Cap’bornes : Accompagner la révolution électrique
Rencontre avec Marc-Antoine Leprince (promo 22) directeur des opérations et cofondateur de Cap’bornes, une entreprise incubée à Sciences Po qui fournit un service pour recharger son véhicule électrique à domicile, au bureau ou en déplacement.
Propos recueillis par Maïna Marjany et Ryan Tfaily
Comment vous est venue l’idée de créer votre start-up ?
Elle est venue d’un constat partagé par les cofondateurs. Nous observions le grand désarroi des particuliers et des employeurs face aux nouveaux besoins et usages de la recharge électrique. Nous avons eu l’intuition qu’il fallait apporter des solutions plus adaptées à leurs besoins spécifiques et faire davantage d’efforts de pédagogie pour faciliter l’appropriation de cette nouvelle technologie.
À partir de 2035, seules les voitures électriques seront autorisées à la vente en France et, dès 2025, 43 agglomérations mettront en place des Zones à faible émission. Quels sont les enjeux d’une telle mutation, notamment en matière d’accompagnement des particuliers ?
La voiture est un symbole de liberté. Elle permet de parcourir facilement de longues distances en étant autonome. La voiture électrique, elle, fait peur, parce qu’elle bouscule les usages : on parle de faire le plein en 20 minutes et d’une autonomie de « seulement » 400 kilomètres. L’acceptabilité de cette nouvelle technologie est clairement le plus gros enjeu.
Il faut dire deux choses à ce propos. D’une part, les développements technologiques et le déploiement des bornes publiques rendront possibles à court terme les grands voyages dans des conditions très raisonnables. D’autre part, les longs voyages représentent une faible minorité de l’usage des véhicules. Même si c’est souvent le choix des ménages, il n’est pas optimal économiquement ni écologiquement de choisir un véhicule en fonction de son usage le plus intensif. La course à l’autonomie alourdit les voitures électriques en embarquant des batteries plus lourdes, fait augmenter leur coût de revient et réduit leur avantage écologique. À l’inverse, les véhicules électriques sont parfaitement adaptés à la très grande majorité des trajets (déplacements quotidiens et voyages de distance moyenne).
Quels clients visez-vous et quelles solutions proposez-vous ?
Nous nous adressons d’abord aux particuliers qui habitent en logements collectifs et pour qui l’installation de bornes est un parcours du combattant. Face aux querelles de voisinage, capbornes.fr propose une solution qui permet à chacun de rester indépendant de ses voisins : le réseau public d’électricité est étendu dans les parkings sans coût pour la copropriété, chacun dispose de son compteur Linky et choisit son propre fournisseur d’électricité. L’usage et le paiement sont totalement individualisés.
Nous nous adressons aussi aux PME-ETI en considérant leurs besoins dans leur totalité : installation de bornes sur site ; tarifs et accès spécifiques pour les clients, les collaborateurs et des véhicules de sociétés ; accès aux bornes publiques ; gestion de la recharge au domicile des employés, etc. La force de notre solution, c’est aussi sa flexibilité. Elle nous permet de répondre aux besoins des clients au cas par cas.
Paris est le berceau de la société Cap’bornes. Pourquoi un tel ancrage dans la capitale ? À terme, souhaitez-vous développer votre activité sur l’ensemble du territoire français ?
Paris concentre un grand nombre d’acteurs du monde de l’énergie et de l’industrie. C’est dans cet écosystème que l’équipe a développé capbornes.fr, en établissant des partenariats avec des sociétés de secteurs connexes (fournisseurs d’énergie, courtiers, etc.). Paris, c’est aussi une forte densité de clients, mais le projet est d’étendre notre offre à la France hexagonale, car c’est à cette échelle que se joue la décarbonation des mobilités. Nous intervenons d’ailleurs déjà à Lyon, Toulouse et Dijon, par exemple.
Comptez-vous sur les pouvoirs publics pour financer et soutenir votre projet ?
Dans un contexte d’urgence climatique, les financements publics sont indispensables pour accélérer la transition. Le marché des bornes de recharge doit être subventionné pour le démocratiser (comme le fait le programme Advenir) et les solutions les plus efficaces, encouragées. Nous avons sollicité BPI France pour nous aider à financer le développement d’outils et nous comptons continuer à travailler avec eux pour les développements futurs de la société.
Cette interview a initialement été publiée dans le numéro 29 d’Émile, paru en novembre 2023.