Émile Magazine

View Original

D'un mot - Éducation sportive

Ses voyages en Angleterre et ses visites dans les écoles britanniques inspirèrent à Pierre de Coubertin une réforme du système éducatif français où le développement des activités physiques serait intégré. Conjointement à cet engagement pédagogique, le baron de Coubertin joua un rôle actif au sein du mouvement sportif français et fonda les Jeux olympiques modernes, à la fin du XIXe siècle. Personnage complexe et controversé, il était ouvertement hostile à la participation des femmes aux compétitions sportives, défendait la supériorité de la race blanche et soutint l’organisation des JO par l’Allemagne hitlérienne en 1936. Dans une conférence donnée en 1889 à l’Association pour l’avancement des sciences, il présenta le système anglais d’éducation sportive et propose des pistes de réforme pour la France. Extraits. 

Par Pierre de Coubertin


Extrait de « L’éducation athlétique », conférence à l’Association française pour l’avancement des sciences, le 26 janvier 1889 (fonds Coubertin, département archives, direction des ressources et de l’information scientifique, Sciences Po).


Pierre de Coubertin en 1915. (Domaine public)

Autant nos écoliers ont l’air de s’ennuyer, autant les écoliers britanniques ont l’air de s’amuser : c’est la chose qui frappe en premier lieu. (...) Qu’elles soient grandes ou petites, riches ou pauvres, aristocratiques ou démocratiques, les écoles sont toutes les mêmes ; partout le bon- heur et partout aussi la confiance. Rien de militaire, rien d’autoritaire, mais quelque chose d’indéfinissable qui rend perplexe et jaloux. Telle est l’impression première... et alors on se heurte à cette prodigieuse, à cette incompréhensible action qu’exerce le sport. Ces jeux athlétiques – comme on les appelle là-bas – semblaient d’abord n’être là que pour amuser les enfants en les fortifiant ; c’est déjà un immense avantage que d’assurer la gaîté et la santé à l’intérieur du collège. Mais voici bien autre chose : si vous voulez étudier les causes de cette hiérarchie sociale si extraordinaire chez des enfants, vous découvrez que le sport l’a rendue possible en leur fournissant la matière à enthousiasme qui fait défaut aux nôtres ; si vous voulez savoir quel est le puissant contre- poids de cette liberté si complète et si étonnante, vous constatez que c’est le sport qui en prévient l’abus, et si vous voulez approfondir la question de la moralité à laquelle un tel régime devrait, selon vous, faire courir des dangers, vous voyez que le sport est ici le grand moralisateur. (...) Et ainsi, vous faites plusieurs fois votre tour d’Angleterre : cela vous donne l’occasion de remarquer encore ce fait important que les plus actifs au jeu sont en même temps les plus instruits et les plus avancés ; vous demandez le capitaine des bateaux : c’est le même qu’on vient de vous présenter comme président de la Société littéraire. Paul Bourget, dans un livre récent, a exprimé cela très éloquemment : « Si vous saviez, dit-il, combien le mariage des violents exercices physiques et de la culture intellectuelle est fécond en splendeurs viriles ! ».

Sources :

- « L’Éducation athlétique », Conférence à l’Association pour l’avancement des sciences, le 26 janvier 1889. Fonds Coubertin, 10COU. Département archives, Direction des Ressources et de l'Information Scientifique, Sciences Po. 

- Encyclopédie Larousse