Intégration en Méditerranée : solutions économiques et sociales
[En partenariat avec CMI]
Blanca Moreno-Dodson, directrice du Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI), et Sara Boughedir (promo 2011), spécialiste en gouvernance locale et développement urbain, ont joué les porte-paroles pour mieux cerner les problématiques liées à l’intégration des pays du pourtour méditerranéen et les actions à mener pour y parvenir.
Quelle est la mission du CMI ?
Bianca Moreno-Dodson : La première est de faciliter les échanges de connaissances entre les pays riverains de la Méditerranée et trouver des solutions de politiques publiques communes face à des défis communs. La seconde est de concrétiser ces solutions. Le CMI agit comme un incubateur de projets et aide à leur financement grâce aux partenariats qui peuvent émerger entre les pays membres et en collaboration avec des organismes comme l’AFD (Agence française de développement) ou encore le FCDO (Foreign, Commonwealth & Development Office).
En quoi l’intégration de l’espace méditerranéen est-il un enjeu majeur pour l’avenir ?
B. M.-D. : En aidant les pays du Sud, plus pauvres, à se développer plus rapidement et ceux du Nord à multiplier leurs projets, le CMI contribue à réduire les disparités croissantes existant entre les deux rives pour atteindre une convergence de niveau de vie. Avec pour conséquences majeures, la diminution des tensions sociales et politiques, le développement de synergies au profit d’une vision commune, une stabilité de la zone méditerranéenne, considérée comme stratégique de par sa situation. Des conséquences qui affecteront directement le reste du monde.
Sara Boughedir : En faisant front commun aux défis du pourtour méditerranéen, qu’il s’agisse de changement climatique, de migrations, d’accueil des réfugiés, et d’emploi des jeunes, les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile des différents pays peuvent mettre en place ensemble des solutions pour l’avenir.
Les moyens mis en œuvre ?
B. M.-D. : Nous venons justement de publier un rapport(1) qui analyse de façon très poussée la mise en œuvre de cette intégration entre pays du Nord et du Sud. Il permet d’identifier les obstacles dans le but d’accroître les flux de biens et services, en tenant compte des aspects sectoriels. L’accent est mis sur le capital humain y compris l’éducation, la mobilité, et l’accès au marché du travail régional, ainsi que l’environnement en faisant référence au manque d’eau, la sécurité alimentaire et autres défis environnementaux aggravés par le changement climatique.
S. B. : Par exemple travailler avec les municipalités pour améliorer leurs capacités à recevoir des réfugiés en générant des retombées économiques communes créant de l’emploi comme le circuit touristique mis en place conjointement par les villes de Madaba (Jordanie) et Ramallah (Palestine).
En quoi le cycle d’urbanisme proposé par Sciences Po constitue-t-il une valeur ajoutée pour cette intégration ?
S. B. : Cette formation aux métiers de la fabrique de la ville (aménagement, urbanisme, habitat, transport, promotion immobilière, droits du sol, etc.) que j’ai suivie aborde de façon très concrète les sujets techniques liés à l’essor urbain du pourtour méditerranéen – quand on sait notamment que plus de 60% de sa population habite en ville – et de ce fait permet de mieux appréhender les problématiques rencontrées par les autorités locales.
Quels sont les arguments pour inciter un jeune diplômé de Sciences Po à rejoindre le CMI ?
B. M.-D. : Le CMI lui permet d’appliquer ses connaissances et de se former sur le terrain dans un environnement où il va rencontrer des décideurs de politique économique, des représentants de la société civile, des organisations multilatérales telles que la Banque mondiale et tout un réseau de partenaires techniques, appuyé par de solides ressources techniques et financières.
S. B. : Ces huit ans passés à collaborer avec le CMI m’ont permis d’avoir accès à des experts de très haut niveau, des acteurs capables de changer la donne. Je traite de sujets qui, in fine, contribuent au bien public mondial, ce qui, pour ma part, est d’une immense satisfaction.
(1) Enhancing Mediterranean Integration (Renforcer l’intégration méditerranéenne) (2020), 260 pages.
Publi-reportage initialement publié dans la rubrique “Trajectoires” du numéro 21 d’Emile, paru en avril 2021.