À 24 ans, Louise Aubery cumule 500 000 abonnés sur Instagram, a fondé sa marque de sous-vêtements éthique et inclusive, rencontré la ministre chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes et publié un livre sur l’acceptation de soi. Émile est allé à la rencontre de cette influenceuse et entrepreneuse hyperactive.

Par Selma Chougar

À son entrée à Sciences Po, Louise Aubery voulait devenir journaliste. Mais très vite, elle se découvre un intérêt pour l’entrepreneuriat : « En deuxième année, j’ai créé une émission, Sciences Po Valley, où j’interviewais des anciens étudiants devenus entrepreneurs », raconte la jeune femme. Dès 2015, elle commence à partager sur les réseaux sociaux ses centres d’intérêt autour du sport et de la nutrition sur le modèle d’autres influenceurs/entrepreneurs : « J’aime beaucoup l’idée de vivre de ses projets et de ne dépendre de personne », souligne cette Parisienne de naissance.

Après une année d’échange universitaire avec la faculté de Berkeley, en Californie, elle intègre le master Communication, médias et industries créatives de Sciences Po et se lance en tant qu’auto-entrepreneuse. Elle crée alors le podcast InPower, où elle s’entretient avec différentes personnalités comme le député européen Raphaël Glucksmann et la journaliste Léa Salamé.

En parallèle, elle gère sa chaîne YouTube, MyBetterSelf (240 000 abonnés), où elle partage son quotidien d’étudiante entrepreneuse, se positionne pour une mode plus responsable, raconte les dessous de l’entrepreneuriat tout en abordant certains sujets féministes, comme lorsqu’elle se mobilise pour sensibiliser à la précarité menstruelle. Un engagement qui lui a certes valu une suspicion de récupération de la lutte féministe, mais aussi l’opportunité de s’entretenir avec la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno.

Une marque engagée et responsable

C’est lorsqu’elle commence à parler de ses troubles alimentaires sur les réseaux sociaux qu’elle gagne le cœur (et les clics) des abonnés. Lui vient alors l’idée de créer sa marque de sous-vêtements, Je ne sais quoi, à la fois éthique et inclusive. Les produits sont fabriqués à partir de matières utilisant au moins 50 % de fibres recyclées et ne comprennent pas de produits toxiques pour le corps et l’environnement, selon la marque.

Par ailleurs, Je ne sais quoi s’adresse à tous les corps de femme, comme l’explique Louise Aubery : « Nous voulons avant tout répondre à un besoin, s’adresser aux femmes qui ne trouvent pas de sous-vêtements beaux, confortables, éthiques et inclusifs. »

Après un retard au démarrage dû à la pandémie, Louise Aubery sort, en novembre 2020, sa première collection en pré-commande. Le lancement est un succès. Les 10 000 pièces de la marque s’écoulent en 30 minutes, selon sa créatrice. Si elle préfère taire ses revenus, elle a récemment pu embaucher une salariée grâce à son succès. Une redoutable entrepreneuse, donc, mais aussi une jeune femme engagée, notamment sur le plan de l’environnement : « J’ai commencé à m’intéresser à la mode responsable, je ne souhaite pas être dans un modèle de surproduction et d’incitation à la surconsommation. »
Comme si son emploi du temps n’était pas assez rempli, Louise Aubery a publié, fin 2022, son premier livre, Miroir Miroir, dis-moi ce que je vaux vraiment (Leduc), dans lequel elle partage ses conseils pour s’accepter en tant que femme et se libérer des injonctions patriarcales. Une manière de concilier son engagement féministe avec ses premières amours : l’écriture.

Cet article a initialement été publié dans le numéro 25 d’Émile, paru en juin 2022.