Malgré une superficie 213 fois inférieure à celle de la France, le Luxembourg n’a rien à envier aux grandes capitales européennes. Situé entre l’Allemagne, la France et la Belgique, il est au cœur du continent et de l’édifice européen. Son PIB par habitant, le plus élevé au monde, témoigne de la richesse et du dynamisme d’une population très qualifiée et constituée à 47 % d’étrangers. Une immigration de travail qui ne cesse de croître et dans laquelle certains de nos alumni ont choisi de s’aventurer. Ils racontent à Émile leur vie au Luxembourg.

Par Laure Sabatier

René-Laurent Ballaguy (promo 86) le reconnaît, lorsqu’il apprend, en 2009, que son nouveau poste est au Luxembourg, il s’y rend « un peu à reculons. On arrive souvent au Luxembourg en se disant qu’on n’y restera pas et que c’est un trop petit pays, sans réelle identité ni beaucoup d’attraits », explique-t-il. Pourtant, après 13 ans sur place, il n’échangerait pour rien au monde sa vie « d’un confort et d’une facilité indéniables ». 

Des opportunités de carrière foisonnantes 

Une grande diversité de parcours peut mener à s’installer au Grand-Duché. « Quand on parle des institutions européennes, tout le monde pense à Bruxelles, mais on oublie qu’il existe un pôle juridique et financier important à Luxembourg, avec la Cour de Justice, la Cour des comptes et le tout nouveau Parquet européen », rappelle Marion Kilhoffer (promo 07), auditrice à la Cour des comptes. René-Laurent Ballaguy travaille, lui, au siège de la Banque européenne d’investissement, « une grande maison créée par le traité de Rome, en 1957, le plus grand bailleur de fonds et emprunteur multilatéral au monde ». Cet énarque (promotion Averroès), aujourd’hui responsable du crédit, se réjouit des nombreuses opportunités qu’il s’est vu offrir depuis son arrivée au Luxembourg. « J’ai eu la chance de pouvoir évoluer au sein de mon institution, passant de l’inspection générale au département des services de conseil pour être maintenant plus directement chargé des opérations de prêts dans le secteur public en France. » Marion Kilhoffer a fait le calcul : au total, « pas loin de 15 000 personnes travaillent pour des organisations européennes à Luxembourg ». 

Le secteur privé n’est pas en reste, comme en témoigne Paul Gervis (promo 95), arrivé au Grand-Duché en 2013 pour rejoindre une société d’investissement en private equity. « Le Luxembourg occupe désormais une place centrale dans le marché européen du capital-investissement, ayant vu, sous l’impulsion de la réglementation européenne, puis du Brexit, l’implantation d’un nombre croissant de sociétés de gestion de fonds alternatifs », raconte celui qui se consacre aujourd’hui aux fonds de private market et a suivi de près la diversification de ces sociétés : « Elles y assurent une gamme élargie de fonctions, de la domiciliation à la distribution en passant par la gestion des risques et la supervision des investissements, bien au-delà des seules activités de back-office qui caractérisaient la place autrefois. » Au Luxembourg, l’entrepreneuriat a aussi de beaux jours devant lui. C’est du moins ce que croit Yvon Hell, fondateur de Ginkgo Solutions Facilities. « Le Luxembourg est une magnifique terre pour entreprendre avec près de 200 nationalités qui cohabitent, vivent et travaillent en bonne intelligence. En créant Ginkgo Solutions Facilities, nous avons souhaité mettre à disposition des entrepreneurs des solutions très réfléchies d’installation au Luxembourg : aide à la création de l’entreprise, conseil de positionnement et d’accès aux réseaux, location d’espaces de travail, bureaux et salles de réunion, mais aussi et surtout une large gamme de services rattachés pour que l’entrepreneur puisse se concentrer sur le développement de ses activités », nous explique le diplômé de la formation certifiante d’Administrateur de sociétés (ASC) de Sciences Po, en collaboration avec l’IFA. En 2021, le World Competitiveness Yearbook plaçait le Luxembourg à la douzième place des pays les plus compétitifs du monde. Une effervescence économique qu’Yvon Hell met sur le compte des spécificités de ce petit État : « Le Luxembourg porte un ADN de proximité du fait de sa taille, il est naturel d’échanger, de partager et de créer des synergies. » 

La diversité culturelle : un atout majeur du Luxembourg 

Ces caractéristiques géographiques, sociologiques et culturelles font aussi le bonheur des Alumni en dehors du travail. « Nous sommes ici dans la Grande Région et nous jouissons de la proximité de pôles urbains et culturels très diversifiés comme Trèves, en Allemagne, Metz et Nancy en France, ou Arlon, en Belgique », se réjouit René-Laurent Ballaguy. « C’est un endroit où l’artificialité des frontières nationales saute aux yeux. On change de pays en traversant un pont, parfois on ne sait plus si on est au Luxembourg, en France ou en Allemagne », renchérit Marion Kilhoffer. À ce positionnement au cœur de l’Europe répond une grande diversité de la population luxembourgeoise. « Avec 70 % d’habitants d’origine étrangère, le caractère cosmopolite de Luxembourg-Ville n’est plus à démontrer. Ce multiculturalisme entraîne une offre culturelle riche et variée », explique Yvon Hell, qui profite régulièrement de la programmation foisonnante de la ville. La Philharmonie et le Grand Théâtre présentent régulièrement les grands classiques et les salles plus confidentielles, comme L’Atelier, permettent de découvrir les répertoires contemporains de jazz et de musique urbaine. Une richesse culturelle qui se retrouve aussi dans les assiettes. De la terrasse de l’Indie, où l’on peut déguster des plats continentaux en admirant la vallée de la Pétrusse, au restaurant méditerranéen Chiche !, qui sert de lieu d’insertion à des réfugiés du Moyen-Orient, en passant par les plats italiens typiques d’Al Grappolo, « il y en a pour tous les goûts », se réjouit Marion Kilhoffer. La haute gastronomie n’est pas en reste, René-Laurent Ballaguy et Yvon Hell ne tarissant pas d’éloges sur Ma langue sourit, l’établissement doublement étoilé du chef Cyril Molard. 

Un environnement propice à la vie de famille 

Véritable ville à la campagne, Luxembourg jouit d’une nature luxuriante qu’un large réseau de sentiers piétonniers permet d’explorer le week-end. Un contact permanent avec la nature que René-Laurent Ballaguy juge propice à la vie de famille : « Non seulement le cadre urbain est à dimension humaine, mais dans l’ensemble, la vie et le pays sont très sûrs et nos enfants y évoluent en toute sécurité bénéficiant, comme tous les autres usagers, de transports publics totalement gratuits. » Yvon Hell partage ce constat : « De la maternelle au baccalauréat, les enfants sont infiniment bien encadrés, le système est multilingue et encourage les échanges entre nationalités. Au niveau des activités périscolaires (culturelles, sportives et de loisir), tout est pensé et prévu pour que les familles restent et se sentent bien dans le pays. Les enfants apprécient le large panel d’activités qui leur est offert et le caractère familial et bienveillant de l’environnement. »

En définitive, nos Alumni l’assurent, s’expatrier au Luxembourg est la promesse d’une vie professionnelle et personnelle très riche. Ils témoignent tous de la facilité à s’intégrer dans cette société cosmopolite, notamment grâce à de nombreux réseaux, associations et clubs, qui répondent aux centres d’intérêt professionnels, culturels, sportifs et humanitaires de nos diplômés. Yvon Hell en atteste : « Bien vivre, bien échanger, bien travailler, c’est ainsi que pourrait se résumer la qualité de vie “made in Luxembourg” ! ».

Le mot de Xavier Roblin (promo 00), président de la Section Luxembourg, Head of Corporate Development, Groupe Bâloise Assurances à Luxembourg

« Notre section luxembourgeoise des Alumni compte plus de 250 diplômés, un nombre qui a doublé en 15 ans. Notre communauté reflète bien l’importance de l’UE au Luxembourg puisqu’environ 25 % des diplômés travaillent pour l’une des 12 institutions présentes. Ensuite viennent les métiers du droit, qui rassemblent également un quart des Alumni dans les grands cabinets internationaux ainsi que les trois grands acteurs locaux. Puis le secteur de la finance au sens large (banque privée, fonds d’investissements, assurance et audit) qui occupe quelque 30 % de nos camarades. Enfin, les secteurs des industries de pointe, des start-up/fintech ainsi que de l’Économie sociale et solidaire rassemblent le reste des diplômés. Une communauté plutôt jeune et très multinationale, à l’image du pays. »

Vous prévoyez de passer à Luxembourg ? N’hésitez pas à nous contacter ! luxembourg@sciencespo-alumni.fr