Ces Sciences Po qui font bouger les lignes

Ces Sciences Po qui font bouger les lignes

Sciences Po est, depuis toujours, un lieu d’émulation associative. Émile a souhaité mettre en lumière trois initiatives prometteuses qui entendent apporter des réponses concrètes à de grandes problématiques contemporaines.

Par Yasmine Laaroussi et Sébastien Cazabon

Maxime Verdin, Solène Cordonnier et Alexia Beaujeux, fondateurs de l’association La Traverse. (DR)

Maxime Verdin, Solène Cordonnier et Alexia Beaujeux, fondateurs de l’association La Traverse. (DR)

La Traverse déniche les initiatives écolos

Ils en sont persuadés : la transition écologique passe par les territoires ruraux. Alexia Beaujeux, Solène Cordonnier et Maxime Verdin viennent de lancer l’association La Traverse pour accompagner les acteurs locaux engagés qui n’ont pas toujours l’expertise pour concrétiser leurs projets environnementaux. Pourtant, l’enjeu de demain, c’est une plus grande résilience qui passe par la relocalisation de l’agriculture pour être moins dépendants des circuits mondialisés. « Ce n’est pas vraiment possible en milieu urbain, assure Alexia Beaujeux. Dans une ville comme Paris, c’est mignon de faire des fraises dans des conteneurs, mais ça ne nourrit pas toute une population ! »

Les fondateurs de l’association, diplômés de l’École urbaine de Sciences Po, ont entamé en septembre dernier un périple à travers la France pour recenser les actions déjà entreprises dans les territoires. L’objectif est ensuite de mettre à disposition des élus une « boîte à outils » qui leur permettra d’établir une stratégie concrète pour leur collectivité. Au fil de leur parcours, Alexia, Solène et Maxime racontent leurs rencontres à travers une série de podcasts à écouter sur leur site : www.latraverse.lepodcast.fr.


Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’avenirs, et Gabrielle Légeret, secrétaire générale. (Crédits : Émile)

Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’avenirs, et Gabrielle Légeret, secrétaire générale. (Crédits : Émile)

Chemins d’avenirs : faire éclore le potentiel de la France périphérique

Les jeunes des régions rurales n’ont pas toujours les bons outils pour s’orienter et une série d’obstacles bride trop souvent leurs ambitions. Face à ce problème encore marginal dans les politiques publiques, Salomé Berlioux a fondé, en 2016, l’association Chemins d’avenirs qui valorise le potentiel des collégiens et lycéens des petites villes de France et des zones rurales. Une initiative née d’une expérience personnelle. « En grandissant dans un hameau de quelques centaines de personnes dans l’Allier, j’ai eu l’impression que ma scolarité et mon entrée dans la vie professionnelle avaient été un parcours du combattant, se souvient-elle. C’est un vrai sujet d’égalité des chances. Ce constat, que je partageais d’ailleurs avec les futurs membres de l’équipe, m’a amenée à créer l’association ». Chemins d’avenirs est aujourd’hui implanté dans 39 établissements répartis dans huit académies.

La démarche de l’association repose notamment sur l’accompagnement individuel des élèves par un système de mentorat. En 2020, 1 000 parrains et marraines accompagnent ainsi 1 000 jeunes. Chemins d’avenirs noue aussi des partenariats avec des entreprises et des centres de formation pour aider les collégiens et lycéens à effectuer des stages.

Dans sa démarche d’accompagnement vers les études supérieures, l’association a par exemple négocié un tarif réduit pour que les filleuls qui le souhaitent puissent préparer le concours de Sciences Po au sein d’un institut de formation. Et les résultats sont là ! Gabrielle Légeret, secrétaire générale de Chemins d’avenirs, cite l’exemple de Moulins, dans l’Allier : « Auparavant, les admissibles n’étaient généralement pas reçus, malgré tout leur travail et celui de leurs enseignants, souvent très engagés à leurs côtés. Dès la première année de parrainage, quatre élèves sur cinq admissibles ont intégré Sciences Po Paris ou un autre IEP. Chaque année, ces résultats se reproduisent. »

En septembre 2019, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a confié une mission sur l’orientation et l’égalité des chances des jeunes de la France périphérique à Salomé Berlioux, qui rendra son rapport dans les prochains mois.


Leen Youssef et Mas Mahmud, fondateurs de l’association EKOTA. (DR)

Leen Youssef et Mas Mahmud, fondateurs de l’association EKOTA. (DR)

EKOTA, par les réfugiés, pour les réfugiés

Leen Youssef et Mas Mahmud sont deux jeunes réfugiés arrivés de Syrie et du Bangladesh jusqu’à la rue Saint-Guillaume. Après trois années en France, ils ne peuvent que constater les différences entre les demandeurs d’asile et les organisateurs de l’aide. « Lors d’un stage au Haut Conseil pour les réfugiés de l’ONU, j’ai réalisé que parmi les 1400 employés, il n’y avait aucun réfugié, ce qui complique la perception des besoins réels », raconte Mas.

Leen fait la même remarque : lors de la Journée mondiale des réfugiés où de nombreuses associations étaient présentes, les principaux concernés ont peu participé aux débats.

En octobre dernier, les deux étudiants ont donc créé Ekota, une association qui a pour volonté d’apporter ce regard aux structures. Ils souhaitent notamment organiser des rencontres entre Parisiens et réfugiés autour d’une cause qui mobilise au-delà des frontières : la crise climatique. Des ateliers de sensibilisation sont également en préparation.

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