La protection sur mesure : Transvie, une mutuelle adaptable
Spécialiste des questions de protection sociale et de politiques publiques, Abdou Diagne, directeur général de Transvie et fondateur du cabinet Lead Advice, accompagne les populations africaines en matière de protection sociale et d’assurance santé.
Comment est structuré l’environnement de la couverture maladie au Sénégal ?
Au Sénégal, et c’est le cas majoritairement en Afrique de l’Ouest, 70 % de la population est exclue du système de sécurité sociale conventionnel parce que ce sont des travailleurs indépendants, ce que l’on appelle le « secteur informel ». Or, il y avait une demande très forte de la part de cette population d’avoir une mutuelle de santé, ainsi qu’une mutuelle sociale qui couvre d’autres types de risque comme la retraite.
Quel est le positionnement de Transvie dans ce domaine ?
Depuis 2009, le groupe Transvie s’était spécialisé dans la couverture santé de ce secteur informel. À partir de 2015, nous avons commencé à proposer d’autres offres destinées aux entreprises et organismes publics. Aujourd’hui, nous proposons 64 produits pour plus de 1 500 entreprises assurées chez nous. Nous nous sommes spécialisés dans le sur-mesure, avec un tarif qui varie en fonction du taux de couverture. Nous avons vraiment créé une rupture par rapport aux assurances santé classiques. Née au Sénégal, Transvie s’est aussi implantée en Gambie, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin et bientôt, en Guinée-Conakry.
Où en sont les politiques publiques sur ces questions en Afrique ?
Aujourd’hui, la protection sociale patauge en eaux troubles. Certes, le Sénégal s’active pour offrir à sa population une protection sociale plus décente par rapport aux risques sociaux, mais ces politiques publiques démontrent vite leurs limites. La plupart du temps, nos gouvernements proposent un accès aux soins alors que les populations attendent plus une offre de soins. C’est pour cela que Transvie est un début de solution, car notre modèle est pensé par des Africains pour des Africains. Nos schémas s’adaptent aux réalités des populations. Les modèles d’assurance santé doivent leur parler et répondre à une réalité socio-économique. L’assurance est d’abord culturelle !
Quels sont les prochains développements prévus pour Transvie ?
Notre enjeu reste d’être plus proche des populations, de continuer à démocratiser la protection sociale. Nous prévoyons la création d’un fonds de pension pour combler le sujet problématique de la retraite. Nous allons aussi continuer à nous développer sur le continent africain, avec l’objectif de conquérir un nouveau pays par an, et accompagner les politiques publiques sur ces sujets. Enfin, notre digitalisation est un enjeu incontournable pour permettre aux assurés d’avoir accès rapidement à une prise en charge. Pour cela, il faut aussi que les États concernés facilitent nos futures implantations.
Qu’est-ce que Sciences Po a changé dans votre vie professionnelle ?
Après plusieurs Mastères en finance, audit et assurance, j’ai suivi le Mastère Politiques de développement, il y a trois ans, c’était une très belle étape de ma vie et une expérience enrichissante avec de bons enseignants, de brillants intervenants, des travaux de groupe et des échanges fructueux. Cela m’a permis d’obtenir une réponse absolue par rapport à ce que je voulais développer sur le continent africain, une meilleure compréhension des enjeux géopolitiques africains et, bien sûr, de développer mon réseau.
Certains mantras vous accompagnent-ils au quotidien ?
Oh oui ! Ils me motivent pour aller de l’avant. Je pense à cette phrase de Macky Sall, président du Sénégal : « Sur le chemin du progrès, l’obstacle ne doit pas être une limite à ne pas franchir, mais un défi à relever. La seule tâche qui prévaut, c’est de transcender nos limites, relever nos défis et conquérir de nouveaux horizons. » Tidjane Thiam, un financier franco-ivoirien, disait aussi que toute grande multinationale a été une PME. Il y a aussi : « Ne jugez pas chaque journée par votre récolte mais par les graines que vous avez plantées », de Robert Louis Stevenson et enfin « le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme », de Winston Churchill. Globalement, je partage leur vision du développement.
Ce publi-reportage a initialement été publié dans le numéro 25 d’Émile Magazine en juin 2022.
CV EXPRESS
2007 Consultant pour le Bureau International du Travail (BIT)
2008 Directeur général du groupe TransVie
2019 Master Politiques de développement Sciences Po Paris
2020 Associé fondateur du cabinet de conseil Lead Advice