L'infiltré - Comment faire passer la réforme du code du travail ?
Cette semaine, notre infiltré chronique les derniers rebondissements de la vie parlementaire. Au programme : le vote de confiance et la réforme du code du travail.
Le mieux quand on a une majorité parlementaire écrasante, c'est encore de ne pas avoir à s'en servir. C'est ce qu'a prévu de faire le nouveau pouvoir en matière de réforme du droit du travail en France.
Sur un sujet aussi sensible, où la France pourrait bien se cabrer comme l'a dit lui-même le Président, les parlementaires sont donc invités à abandonner d'emblée leurs prérogatives de législateurs. Histoire d'aller plus vite.
Il est vrai que ce n'est pas inédit dans l'histoire de la Vème République. On se souvient d'ailleurs que le recours aux ordonnances avait donné lieu à la première passe d'armes entre François Mitterrand et Jacques Chirac lors de la première cohabitation.
On notera simplement qu'il y a quelque contradiction à avoir demandé aux Français une si large majorité pour ensuite la dessaisir de ses pouvoirs. Quelque contradiction aussi à avoir expliqué qu'une nouvelle génération de députés, pour la plupart issus de la société civile et donc supposés plus en phase avec les réalités du monde de l'entreprise, serait indispensable au redressement du pays et de demander ensuite à cette même génération d'abdiquer sa compétence au profit de la haute fonction publique qui au final tiendra la plume du nouveau code du travail.
Il est vrai que le spectacle offert depuis deux semaines par l'Assemblée nationale n'est pas de nature à favoriser la revalorisation des droits du Parlement.
On ne comprendra jamais pourquoi des députés qui se plaignent de l'abstention chaque dimanche soir d'élection choisissent de s'abstenir dès le vote de confiance du gouvernement.
Encore un exemple de contradiction sans doute...
En tout cas, Jupiter a montré toute la considération qu'il porte aux parlementaires en les réunissant en Congrès et en leur délivrant un échantillon de sa "pensée complexe", à commencer par la suppression d'un tiers d'entre eux.
C'était un remake a little bit monarchique du baiser qui tue.
En matière de dialogue social, la même méthode pourrait bien être à l'œuvre. Elle consiste à faire recevoir le plus souvent possible les représentants syndicaux pour les informer et les consulter sur l'avancement de la réforme du droit du travail. L'excellence des relations entre les partenaires sociaux et l'exécutif, due aux qualités humaines et à la grande technicité des conseillers du président et du Premier ministre sur ce sujet, n'empêche pas la pièce de théâtre de se mettre en place. On peut s'attendre à des grèves, des défilés, des pneus brûlés.
Mais les syndicats ont un talon d'Achille et Emmanuel Macron le sait mieux que personne, lui qui a su mettre au tapis en un an les principales forces politiques de ce pays.
L'argent, c'est le nerf de la guerre syndicale.
Si la CGT ou d'autres venaient à bloquer le pays pour empêcher la réforme du droit du travail, on pourrait par exemple leur appliquer les règles de transparence et d'exemplarité en vigueur pour les partis politiques.
La menace, à peine voilée, a été parfaitement entendue. Elle risque de faire réfléchir plus d'un leader syndical pendant les vacances d'été...