canada, les provinces ont une large compétence en matière d’état d’urgence. La plupart les ont appliquées. Face à la propagation du Covid-19, le Premier ministre du Québec a été l’un des premiers à réagir en imposant la fermeture des garderies, des écoles, jusqu’aux universités, et en annulant tous les rassemblements dès le 13 mars. Plus complexes, les mesures concernant les transports - aériens, bateaux de croisière - et la fermeture partielle des frontières, responsabilité du gouvernement canadien, ont suivi, ainsi qu'un plan d’urgence pour l’assurance-chômage.

Quelle est la situation actuelle ?

Les chaînes alimentaires et les pharmacies ont instauré rapidement des heures réservées aux seniors et un contrôle de l'achalandage. Des files sont constantes devant les succursales de cannabis (légal au Canada) et d’alcool. L’état d’urgence a été déclaré dans la majorité des provinces. Les autorités fédérales ne se sont toujours pas prononcées en faveur d’un état d’urgence national, mais ne l’excluent pas – il s’agirait de la première invocation de cette loi depuis la Crise d’octobre 1970.   

D’une manière générale, est-ce que la population applique scrupuleusement les règles et restrictions mises en place ?

Les Canadiens sont en général disciplinés et respectueux des règles sans avoir à craindre la sanction. L’environnement s’y prête beaucoup : nous avons l’habitude d'être confinés l’hiver et nous avons la chance de bénéficier de beaucoup d’espace, à la différence de l’Europe ou de l’Asie avec leur densité de population plus élevées. Des mesures plus contraignantes commencent cependant à être appliquées, notamment à cause du non-respect de la distanciation sociale dans les parcs et sur les plages. 

Au quotidien, qu’est-ce que cela change pour vous ?

Dans la fonction publique à Ottawa, après le premier avis de télétravail, un nouvel avis demandait à organiser les réunions par téléphone plutôt que visioconférence afin d'économiser la bande passante. Un appel a été lancé aux employés qui le désirent pour être réaffectés aux opérations d’urgence. La coopération et l’entraide sont de mises.

Quelle est la situation médicale du Canada ?

En date du 21 mars, les hôpitaux ne sont pas surchargés. Cependant, la courbe de la progression du virus est lente mais suit la même courbe de progression qu'en Europe. Nous sommes 1 à 2 semaines derrière vous pour ce qui est de la propagation du virus. Nous espérons que les mesures de distanciation sociale nous aideront à la diminuer davantage. Nous profitons beaucoup de l’expérience des pays touchés avant nous. Et nous nous félicitons de notre système de santé accessible à tous, ce qui n’est pas le cas de nos voisins du Sud, les États-Unis. La fermeture de la frontière Canada / États-Unis entrée en vigueur est un soulagement pour plusieurs.