Émile Magazine

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Les nouveaux pas de danse de Chaillot

[En partenariat avec Chaillot, Théâtre National de la Danse]

Développer un nouveau modèle, après 14 mois de fermeture, tel est l’enjeu de Chaillot. Le seul théâtre national dédié à la danse se trouve à un moment clé de son histoire. Entretien avec Reda Soufi (promo 89), administrateur général de Chaillot, sur le vaste chantier en cours et le rôle déterminant que les entreprises peuvent jouer dans l’amorce de ce nouveau souffle. 

Reda Soufi, administrateur général du Théâtre national de la Danse (Crédits : DR)


Les chiffres clés de Chaillot

  • 37 spectacles

  • 219 représentations

  • 131 000 spectateurs dont 25 % de moins de 26 ans

  • 326 197 utilisateurs uniques du site internet

  • 19 millions d'euros de budget dont 35 % financé par des ressources propres

  • 123 permanents


Penser Chaillot comme un lieu de rendez-vous, de réflexion et de promotion de la danse contemporaine, tel est l’enjeu ?

Je cite souvent en exemple cette phrase de Rachid Ouramdane, notre nouveau directeur qui vient de prendre ses fonctions : « Il ne s’agit plus seulement de venir à Chaillot voir des artistes, mais de voir ce que ces artistes ont fait de Chaillot ». Nous souhaitons évoluer dans notre modèle et nos liens avec la population, aller à sa rencontre bien sûr par le digital, mais aussi à partir de manifestations de plein air sur l’esplanade du Trocadéro. Les entreprises peuvent nous accompagner dans cette démarche.  

Quelles sont les pistes envisagées ?

Notre fonds de dotation, le Manège de Chaillot, regroupe des entreprises qui s’engagent sur plusieurs années pour soutenir nos activités, artistiques et culturelles, dans une démarche globale de développement et d’accompagnement du projet. De même, le nouveau cercle de Chaillot rassemble fondations et partenaires autour d’actions ciblées à destination des publics ou de soutiens aux artistes. Après l’opération « descente des marches » qui plaçait l’entreprise mécène en prise directe avec la création artistique, nous souhaitons aujourd’hui explorer une nouvelle « collection » interactive. Podcasts, plasticiens, débats... pourraient s’inviter dans ce grand chambardement. Par ailleurs, nous organisons le 18 octobre, dans le grand foyer – rebaptisé le foyer de la danse – quatre tables rondes où chorégraphes et interprètes débattront de problématiques allant de la création à la diffusion en passant par le statut de danseur. 

Le théâtre est l’objet d’un vaste chantier en cours. Comment allez-vous faire pour mener tout cela de front ?

Nous avons en effet amorcé une vaste rénovation du lieu qui s’étale en plusieurs volets. La première phase, qui a duré quatre ans, est terminée. Une partie des décors des espaces publics ainsi que la salle Gémier ont été restaurés, grâce aux financements publics et privés. La deuxième phase en cours de conception consiste à restructurer la salle Jean Vilar avec une inauguration prévue à l’automne 2025. Ces travaux s’inscrivent dans le plan de relance du gouvernement et notamment son programme de rénovation énergétique. Le mécénat de compétences sera également plébiscité pour terminer la rénovation des espaces classés du Théâtre et son grand foyer Art déco. Pendant cette période, nous allons extérioriser au maximum nos productions en partenariat avec d’autres scènes parisiennes et nationales, notamment dans le cadre de notre sélection en tant que site olympique Paris 2024.

Justement, venons-y. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Chaillot, de par sa programmation, s’inscrit pleinement dans ces « olympiades culturelles » en amont des JO. Plusieurs évènements en extérieur sur l’esplanade du Trocadéro et dans nos salles devraient être labellisés dès l’automne 2021, sous le thème « Art et Sport ». Par ailleurs, le foyer de la danse pourra servir dans le cadre d’un partenariat global à de multiples opérations de communication en lien avec le Comité des Jeux Olympiques. D’ici 2024, la place du Trocadéro jusqu’à la Tour Eiffel, pont d’Iéna compris, vont être entièrement végétalisés, et des projets de rénovation de la façade extérieure du palais existent. En attendant de s’adosser à la dame de fer pour devenir le premier site touristique de la capitale, la logistique de ce chantier pharaonique s’annonce périlleuse.

Que reste-il de votre formation à Sciences Po ?

Sciences Po m’a permis de multiplier les grilles de lecture pour une approche transdisciplinaire du monde et des enjeux contemporains.    

Publi-reportage initialement publié dans la rubrique “Trajectoires” du numéro 22 d’Émile, paru en juillet 2021.