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Entre journalistes et citoyens, la guerre des regards

Nécessaires au bon fonctionnement d’une démocratie, les journalistes ont pourtant vu leur légitimité remise en cause ces dernières décennies. Pour quelles raisons les artisans de l’information sont-ils perçus avec défiance ? La profession, ballottée entre des bouleversements économiques, un profond questionnement sur sa raison d’être et un monde qu’elle peine à décrypter, peut-elle se réinventer ou doit-elle revenir aux sources ?

Par Laurence Bekk-Day (promo 18)

Le siège de France Télévisions à Paris. (Crédits : Oliverouge / Shutterstock)

« Encore un siècle de journalisme et tous les mots pueront. Encore un siècle de lecteurs et l’esprit lui-même puera. » C’est ainsi que Nietzsche renvoyait dos à dos journalistes et lecteurs dans ses Fragments posthumes (1884). Tout avait pourtant si bien commencé : démocratie et journalisme modernes ne se superposent pas tout à fait, mais ils se télescopent singulièrement. Des balbutiements de la Révolution à la consolidation sous la Troisième République, la démocratie et le journalisme tels que nous les connaissons aujourd’hui ont mûri tout au long du XIXe siècle. Les débuts sont nécessairement chaotiques, avec des régimes qui se succèdent, plus ou moins favorables à la liberté de la presse. Il faut attendre la Troisième République pour que le législateur clarifie les choses. Alexis Lévrier, historien spécialiste de l’histoire du journalisme, précise qu’avec la loi de 1881, « la presse s’est émancipée du pouvoir, avec la création des syndicats de journalistes, les chartes d’éthique, la carte de presse, les clauses de conscience et de cession ». Un siècle plus tard, en 1986, un nouveau dispositif anti-concentration visant à garantir le pluralisme voit le jour. L’historien en rappelle les contours : « C’est la règle des deux sur trois : on ne peut pas contrôler une télévision, une radio et un quotidien. »

Le baromètre de confiance des Français dans les médias, publié par Kantar depuis 1987, révèle que, bon an mal an, un Français sur deux pense que les choses ne se sont pas passées comme les médias les racontent. Mais le problème ne date pas du siècle dernier. Au XIXe, la toute jeune presse est déjà la cible de violentes critiques – et c’est souvent les journalistes eux-mêmes qui apostrophent leurs confrères. Balzac (lui aussi un temps journaliste) y prend part dans Illusions perdues, portrait sans concession de la presse d’alors : « Tout journal est […] une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions », fait-il dire à l’un de ses personnages, le journaliste Claude Vignon. La réponse du berger à la bergère ne se fait pas attendre. Dans le quotidien Corsaire-Satan, Jules Janin réplique : « Ce livre dégoûtant et cynique est tout simplement une vengeance de M. de Balzac contre la presse. »

Parler de nous-mêmes, une entreprise hasardeuse

Au sein de toute corporation, l’autocritique reste semée d’embûches. Car le milieu journalistique n’aime rien tant que parler de lui-même. Parfois pour des motifs nobles, comme lorsque Mediapart explique sa raison d’être : « Sans nous, vous ne l’auriez pas su. Notre ambition : le devoir d’enquêter, le courage de révéler. Nos principes : la vérité des faits contre le règne des commentaires. » Mais aussi pour des motifs plus prosaïques, lorsque L’Obs a divulgué sa nouvelle maquette (et son nouveau nom, qui est en fait son ancien surnom), en mars dernier : « Notre média est plus que jamais nécessaire dans un contexte national difficile et polarisé, où l’information est fragmentée et le bruit permanent. Pour ouvrir cette nouvelle étape éditoriale, Le Nouvel Obs proposera à ses lecteurs un nouvel écrin pour son site et dans son magazine. Plus élégant, plus sélectif, cet écrin apportera autant de la matière à réflexion que de la découverte et du plaisir. »

Pouvons-nous prétendre à une volonté honnête d’introspection si nous nous entêtons à ne pas vouloir comprendre que parler de soi, c’est nécessairement être juge et partie ? Et si les journalistes sont habitués à traiter des sujets de toutes sortes – c’est leur métier –, la corporation n’est pas tout à fait un sujet comme un autre. Pourtant, même lorsque nous mettons le focus sur nous-mêmes, nous préférons l’indépassable présent de vérité générale, paravent pratique pour apporter distance et stature. Car nous nous pensons avant tout comme des passeurs de faits. En 1987, France Info fut fondée selon le credo suivant, par la voix de son directeur de l’information, Michel Meyer : « Des faits, toujours des faits, rien que des faits ! » Sa devise ? « Maximum d’informations ; minimum de phrases. » Pour le sociologue Philippe de Grosbois, auteur de La Collision des récits : le journalisme face à la désinformation (2022), cette approche est illusoire, voire mensongère. « Si l’approche positiviste pose problème, analyse-t-il, ce n’est évidemment pas parce que l’objectif de rapporter les faits, de s’appuyer sur des sources et de corriger ses erreurs est condamnable en soi. Ce ne sont donc pas tant les visées du journalisme en elles-mêmes qui sont discutables que la cécité qu’elles risquent d’entraîner, si on ne garde pas à l’esprit que le détachement et la neutralité constituent des idéaux abstraits. C’est dans la pratique que leurs limites, leurs contradictions se manifestent. » Et de résumer : « Les nouvelles racontent le monde, elles en font une narration ; elles n’en sont pas que le simple reflet. Autrement dit, les faits font toujours l’objet d’un récit. »

Nuage de Tchernobyl, charniers de Timișoara et guerre du Golfe

Des séquences au cours desquelles les journalistes auraient failli à leur devoir collectif de transmission des faits, la mémoire collective en a retenu à foison, ces 40 dernières années. L’un des plus prégnants est associé à l’accident nucléaire de Tchernobyl du 26 avril 1986, avec cette légende tenace selon laquelle les autorités auraient prétendu que le nuage « s’était arrêté à la frontière ». Même si cette phrase n’a jamais été prononcée au premier degré, il est vrai que le ministère de l’Agriculture avait alors temporisé et minimisé : « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées […]. À aucun moment, les hausses observées de radioactivité n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique. » Ce communiqué maladroit et contradictoire avait pourtant bien été attaqué par les journalistes de l’époque. Ainsi Libération titrait, le 12 mai 1986 : « Le mensonge radioactif : le nuage radioactif de Tchernobyl a bien survolé une partie de l’Hexagone. »

D’autres incidents sont moins à mettre au crédit de la profession. François Jost, professeur émérite en sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne-Nouvelle, rappelle quelques séances qui, selon lui, ont durablement délité la confiance du public. Comme en 1989, avec l’affaire des charniers de Timişoara, qui défraie la chronique : la veille de Noël, après la chute du dictateur roumain Ceaușescu, l’Occident découvre des images insoutenables. Certains envoyés spéciaux parlent de 4 000 morts. Mais l’info est une intox. « Ça a fait un scandale médiatique, se rappelle l’universitaire. On pensait que les informations étaient à peu près vérifiées ; alors qu’on avait filmé 10 cadavres, sur Antenne 2, le journaliste a dit qu’il y en avait eu des milliers. Il y a eu une chute des courbes sur l’indice de confiance des citoyens par rapport aux médias. » Un an plus tard, c’est la guerre du Golfe et l’émergence, avec CNN, des chaînes d’information en continu et de leur flot d’images ininterrompu. « Montrer des images n’est pas suffisant pour comprendre la réalité, analyse François Jost. On assistait juste à une sorte de jeu vidéo : on voyait des traces dans le ciel, mais on ne voyait absolument rien. » En 1995, c’est au tour de la séquence de la réforme des retraites : dans l’ensemble, la presse reprend les éléments de langage du gouvernement (c’est un plan « nécessaire » ; il « fallait agir »). Mais la rue ne l’entend pas de cette oreille. C’est elle qui fera vaciller le gouvernement Juppé.

Vingt ans plus tard, la dégradation des conditions de travail des journalistes aboutit à des fautes professionnelles qui n’en écornent que davantage la profession. En 2016, juste après l’attentat de Nice, les téléspectateurs de France Télévisions découvrent, médusés, une journaliste interviewant, à la manière d’un micro-trottoir, le mari d’une victime, visiblement choqué. La rédaction se défausse sur la journaliste, pourtant envoyée dans l’urgence et pressurée pour rapporter à tout prix « des images », quelles qu’elles soient. Pourquoi le rédacteur en chef a-t-il conservé la séquence ? N’a-t-il tout simplement pas visionné ce qui allait être diffusé dans son journal ?

De tels incidents ne laissent pas les journalistes de marbre. Car pourquoi « porter la plume dans la plaie », selon la formule d’Albert Londres, si aucune utilité sociale n’en découle ? John Temple est tourmenté par la question. En 1999, le journaliste est alors rédacteur en chef du journal Rocky Mountain News. Deux élèves perpètrent une tuerie de masse dans un lycée de Columbine, une petite ville du Colorado. Bilan du massacre : 15 morts et 24 blessés. De quoi durablement marquer la psyché américaine. Le journaliste commande à son photographe des images exclusives du drame. Il décide, fait rare à l’époque, de les partager avec d’autres rédactions. Même si les photos sont choquantes, elles font le tour du monde. Il espère, confie-t-il à The Atlantic, qu’elles marqueront les consciences et qu’une remise en cause de la libre circulation des armes suivra : « Je croyais que si les journalistes faisaient bien leur travail, les citoyens prendraient des décisions en conséquence et rendraient notre pays meilleur, tout comme la nuit suit le jour. » Mais aucune décision politique ne sera prise et les tueries de masse se poursuivront avec une régularité mortifère. De quoi laisser au journaliste, 25 ans après les événements, un goût amer : « Je suis obligé de me demander pourquoi nous faisons notre métier comme nous le faisons et si, en fin de compte, ce que nous faisons en vaut la peine. Les journalistes se doivent de témoigner ; mais témoigner des mêmes horreurs, encore et encore ? Je ne peux plus dire que nous soyons capables de tirer des enseignements lors d’événements horribles. J’ai vu les limites du journalisme. »

Des limites qui ne sont pas près de s’estomper dans un environnement économique de plus en plus difficile, où il faut produire toujours plus, toujours plus vite, toujours moins cher. De quoi donner à certaines rédactions des airs de vaisseaux fantômes, bien loin du joyeux désordre de la newsroom bruyante véhiculée par l’imaginaire collectif. Prenez Vanity Fair France : vous y trouverez une rédaction bruissante, sans journalistes, uniquement peuplée de chefs de rubrique téléguidant une armée de pigistes invisibles qui envoient leurs papiers par courriel. Imaginez l’extrême précarité de ces pigistes – des travailleurs non pas salariés, mais des indépendants rémunérés à l’article, un principe analogue à l’intermittence du spectacle, sans la protection sociale qui va avec – face aux rédacteurs en chef, d’une part, et aux propriétaires des médias, d’autre part. Le magazine que vous tenez entre vos mains n’échappe pas à ces contraintes. L’élaboration d’Émile est en grande partie possible grâce à la production de ses pigistes. C’est ainsi que l’intégralité de la presse française, même la plus prestigieuse, fonctionne désormais. L’équilibre économique est à ce prix.

Extrait de l'une des vidéos d'actualité publiées sur le compte YouTube d'HugoDécrypte, le 14 mai 2024. (Capture d'écran)

D’Hugo Décrypte au slow journalism

Cette réalité est étonnamment méconnue d’un public qui peine à entrevoir qu’une part importante des travailleurs de l’information forme un lumpenprolétariat du monde intellectuel, aux conditions de travail particulièrement dégradées. Au contraire, le métier est observé avec défiance : soupçon de parisianisme, soupçon d’entre-soi, soupçon de partialité – les journalistes sont accusés d’être soit tous gauchistes, soit tous inféodés au pouvoir. François Jost s’étonne de cette accusation à géométrie variable : « Pour une même information, le médiateur de France Télévisions reçoit des réclamations de certains qui se plaignent qu’on encourage l’extrême droite, d’autres qui disent que tous les journalistes sont à gauche, sans parler de ceux qui disent qu’il n’y en a que pour Macron. Ça m’interroge toujours : on a beaucoup de mal, en tant que simple citoyen, à se défaire de ses opinions politiques. »

Comment réparer la relation entre les journalistes et ceux qui s’en détournent – et en particulier les jeunes générations ? La chaîne YouTube de vulgarisation HugoDécrypte, fondée par Hugo Travers, un ancien de Sciences Po (promo 20) âgé de 27 ans, a trouvé un créneau porteur. HugoDécrypte couvre les nouvelles du jour dans des vidéos de 10 minutes, en adoptant un angle peu polémique, avec un ton « les jeunes parlent aux jeunes ». Un tel contenu a le mérite d’attirer une jeune génération (75 % des 14 millions d’abonnés de la chaîne ont moins de 34 ans), qui s’était détournée des actualités, à en visionner. Hugo Travers impressionne également ses pairs : CNN lui a récemment consacré un article laudatif, intitulé « Le YouTubeur de 26 ans à la conquête du journalisme français ». Mais ce n’est pas lui faire injure, précise François Jost, que de rappeler que sa couverture de l’actualité ne révolutionne pas le genre : « Il présente, pour des jeunes, des images qui sont quasiment objectives, dans la mesure où il reste près des dépêches. Mais chez ceux qui le regardent, il y en a peu qui comprennent qu’il ne fabrique pas d’information. »

Plus novateur dans son approche, le tout jeune média Le Crayon, fondé en 2020 par quatre étudiants – dont un alumnus de Sciences Po, Jules Stimpfling (promo 21) – veut croire qu’il peut changer la donne. Son approche ? « L’écoute et le débat plutôt que la violence et la discorde », explique en 2023 l’un de ses fondateurs, Wallerand Moullé-Berteaux, ajoutant : « Ce qu’on veut, c’est transformer les ennemis en adversaires. » La même année, le média a annoncé avoir réussi une levée de fonds importante auprès de divers investisseurs, dont le milliardaire Xavier Niel. Exemples de débats récemment postés sur sa chaîne YouTube : « Faut-il légaliser le cannabis ? » ; « Notre salaire reflète notre mérite ? » ; « Il est acteur porno, elle est ministre : ils se rencontrent. » Ou encore la vidéo la plus populaire de la chaîne (deux millions de vues) : « Le peuple est-il manipulé ? Juan Branco répond. » Las ! la jeune pépite n’échappe pas à la polémique. En janvier dernier, Rima Hassan, militante propalestinienne, candidate LFI aux élections européennes, répond aux questions du Crayon pour les besoins d’une story sur Instagram, sous la forme de questions-réponses « vrai-faux ». À la question « Le Hamas mène une action légitime ? », la militante répond : « Vrai. » « L’État d’Israël a un droit de défense ? » « Faux. » La vidéo a été retirée après des dizaines de signalements pour apologie du terrorisme. Interrogée par le site d’analyse critique des médias Arrêt sur images, Rima Hassan estime que ses propos ont été tronqués. Le Crayon, quant à lui, a refusé de poster l’interview dans son intégralité.

Loin de resucées numériques tentant de réinventer le genre, c’est un format plutôt old school – le livre d’enquête et son temps long de maturation – qui permet au journalisme de regagner ses galons. L’ouvrage de Victor Castanet (promo 14), Les Fossoyeurs : révélations sur le système qui maltraite nos aînés (Fayard, 2022) a fait l’effet d’une bombe. Enquêtes parlementaires, cours de Bourse de l’action d’Orpea (nommément visée) divisée par 5 000, baisse des taux d’occupation des Ehpad… Pour le journaliste, c’est mission réussie : « Je crois au journalisme à impact, explique-t-il, une forme de journalisme qui porte une ambition forte : celle de faire en sorte que les faits présentés produisent un effet dans la continuité de leur publication. Il ne suffit plus de poser sa plume au point final, la plaie ouverte, et d’attendre que les choses se passent. » 

Le spectre du robinet fermé

Malgré la qualité, unanimement saluée, de son enquête, la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) a refusé la carte de presse à son auteur, estimant que les critères d’attribution n’étaient pas remplis. Autre ouvrage remarquable, Les Aveuglés. Comment Berlin et Paris ont laissé la voie libre à la Russie, de Sylvie Kauffmann (Stock, 2023), qui éclaire les enjeux de la guerre en Ukraine. Fruit d’un travail méthodique long de 20 ans, il s’étend sur 350 pages, nécessaires à la compréhension d’une situation géopolitique complexe qui s’est cristallisée depuis déjà longtemps.

Gageons que ceux qui prendront le temps d’acheter, puis de lire de tels ouvrages resteront peu nombreux. Le baromètre Viavoice sur l’utilité du journalisme, dont l’édition 2024 vient de paraître, le confirme. Les Français sont 79 % à reconnaître que « le journalisme est indispensable dans une société démocratique ». Pourtant, à la question « êtes-vous d’accord qu’une information de qualité se paie, qu’elle n’est pas gratuite ? », ils ne sont plus que 39 % à répondre par l’affirmative. Le public a parlé : il n’est pas prêt à payer pour une information de qualité. Les Français estiment par ailleurs à 67 % qu’« on peut trouver des informations fiables en dehors des médias de référence ». Des informations disséminées avec désinvolture : une étude coréalisée par l’Inria en 2016 avait révélé que, sur Twitter (devenu X), lorsque les internautes partageaient des liens, 59 % d’entre eux n’avaient même pas cliqué dessus.

Alors, quel avenir pour l’information ? Les citoyens ne risquent-ils pas d’en prendre leur parti et de fermer une fois pour toutes le robinet des actualités ? C’est ce qui inquiète François Jost : « Près d’un tiers des Européens ne veut plus s’informer. Ce comportement dépasse même 50 % des sondés en Croatie, en Turquie ou en Grèce. Je trouve ça dramatique. Une société sans médias est une dictature. » Et de citer l’observation de Hegel – qui fut journaliste autant que philosophe – à l’heure de la toute jeune Première République française : « La lecture du journal est la prière du matin de l’homme moderne. » 


Une profession en plein questionnement 

3 ouvrages pour comprendre

Les racines de la défiance  

Fin analyste du discours médiatique depuis près de 40 ans, François Jost, sémiologue et professeur d’université, examine le divorce entre la sphère médiatique et le public. Il espère pourtant un retour à plus de mesure, en revendiquant le droit à une nécessaire critique des médias, sans pour autant les rejeter en bloc. 

CNRS Éditions, 224 p., 20 €. 


23 prix Albert-Londres déminent le terrain 

Réunissant les contributions d’une vingtaine de lauréats du prestigieux prix Albert-Londres (créé en 1932), d’Anne Nivat à Olivier Weber en passant par Patrick de Saint-Exupéry, cet ouvrage se veut surtout une défense des lettres de noblesse du journalisme – le grand reportage – par un prisme original. Chaque auteur tente de répondre, de manière très personnelle, à la question qui est aussi le titre du livre, parfois empreinte de suspicion de la part de ceux qui la posent. 

Éditions de l’Aube, 160 p., 17,90 €.


Journalisme politique : le royaume de l’entre-soi 

Ce milieu et ses codes, Rachid Laïreche les connaît : il a passé huit ans à suivre les partis politiques de gauche pour le quotidien Libération. Amer, mais lucide sur cette bulle d’entre-soi qu’est le journalisme politique parisien, il en tire des anecdotes piquantes et un drôle de dégoût du métier, qu’il livre au lecteur à la manière d’un journal intime, postfacé – ultime pied de nez – par un député (LFI) : François Ruffin.

Les Arènes, 264 p., 20 €.       


Cet article a initialement été publié dans le numéro 30 d’Émile, paru en juillet 2024.