Portrait-robot du candidat idéal - Nous n'allons pas élire un P.-D.G.
Tout au long des mois qui nous séparent du scrutin suprême, Emile va demander à ceux qui suivent, journalistes ou sondeurs, de près notre vie politique de se livrer à un petit exercice de style, entre pronostic et analyse. Pour ce numéro, ils dressent le portrait-robot du candidat idéal.
« Habit noir, pas de décorations, pas d’aides de camp, pas de chevaux, pas de panache. Vit simplement, modeste et fier. Entre pauvre (à l’Élysée), en sort pauvre. Dit Monsieur au roi d’Angleterre et à l’Empereur d’Autriche. En France, l’égal de tous les citoyens. Hors de France, l’égal de tous les souverains. » C’est ainsi que, voyant croître la vanité et l’ambition du « Prince Président » Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo décrit dans Choses vues son président idéal.
C’est aussi le mien. Naturellement, cet homme (j’aurais aimé une femme, mais je ne vois que Ségolène Royal pour provoquer la surprise) devra avoir une « vision » de la France dans le monde de demain et posséder assez de talent et de conviction pour tracer un « récit national », ce qui exige une réelle culture historique. Il devra aussi avoir démontré ses capacités de gestionnaire. On attend de lui, enfin, de l’imagination et de la ténacité pour tisser des alliances afin d’instaurer un modèle économique et social européen, qui ne soit pas celui d’un Donald Trump. Au mépris de ses propres intérêts, il fera preuve d’un grand courage et d’un total dévouement à « l’intérêt supérieur de la Nation ». Car nous n’allons pas élire un P.-D.G., mais le représentant d’un peuple, son « incarnation ». Ce peuple attend du panache : au lieu de l’enfermer dansses ressentiments, dites-lui qu’il est grand ! Mais il attend aussi de l’empathie : comment comprendre la vie de trois millions de mères de familles seules et pauvres, comment réduire les inégalités, comment remettre le pays en marche en adoptant le train de vie de « la France d’en haut » ? « Vit simplement, modeste et fier. »