Émile Magazine

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Les livres politiques du mois d'octobre

Tous les mois, Émile vous propose de découvrir une sélection de livres abordant des questions politiques sous différents angles. Au sommaire de ce mois d’octobre, des ouvrages qui questionnent notre modèle économique, notre politique publique de santé ou encore le système éducatif français. Partez à la découverte de ces réflexions sur le « monde d’après ».

Voulons-nous (sérieusement) changer le monde ?

Repenser le monde et la finance au sortir de la crise du Covid, telle est la proposition de Bertrand Badré. Dans son dernier ouvrage, préfacé par le romancier et académicien Erik Orsenna, le banquier partage avec nous une réflexion nourrie par son expérience internationale de la situation financière globale. Nommé directeur de la Banque Mondiale en 2013, il est amené à manœuvrer la gestion de l’après-crise de 2008 et est le témoin de l’effondrement d’une ère financière, celle d’un capitalisme hors-sol, dicté par la seule recherche de profit des actionnaires.

Non seulement néfaste pour l’environnement, le modèle capitaliste courtermiste que condamne l’auteur est facteur d’inégalités dans de nombreux pays. Face aux nouveaux enjeux qui accompagnent la révolution numérique et l’émergence de contre-modèles, notamment du coté asiatique, Bertrand Badré nous propose d’opter pour un nouveau paradigme durable.  Il explique ainsi comment il est possible de tendre collectivement que nous soyons consommateur, entrepreneur ou financier , vers une économie plus sociale, humaniste et respectueuse de l’environnement. Il nous invite à sérieusement changer le monde.   

Voulons-nous (sérieusement) changer le monde, Editions Mame, 208 pages, 17,00€

L’auteur

Bertrand Badré (promo 1991), ancien directeur de la Banque mondiale, est actuellement le directeur financier de la Banque Lazard. Il est également le fondateur du fonds d’investissement responsable Blue like an Orange sustainable challenge.

Et alors ! La réforme globale de la santé c'est pour quand ?

Le XXIe siècle est un défi en termes de santé. La triple transition démographique, épidémiologique et technologique que nous vivons a entrainé la France et le monde dans une crise profonde et inédite. Car même si nous disposons des meilleures ressources médicales possibles, le système de santé tel qu’il est constitué reste inadapté à un environnement qui s'est radicalement transformé. Ce livre, qui est le fruit d’une réflexion collective de 18 mois, se présente comme une force de proposition pour la création de ce nouveau système de santé. Organisé autour de six axes – sociétal, santé publique, gouvernance, organisationnel, économique et technologique –, Et alors ! La réforme globale de la santé c'est pour quand ? fournit aux décideurs politiques, aux professionnels de santé et aux citoyens  les clés nécessaires pour un système de santé plus efficient et adapté à son temps. 

Et alors ! La réforme globale de la santé c'est pour quand ?, Frédéric Bizard, Editions Fauves, 334 pages, 22,00€  

L’auteur

Économiste, spécialiste des questions de protection sociale et de santé, Frédéric Bizard (promo 1993) enseigne l’économie à l’ESCP Europe et dans d'autres grandes écoles en France et à l'étranger. Il est président de l’Institut Santé destiné à la refondation du système de santé français. Il a reçu le Grand Prix BFM Business du meilleur livre d'économie de cette année pour l’ouvrage Et alors ! La réforme globale de la santé c'est pour quand ?

L’école peut-elle sauver la démocratie ?

Qu’est devenu le système scolaire depuis 1960 ? Qu’en est-il de l’école démocratique de masse, juste, égalitaire et génératrice de compétences ? Cet ouvrage nous livre un bilan nuancé du long processus de massification que l’école démocratique a connu. Si cette dernière avait initialement l’ambition d’inculquer les valeurs de notre démocratie et de réduire les inégalités  sociales, Francois Dubet et Marie Duru-Bellat expliquent comment l’école démocratique a manqué à ces objectifs. Pour principales causes, la massification de l’école et la multiplication des diplômes. L’esprit de compétition qui a suivi le phénomène de massification a engendré un fossé bien plus profond, clivant les meilleurs élèves des moins bons. 

Les deux universitaires démontrent comment cette mutation des inégalités scolaires influencent les opinions politiques et le rapport subjectif à la démocratie. De ce fait, les plus diplômés adhèrent aux valeurs démocratiques et libérales tandis que ceux qui le sont moins perdent confiance en la démocratie et joignent les forces populistes et autoritaires. Bien plus que d’être synonyme d’injustice, les inégalités scolaires sont une menace à la cohésion sociale, de mauvaises semences dans notre démocratie.  

L’école peut-elle sauver la démocratie ?, François Dubet et Marie Duru-Bellat, Editions Seuil, 240 pages 17,00€

Les auteurs

François Dubet est professeur émérite à l’Université de Bordeaux et directeur d’études à l’EHESS. Il a également publié en 2019 aux éditions Seuil Le Temps des passions tristes. Marie Duru-Bellat est  professeure émérite à Sciences Po et est l’auteur de l’ouvrage Le Mérite contre la Justice publié en 2019. 

La morale des sociologues

Bruno Cousin et Michèle Lamont ont décidé d’allier dans cet ouvrage morale et sentiments. Ainsi, de manière empirique, ils tentent de répondre à une série de questionnements qui caractérisent la société contemporaine.

Dans une approche empirique et non normative, ils évoquent diverses thématiques telles que la souffrance amoureuse ou les comportements et réactions des personnes victimes de racisme.

Outre cet aspect sociétal, d’autres sujets plus économiques sont également abordés. Les deux sociologues s’interrogent sur ce qu’est une économie morale, sur le rôle social des entreprises de moralisation du capitalisme ou encore sur la manière dont les émotions interviennent dans les procédures de recrutement des professions les plus qualifiées.

La morale des sociologues, Bruno Cousin et Michèle Lamont, PUF, 112 pages, 9,50€

Les auteurs

Bruno Cousin est sociologue, docteur de Sciences Po Paris et de l’Université de Milan-Bicocca, membre du Centre d'études européennes et de politique comparée. Michèle Lamont est professeure de sociologie et d'études africaines et afro-américaines à l'Université Harvard. Elle est titulaire de la chaire Robert I. Goldman en études européennes, et directrice du Weatherhead Center for international affairs.

Avoir 20 ans en 2020

Les défis qui se dressent à la « génération pandémie », cette même génération Z, sont pluriels et très éloignés des enjeux passés, créant une fracture profonde dans les valeurs et les façons de faire. Face à ce paradoxe générationnel, la famille remplit-elle encore son rôle protecteur ? Comment les actuels vingtenaires feront-ils face à la crise économique à venir ?

Les deux sociologues analysent le nouveau fossé des générations creusé par la pénétration du numérique dans nos plus simples interactions sociales, la globalisation et l’urgence climatique. Avoir 20 ans en 2020 est une enquête inédite réalisée auprès de centaines d’étudiants, une « radioscopie » de la jeunesse contemporaine et du monde dans lequel elle grandit.

Avoir 20 ans en 2020, Le fossé des générations, Claudine Attias-Donfut et Martine Segalen, Éditions Odile Jacob, 224 pages 21,90€

Les auteures

Claudine Attias-Donfut est sociologue et chercheure, spécialiste reconnue des relations entre générations. Martine Segalen (promo 60) est sociologue et anthropologue, elle enseigne à l’université Paris-Nanterre.

Elles sont également auteures de Grands-parents. La famille à travers les générations, et ont co-signé Le Nouvel Esprit de famille avec Nicole Lapierre.