Sam Tanson : "C’est la troisième fois qu’une ville luxembourgeoise est nommée Capitale européenne de la culture"
Sam Tanson (promo 02) est journaliste, avocate et, depuis 2019, ministre de la Culture et de la Justice au Luxembourg. Alors qu’Esch-sur-Alzette a été nommée Capitale européenne de la culture 2022, entretien avec une ancienne sciences po qui n’a rien oublié de ses années rue saint-guillaume.
Propos recueillis par Bernard El Ghoul et Camille Ibos
Sam Tanson, ministre de la Culture luxembourgeoise (Crédits : SIP/Yves Kortum).
Pourquoi avoir choisi de faire vos études à Sciences Po ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Depuis le Luxembourg, je m’étais toujours intéressée à la vie politique française et je me voyais bien faire mes études en France. Je ne me suis pas lancée tout de suite : au cours de mes études de droit, j’ai préparé le concours avec une amie et nous avons toutes les deux été admises en deuxième année, tandis que je poursuivais ma maîtrise de droit en parallèle. Les souvenirs que j’en garde sont précieux. La qualité de l’enseignement était exceptionnelle, ainsi que les échanges avec les autres étudiants.
Sur quels projets travaillez-vous, au sein du ministère ?
J’ai profité de mes deux casquettes pour lancer un projet culturel dans les prisons et je travaille à renforcer le statut équivalent à celui d’intermittent du spectacle pour nous assurer que les artistes puissent créer dans de bonnes conditions. Mon ministère travaille sur plusieurs axes : l’accès à la culture, les appels à projet, la visibilité des artistes luxembourgeois à l’étranger via la création de l’agence Kultur / lx, des projets d’infrastructure… La loi du 25 février 2022 sur la protection du patrimoine me tenait aussi énormément à cœur. Elle nous amène véritablement à une nouvelle ère, avec l’élaboration d’inventaires, commune par commune, des bâtiments à protéger et le développement d’une archéologie préventive pour évaluer la valeur d’un patrimoine avant d’initier un chantier.
Esch-sur-Alzette a été nommée Capitale européenne de la culture 2022. Qu’est-ce que cela signifie, y compris sur le long terme ?
C’est la troisième fois qu’une ville luxembourgeoise est nommée Capitale européenne de la culture, mais la première fois que ce n’est pas Luxembourg-Ville (1995 et 2007) ! Cette nomination crée une dynamique, mais le plus important pour moi, c’est ce qui va en rester. Nous investissons bien entendu beaucoup et cet investissement, tant en termes humains que financiers, devra donner quelque chose de pérenne. La région d’Esch est très intéressante, en ce qu’elle montre une autre facette du Luxembourg que le pôle financier : en tant que région sidérurgique, elle a fondé la richesse du Luxembourg et en a fait une terre d’émigration. Ce statut de Capitale européenne a aussi créé une opportunité de coopération, non plus seulement économique, mais culturelle avec les communes françaises frontalières, dont les travailleurs viennent tous les jours.
Avez-vous un message pour les actuels étudiants à Sciences Po ?
Réalisez la chance que vous avez ! Je regrette de ne pas avoir suivi encore plus de cours et profité davantage de tout ce qui était offert en termes d’enseignements. Les études supérieures sont une période charnière et on ne le réalise peut-être pleinement qu’après. Nourrissez-vous de tout cela !
Cet entretien a initialement été publié dans le numéro 25 d’Émile, paru en juin 2022.
