Philippe Diallo, président de la FFF : "Il faut s’interroger sur le sport que nous voulons pour demain"

Philippe Diallo, président de la FFF : "Il faut s’interroger sur le sport que nous voulons pour demain"

Comment le football peut-il s’adapter aux enjeux du XXIe siècle ? Pour Émile, Philippe Diallo (promo 90), président de la FFF en lice pour sa réélection en décembre, présente ses ambitions pour un sport plus inclusif et durable.

Propos recueillis par Alexandre Thuet Balaguer

Président de la FFF depuis 2023, Philippe Diallo est candidat à sa succession pour un mandat de quatre ans. (Crédits : FFF)

Vous avez commencé votre parcours dans un centre de formation de football avant d’intégrer Sciences Po. Pourquoi ce choix ? 

J’ai joué au football durant ma jeunesse et j’ai intégré le centre de formation du FC Nantes, tout en poursuivant mes études au collège et au lycée comme mes camarades. À un moment, j’ai dû choisir entre une carrière de sportif professionnel et la poursuite de mes études. J’ai opté pour les études et me suis d’abord orienté vers le droit. Par la suite, j’ai intégré Sciences Po, qui était vraiment l’école que je désirais. J’appréciais son esprit, son histoire, et cela correspondait parfaitement à mon désir de connaissance et à mes aspirations de l’époque. 

Et que retenez-vous de votre passage dans l’école ? 

J’ai fréquenté l’ancien Sciences Po, avant la grande réforme, avec des cycles de deux ans. Pour moi, cela fut une parenthèse intellectuelle enchantée. Ce qui m’a marqué, c’est l’opportunité de côtoyer certains des esprits les plus brillants de l’époque, beaucoup faisant partie du corps enseignant de Sciences Po. Par exemple, je me souviens des revues de presse hebdomadaires de Pierre Grosser, ou encore d’un cours avec Pierre Manent, venu avec une édition originale d’Adam Smith. Il a passé un quart d’heure à traduire seul un mot pour en extraire toute la portée de l’œuvre. C’était un exemple fascinant de l’acuité intellectuelle de nos professeurs, et cela m’a profondément enrichi. 

Vous avez ensuite travaillé dans les instances du football, notamment à l’Union des clubs professionnels et à la FIFA en tant que juge des litiges. En 2023, vous avez pris la tête de la Fédération Française de Football, avec un programme comprenant des changements majeurs (création d’une Ligue 3, révision de la Coupe de France…). Pourquoi estimez-vous ces réformes nécessaires aujourd’hui ?

Avant tout, il est essentiel de saisir ce qu’est la Fédération Française de Football. C’est la première fédération sportive de France, rassemblant 2,4 millions de licenciés. Chaque semaine, 15 à 20 millions de Français sont concernés directement ou indirectement par le football, que ce soit au niveau amateur ou professionnel. Que ce soit un parent qui accompagne son enfant à un match, un bénévole dans un club, ou quelqu’un qui tient la buvette, le football est une activité à la fois ludique et porteuse de sens. En tant que fédération, nous avons un rôle central dans la transmission de valeurs et l’éducation. 

« Le football est un espace où se forge le vivre-ensemble, où l’on apprend les règles communes, où se construit l’épanouissement personnel. »

Quand on évoque le football, on pense souvent à l’équipe de France ou aux championnats professionnels, mais il y a également ces 2,4 millions de licenciés, dont près d’un million de mineurs, répartis dans environ 12 000 clubs à travers le pays. Au-delà du plaisir du jeu, ces clubs représentent de véritables lieux de socialisation. En effet, aux côtés de la famille et de l’école, le football constitue en effet le troisième lieu de socialisation en France. C’est un espace où se forge le vivre-ensemble, où l’on apprend les règles communes, et où se construit l’épanouissement personnel, même en dehors du sport. C’est cela, le projet associatif de la Fédération : favoriser la pratique du football tout en jouant un rôle de transmission et d’éducation pour les générations futures. 

Vous évoquez l’influence de la FFF dans l’éducation des plus jeunes, bien au-delà du football. Sur un défi majeur et concret du XXIe siècle, quels sont vos objectifs concrets en matière d’écologie, notamment en ce qui concerne les déplacements des équipes ? 

J’ai élaboré une politique pour la Fédération fondée sur trois grands piliers : la performance sportive, afin que nos équipes nationales soient compétitives au plus haut niveau ; la performance économique, pour garantir un financement solide et durable ; et la performance sociétale, pour promouvoir des valeurs essentielles. Avec 2,4 millions de licenciés, notre Fédération se confronte aux mêmes enjeux que la société. C'est pourquoi nous avons créé une Direction de l’engagement, axée sur des sujets cruciaux tels que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la féminisation, l’insertion professionnelle, la laïcité et la transition écologique. 

La FFF a lancé en 2014 son Programme Éducatif Fédéral pour former ses licenciés de 5 à 18 ans aux règles de vie. (Crédits : FFF)

Sur le plan environnemental, nous avons déjà réalisé des avancées significatives. Actuellement, 85 % des déplacements de nos sélections nationales s’effectuent en train ou en bus. L’équipe de France a pris le train pour se rendre à Metz pour la première fois. Bien sûr, cela nécessite une organisation complexe, car il faut tenir compte des impératifs de la haute performance en matière de récupération des joueurs, de leur sécurité, et mobiliser des ressources spécifiques. Nous privilégions le transport ferroviaire chaque fois que cela est possible. 

Nous avons également lancé d’autres initiatives. Avec EDF, nous avons réalisé un bilan carbone du football français, dont les résultats seront publiés d’ici la fin de l’année. Nous prévoyons de convertir notre flotte de véhicules à l’électrique, non seulement au siège de la Fédération, mais également dans nos ligues et districts à travers le pays. Par ailleurs, nous étudions des mesures pour la gestion de l’eau et l’économie d’énergie, participant ainsi au plan de sobriété gouvernemental, où nous avons dépassé les objectifs d’économies. 

Enfin, nous nous engageons sur des innovations écologiques spécifiques au football, comme la gestion de l’eau pour l’entretien des pelouses en période de sécheresse, et la transition vers des matériaux plus durables pour les terrains synthétiques. Nous avons signé une convention avec l’université de Saclay et le CNRS pour développer des solutions de jeu respectueuses de l’environnement. Ces recherches nous permettront d’intégrer des expertises scientifiques dans nos pratiques et de progresser sur la voie de la transition écologique dans le football. 

Sur l’enjeu de la féminisation dont vous parliez, votre vice-président, Jean-Michel Aulas, est activement engagé. Si vous obtenez un prochain mandat de quatre ans, quelles seraient vos priorités pour renforcer cette dynamique ? 

La féminisation du football progresse, et nous avons déjà établi des bases solides. Dès le prochain comité exécutif, la Fédération sera intégralement paritaire, avec 50 % de femmes. D'ici 2028, toutes les ligues régionales métropolitaines atteindront également cette parité. Nous avons lancé un processus de féminisation au sein des instances dirigeantes qui garantira une répartition égale au niveau national et régional. 

« D’ici 2028, toutes les ligues régionales métropolitaines atteindront également cette parité. »

Sur le plan sportif, le football féminin continue de se développer. Nous avons franchi un cap important l'année dernière avec plus de 250 000 licenciées féminines. Pour la saison 2024-2025, nous enregistrons déjà une hausse de 7 % des inscriptions de jeunes filles, un signe encourageant de l'attractivité du football. Cependant, le principal défi reste de disposer des infrastructures nécessaires : terrains, vestiaires adaptés et éducateurs qualifiés pour accueillir toutes ces nouvelles joueuses. 

Pour répondre à cette demande, nous avons créé une filière de formation dédiée, comprenant des centres de préformation et des centres de formation au sein des clubs professionnels. Nous avons également obtenu l’agrément du ministère des Sports pour renforcer cette filière, qui existait auparavant uniquement pour les garçons. Mon objectif est d'atteindre 500 000 licenciées dans les cinq prochaines années, en développant cette filière de la base jusqu’à l’élite, avec un championnat de première division Arkema solide et une équipe de France féminine performante. 

Je m'engage également à garantir une égalité de traitement entre les sélections féminines et masculines. L’équipe de France féminine dispose désormais des mêmes moyens que l’équipe masculine en termes d’hébergement, de déplacements et d’encadrement. J’ai souhaité mettre en place avec les représentantes des joueuses une convention de droits d’image, identique à celle déjà signée pour l’équipe masculine. Cette parité est un engagement concret et un symbole fort de notre vision d’un football plus inclusif et égalitaire. 

Les programmes que vous mettez en place s’adressent principalement aux personnes directement liées à la Fédération Française de Football. Comment comptez-vous toucher un public plus large, notamment les supporters qui gravitent autour de l’univers du football sans être affiliés directement à la Fédération ? 

Nous avons entrepris des démarches pour renforcer le lien avec les supporters, notamment en créant des clubs de supporters officiels au sein de la Fédération pour ceux qui soutiennent les Bleus. Nous collaborons étroitement avec eux pour améliorer l’expérience autour des matchs : leurs déplacements, leur accueil, et bien sûr leur sensibilisation aux enjeux sociétaux.

Pour étendre notre action, nous avons lancé un appel à projets dans le cadre de notre plan d’engagement. Cet appel a suscité un réel engouement dans le secteur associatif, et nous collaborons désormais avec de nombreuses associations spécialisées qui mettent en place divers programmes sur des thématiques telles que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, l’inclusion ou encore la sensibilisation environnementale. Ces associations apportent leur expertise afin d'atteindre et de mobiliser un public plus large, au-delà des seuls membres de la Fédération. 

La surprofessionnalisation du football suscite de plus en plus de critiques. Quelles mesures envisagez-vous pour lutter contre ce phénomène, tout en accompagnant les joueurs dans leur épanouissement personnel, en plus de leur développement professionnel ? 

Le football a connu, au cours des dernières décennies, une croissance économique majeure. Ce phénomène, souvent désigné sous le terme de « foot business », traduit l'augmentation significative des revenus générés par le football, ce qui est positif dans la mesure où cela permet de financer des programmes qui profitent à toute la pyramide du football, y compris les clubs amateurs. 

Cependant, cette croissance engendre des effets pervers : une multiplication des compétitions qui peut devenir confuse pour les supporters, une surcharge de matchs qui inquiète parfois sur la santé des joueurs, et des problèmes d'accès aux matchs pour certains fans, ce qui a contribué à des pratiques comme le piratage.

Ci-dessus, une photographie du Mur Bleu des supporters de la Meinau. Selon une étude de la LFP, 37% des téléspectateurs de la Ligue 1 sur le début de saison 2024-2025 ont regardé les matchs via des flux pirates, en réponse à des offres d’abonnement éclatées entre diffuseurs, dont les prix dépassent par exemple les 30€ mensuels pour DAZN. (Crédits : X22c23a / Wikimédia)

Pour répondre à ces défis, il est essentiel de renforcer le dialogue entre toutes les parties prenantes du football et de doter les fédérations des outils juridiques et économiques nécessaires pour réguler efficacement la discipline. Dans de nombreux grands pays, la gestion du football professionnel incombe aux ligues professionnelles, et la Fédération doit jouer un rôle de soutien. 

Il est crucial d'engager un débat sur la nature du football que nous souhaitons en France et en Europe. Souhaitons-nous un modèle américanisé, ou un sport européen qui préserve des valeurs comme la montée et la relégation, permettant ainsi aux plus modestes de rêver d’atteindre les sommets ? Ce débat revêt une importance politique : il incombe aux dirigeants et aux instances européennes de s’interroger sur les moyens d’assurer une régulation efficace, garantissant un développement équilibré du football, tout en protégeant les intérêts des joueurs et des clubs. 

Mais cette régulation concernerait-elle des aspects tels que les salaires, les indemnités de transfert, ou la capacité de la Fédération à imposer des règles aux clubs ? 

Effectivement, cela fait partie de l'esprit du débat et des analyses que nous pouvons mener. Vous avez mentionné plusieurs sujets pertinents, tels que la régulation des salaires, la mise en place d'un plafond salarial, ou encore la limitation des effectifs. On pourrait également envisager une restriction du nombre de matchs qu'un joueur peut disputer. 

Ces questions doivent être examinées dans le cadre d'une démarche visant à maîtriser et réguler le football, tout en protégeant la santé des joueurs et en maintenant une certaine équité sportive, pour que les victoires restent accessibles à un plus grand nombre. Cependant, chaque fois que nous abordons ces questions, nous nous heurtons rapidement aux problèmes de compatibilité entre le droit commun et le droit spécifique au sport. 

C'est pourquoi il est essentiel de discuter de l'octroi de pouvoirs de régulation qui soient sécurisés sur le plan juridique. Sans cela, nous risquons de nous heurter à des obstacles juridiques qui pourraient rendre difficile une régulation efficace de la discipline, comme nous l'avons évoqué. 

D'accord. Et donc, cela, c'est quelque chose que vous aimeriez peut-être porter dans votre mandat à venir ? 

Absolument, c'est un sujet que je compte porter, d'autant plus qu'il s'agit de questions qui vont se poser de manière inéluctable. Nous sommes à un tournant, et des enjeux comme ceux liés aux projets de Super League ou encore la récente décision de la Cour de justice concernant le joueur Lassana Diarra illustrent bien cette réalité. Ces thématiques vont impérativement nécessiter une réflexion approfondie. 

Par ailleurs, nous constatons que de nombreux joueurs expriment des préoccupations concernant le rythme et la fréquence des matchs. Certains se retrouvent à jouer entre 65 et 70 matchs par saison, ce qui soulève des problématiques majeures en matière de santé, de récupération et de blessures. C’est pour cette raison qu’il est crucial de s’attaquer à ces enjeux, car ils reflètent une réalité incontournable du football d'aujourd'hui. Cela constitue une part significative de notre sport et il est impératif d'y apporter des solutions. 

Avec l'afflux de capitaux étrangers dans les clubs français, la question de la souveraineté des clubs, mais aussi celle des supporters et de l'écosystème du football, se pose. La FFF envisage-t-elle des mécanismes pour encadrer ces investissements ? 

Cette internationalisation des capitaux dans le football découle largement de la globalisation du sport. Des pays comme l’Angleterre ont été des précurseurs dans cette tendance, et la France suit naturellement cette dynamique. Je suis heureux de voir, par exemple, que la famille Arnault est récemment devenue propriétaire du Paris FC, et je salue également l’engagement de longue date de François Pinault au Stade Rennais. 

« Il est impératif d’agir politiquement pour préserver un modèle sportif européen face à la tendance du marché. »

L’Allemagne a pris un autre chemin en imposant la règle du "50 + 1", qui limite la prise de contrôle majoritaire par un investisseur extérieur, protégeant ainsi la souveraineté des clubs. Toutefois, cette règle soulève aussi des questions de compatibilité avec les traités européens, en particulier en matière de liberté de circulation des capitaux. 

Pour le moment, la FFF n’a pas de pouvoir d’intervention dans la vente d’actions des clubs, qui demeurent des sociétés commerciales privées. Les transactions entre vendeurs et acheteurs relèvent du marché libre, et la fédération ne dispose pas de mécanismes de régulation pour intervenir dans ces opérations, qui sont gérées entièrement dans le cadre privé. 

Concernant la baisse historique de plus de 100 millions d’euros du budget du ministère des Sports, en partie liée au passage des Jeux Olympiques, pensez-vous que cette réduction va affecter durement votre fédération et les clubs amateurs ?

Je vois plusieurs aspects à considérer. D’une part, je déplore que le sport soit, une fois de plus, considéré comme une variable d’ajustement budgétaire. Nous avons tous vibré avec les Jeux Olympiques, célébré le sport et la pratique sportive pour tout ce qu’ils apportent. Mais, hélas, l’engagement budgétaire ne reflète pas cet enthousiasme, et c’est regrettable. Bien que je comprenne les contraintes des finances publiques, je pense que le sport est un pilier essentiel de la cohésion nationale et qu’il mérite plus de considération dans les choix budgétaires. 

Le sport dépasse la simple pratique physique : il véhicule des valeurs, soutient l’éducation et favorise l’émancipation. Maintenant, est-ce que cette réduction budgétaire va impacter notre fédération ? Probablement, oui. Cependant, nous sommes solides, et nous mobiliserons tous les moyens nécessaires pour que notre football amateur ne subisse pas cette baisse. Il faut noter aussi que la part des subventions publiques dans notre budget est relativement faible, car nos ressources proviennent surtout d’acteurs privés. 

Il y a toutefois un autre effet à prendre en compte : celui des collectivités locales, principaux financeurs du sport en France. Leurs finances sont également sous pression, et cela pourrait entraîner une réduction des subventions pour les associations sportives locales. C’est un risque réel pour le développement de la pratique sportive. Nous devons rester vigilants et veiller à ce que l’élan donné par les Jeux Olympiques et l’ambition de faire de la France une nation sportive ne s’évanouissent pas. Il serait dommage que l’héritage des Jeux se réduise à peu de chose. 

Vous avez mentionné l’existence de deux modèles concurrents dans le sport actuel : un modèle "américanisé", très axé sur le marché, et un modèle davantage régulé, avec une redistribution plus forte et un soutien au sport amateur. Selon vous, d’ici dix ans, ce modèle américanisé finira-t-il par se réguler de lui-même, ou faudra-t-il une volonté politique pour l’encadrer ? 

Je pense que les forces du marché sont très puissantes, et la tendance naturelle pousse effectivement vers un modèle américanisé. Dans ce modèle, les acteurs investissent avant tout pour être compétitifs, quelles que soient les circonstances, et l’économie y tient une place prédominante, parfois même exclusive. 

Si nous voulons promouvoir un modèle qui porte d’autres valeurs, où l’économie n’est pas l’unique priorité, il nous faut aussi mettre en avant le partage et l’accessibilité pour tous, y compris pour les clubs plus modestes qui rêvent de grandes compétitions. Cette année, par exemple, le parcours de Brest en Ligue des champions montre l’importance de permettre à des clubs de taille moyenne d’accéder à de telles opportunités. 

Pour préserver ce modèle, il est essentiel d’agir politiquement dans le sens noble du terme, c’est-à-dire de s’interroger sur le sport que nous voulons pour demain. Comme je le disais, la tendance du marché nous oriente vers un modèle américanisé. D’où la nécessité d’une intervention politique, avec des règles spécifiques et des mécanismes de régulation économique solides pour préserver un modèle sportif européen.

Si nous n’arrivons pas rapidement à instaurer ces outils de régulation, je crains que les dynamiques du marché nous mènent vers un sport "à l’américaine" au sein même de l’Union européenne. Nous observons déjà cela dans plusieurs disciplines, comme le basket, le cyclisme, voire le rugby, où des compétitions majeures sont gérées par des sociétés privées.


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