Fondée en 1990 à Luxembourg, l’Association coopérative financière des fonctionnaires internationaux (AMFIE) propose depuis 30 ans des solutions financières aux salariés de la fonction publique et à leurs familles. Stratégiquement implantée à Luxembourg, l’AMFIE offre à ses sociétaires la stabilité et la sécurité garanties par le grand-duché à l’ensemble de ses opérations financières. Entretien avec son président, Stéphane Argyropoulos.

Pouvez-vous présenter l’AMFIE en quelques mots ?

L’AMFIE est le partenaire de confiance des fonctionnaires internationaux, par définition soumis à l’obligation de mobilité. Ils vivent dans différents pays – souvent pour des durées courtes – et restent éloignés des enjeux économiques, absorbés par leur mission et leur environnement. Notre objectif est de faciliter la vie de ceux qui aident les autres, en leur permettant d’optimiser leurs finances personnelles grâce à une offre adaptée (compte multidevises rémunéré, transferts et changes au meilleur coût), mais aussi grâce à des solutions ad hoc (préparation de la retraite, investissements…). En nous rejoignant, les fonctionnaires internationaux bénéficient de l’esprit coopératif qui nous caractérise depuis notre création : simplicité, confiance, transparence et proximité.

Pourquoi avoir choisi d’établir votre siège à Luxembourg ?

Luxembourg est le siège de nombreuses organisations internationales de l’Union européenne (plus d’une dizaine dont Eurostat, la BEI, le FEI, la CJUE et la Cour des comptes) et accueille plus de 1 000 fonctionnaires européens. Il s’agit part ailleurs d’une place financière mondiale qui nous permet d’agir stratégiquement à un niveau international. L’AMFIE compte plus de 7 500 sociétaires œuvrant dans 146 organisations intergouvernementales et présentes dans 132 pays.

Quelles garanties offre le grand-duché aux fonctionnaires qui choisissent l’AMFIE ?

Outre cette position économiquement et géographiquement stratégique, l’AMFIE bénéficie de tous les avantages d’une institution financière basée à Luxembourg. Notre coopérative est réglementée et supervisée par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et les encours, garantis par le Fonds de garantie des dépôts à Luxembourg (FGDL). Le grand-duché est la promesse d’une stabilité politique, économique et sociale.

Pourquoi les fonctionnaires internationaux ont-ils besoin d’une telle institution financière ?

Les organisations intergouvernementales offrent des opportunités passionnantes : une grande variété d’emplois, la possibilité de vivre partout dans le monde et une chance d’aider les autres. Mais les contraintes liées à la mobilité et à la nature des fonctions occupées peuvent aussi se révéler particulièrement difficiles sur le plan personnel. Gérer la vie de famille peut être complexe quand on doit voyager constamment. Vivre à l’étranger implique souvent d’effectuer des transactions en plusieurs devises et de transférer de l’argent dans le monde entier. Faire des opérations bancaires dans plusieurs pays à la fois peut être compliqué et coûteux.

Quels sont les nouveaux défis à relever ?  

La fonction publique internationale a beaucoup évolué et de nombreuses organisations intergouvernementales ont subi des coupes budgétaires au cours des dernières décennies. Dans un grand nombre d’institutions, nous constatons un recours croissant aux contrats à court terme, qui placent les employés dans des conditions parfois précaires. De nombreuses organisations intergouvernementales n’ont d’ailleurs pas de régime de retraite. Souvent, les consultants, dont le nombre ne cesse de croître au sein de ces institutions, n’y sont tout simplement pas admissibles. Face à ces défis, les fonctionnaires internationaux ont besoin d’une institution financière qui comprenne leurs besoins et puisse créer des produits et services spécialement conçus pour leur communauté.

Comment expliquez-vous le succès de votre développement à l’international ?

L’AMFIE a évolué pour répondre aux besoins bien spécifiques des fonctionnaires internationaux. Elle est gérée par une équipe de 20 salariés qui possèdent une solide expérience de travail avec ces fonctionnaires et comprennent leurs besoins. Les sociétaires bénéficient d’un compte en sept devises (EUR, USD, CAD, CHF, GBP, AUD et DKK) et peuvent transférer de l’argent dans le monde entier gratuitement (ou à prix coûtant, selon le pays). Nous leur proposons des plans d’investissement flexibles et des opérations bancaires internationales associées à des frais peu élevés, sans exiger les dépôts minimums importants requis par la plupart des services bancaires internationaux. Autre avantage : les employés des plus importantes organisations, telles que le HCR, l’OMI et l’UNOPS bénéficient de retenues sur salaire (dépôt direct).

Le bouche-à-oreille doit également y être pour quelque chose ?

C’est certain ! L’AMFIE est la seule coopérative financière s’adressant à tous les membres du personnel d’organisations intergouvernementales (y compris les consultants, les agents temporaires et les titulaires de contrats à long terme avec ces organisations), ainsi que leurs familles. Notre succès est également dû aux nombreux bénévoles de dizaines d’organisations qui font connaître l’AMFIE auprès de leurs collègues et accompagnent ceux qui veulent nous rejoindre. Le bouche-à-oreille est très positif. Nous avons aussi su évoluer : en 2007, nous avons modifié nos statuts afin de pouvoir accueillir les fonctionnaires des organisations situées en dehors de l’Europe. Puis, en 2014, nous avons étendu nos services aux membres des familles de nos sociétaires. Le contexte actuel d’innovation rapide s’avère très favorable pour consolider notre forte croissance.

Comment l’AMFIE s’assure-t-elle que les intérêts des fonctionnaires internationaux sont bien représentés au sein de l’association ?

En tant qu’association coopérative financière créée par et pour les employés d’organisations intergouvernementales, l’AMFIE bénéficie d’une structure organisationnelle dans laquelle des fonctionnaires internationaux et des employés expérimentés dans le domaine financier occupent des rôles complémentaires. Alors que les cadres, forts d’une expérience financière solide, gèrent les affaires courantes de l’association, l’AMFIE a toujours bénéficié d’une représentation importante de fonctionnaires internationaux au sein de son conseil d’administration. En tant que telle, l’AMFIE occupe une position originale et unique dans le monde des organisations intergouvernementales.

Quelles sont vos perspectives ?

Notre comité stratégique, composé de Son Altesse Royale le prince Guillaume de Luxembourg, Jean-Paul Laborde (ambassadeur itinérant PAM, chaire de Cyberdéfense/Cybersécurité Saint-Cyr), Julian Presber (Université du Luxembourg, ancien coordonnateur des relations avec le centre financier à l’Université du Luxembourg et figure de premier plan de la place financière luxembourgeoise) et Giovanni Palmieri (Conseil de l’Europe, ancien président du Comité des représentants du personnel des organisations coordonnées), a défini un développement autour de trois axes. D’abord, la technologie, qui reste un moyen et non une fin. Ensuite la proximité – notre ADN – qui seule permet de fournir le service souhaité, notamment dans un contexte de précarisation des fonctionnaires. Enfin, nous croyons beaucoup à l’éducation libératrice.

C’est-à-dire ?

Nos sociétaires sont généralement titulaires de diplômes de l’enseignement supérieur, dont beaucoup de Sciences Po ou d’autres établissements prestigieux. Notre préoccupation constante est de donner à nos sociétaires les outils adéquats pour gérer leur patrimoine. Dans cette optique, nous déployons de nouveaux projets : du contenu pour informer les fonctionnaires, des fonds d’investissement, des solutions pour les enfants. Notre ambition est de devenir un hub financier pour notre communauté.

Depuis sa création, en 1990, l’AMFIE entretient d’étroites relations avec Sciences Po.

Oui. D’après l’annuaire des anciens et d’autres données disponibles, plusieurs milliers d’alumni de Sciences Po travaillent dans quelque 300 organisations intergouvernementales à travers le monde. Cela n’a rien de surprenant, au vu de l’orientation historique de Sciences Po vers les relations internationales. L’AMFIE a été créée par un groupe de fonctionnaires internationaux, parmi lesquels deux diplômés de Sciences Po – Witold Zyss (promo 52) et Pierre Henquet (promo 48). Et la coopérative compte actuellement dans son conseil d’administration pas moins de trois diplômés de Sciences Po : Xavier Roblin (promo 00), Paul Gervis (promo 95) et Adrienne Hervé (promo 10), soit près de la moitié des membres du conseil.

Ce publi-information a initialement été publié dans le numéro 25 d’Émile, paru en juin 2022.