Covid-19 : une crise évitée en Occitanie ?
L’Occitanie est une des régions françaises les moins touchées par l’épidémie de Covid-19, avec au 15 avril 4911 cas confirmés et 226 décès. La région a-t-elle été jusque-là épargnée par la crise ou l’a-t-elle gérée différemment ? De quels équipements dispose-t-elle pour faire face à l’épidémie ? Quelles mesures les autorités locales ont-elles prises pour protéger les populations vulnérables ? Solène Flahault, Présidente de la section régionale Midi-Pyrénées de Sciences Po Alumni répond aux questions d’Émile.
Quand les premiers cas de Covid-19 sont-ils apparus au sein de votre région ? Et quel est le stade d’avancée de l’épidémie à l’heure actuelle ?
La région Occitanie est l’une des régions françaises parmi les moins touchées par l’épidémie de coronavirus. Le premier cas confirmé a été pris en charge le jeudi 27 février par le CHU de Montpellier. Il s’agissait d’un homme de 31 ans qui avait récemment séjourné en Lombardie, épicentre de l’épidémie en Europe. Au 15 avril, l’Occitanie compte 4911 cas confirmés et 266 décès dus à l’épidémie. La progression, plutôt lente comparée à d’autres régions, s’est accélérée vers la fin du mois de mars (+690 hospitalisations entre le 22 mars et le 2 avril) pour ensuite se stabiliser et décroître au début du mois d’avril (-21 hospitalisations entre le 2 et le 14 avril). Le nombre de personnes hospitalisées étant désormais moins important que le nombre de personnes ayant regagné leur domicile.
La région est-elle bien équipée pour faire face à l’épidémie ? Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
La région étant relativement épargnée par l’épidémie, les hôpitaux et autres infrastructures de soins ne souffrent pas d’une saturation des malades. Le personnel médical étant suffisant en Occitanie, début avril une cinquantaine de soignants ont pu partir pour aller prêter main-forte aux équipes hospitalières d’Île-de-France. Cependant, les équipes médicales restantes déplorent le manque de matériel de protection. Le CHU de Toulouse travaille chaque jour pour garantir le stock de masques et, ne pouvant compter sur les stocks de l’État, achète lui-même des masques auprès de fournisseurs agréés en chine.
Les autorités locales ont-elles pris des mesures particulières pour faire face à cette crise sanitaire ?
Les métropoles de Toulouse et Montpellier ont pris des dispositions pour renforcer l'accueil des sans-abri. Montpellier a ouvert deux gymnases équipés chacun de 25 lits, la Croix Rouge y assure l'accueil. À Toulouse, la préfecture annonce l'ouverture de lieux dits de « desserrement » pour isoler les sans-abri atteints du Covid-19 jusqu'à leur guérison. Le vendredi 27 mars, l’ARS d’Occitanie et toutes les préfectures d’Occitanie ont lancé un appel au don pour des masques et d’autres équipements de protection (masques, blouses, charlottes, gants, plexiglas, lunettes…).
Êtes-vous au fait d’initiatives citoyennes au sein de la région Occitanie dans ce contexte de crise sanitaire ?
Les initiatives solidaires sont nombreuses. L’ARS d’Occitanie avec le soutien de la start-up MedGo a lancé #Renfort-Covid, une interface digitale qui permet à toute personne de venir en renfort des établissements de santé et médicaux-sociaux. Des groupes sur les réseaux sociaux ont vu le jour comme « s’entraider face au coronavirus à Toulouse » ou « coronactivités en famille ».
Des étudiants proposent leurs services de gardes d’enfant via l’application Nextdoor. L'association Voisins solidaires propose de son côté un kit gratuit intitulé "Coronavirus : et si on s’organisait entre voisins". Il a pour objectif d'aider les habitants à organiser l'entraide grâce à des affiches, des tracts et un mini-guide de conseils fait par des professionnels. Dans un autre registre, Asso Pour eux Toulouse est un mouvement citoyen pour aider les sans-abris : les gens cuisinent des plats qui sont ensuite récupérés et distribués aux sans abris.