Le billet de Pascal Perrineau - Fillon & Juppé : une vision, deux méthodes ?
Le dernier débat de l’élection primaire de la droite et du centre a vu s’opposer François Fillon et Alain Juppé davantage sur la méthode que sur le fond.
Certes, sur les questions de la réduction du nombre d’emplois publics ou sur le remboursement des dépenses maladies ou encore sur la durée du travail, François Fillon a montré que son degré de libéralisme était plus important que celui d’Alain Juppé mais tout cela ne remettait pas en cause l’idée qu’un « choc libéral » était nécessaire pour dégripper une économie et une société quelques peu bloquées.
Au fond, les deux hommes ont montré qu’ils partageaient nombre d’objectifs en commun mais qu’ils n’étaient pas d’accord sur les moyens pour y parvenir. Contrairement à un immédiat après-premier tour où les crispations avaient semblé l’emporter, le débat a montré que l’escalade n’était pas inévitable et qu’une droite traumatisée par des décennies d’affrontements délétères (Chirac-Balladur, Sarkozy-de Villepin, Copé-Fillon…) pouvait ne pas transformer l’élection primaire en « machine à perdre ».
C’est sur les enjeux sociétaux et de politique étrangère que les différences ont été peut-être les plus profondes. Au conservatisme tranquille mais préoccupé de François Fillon s’opposait une confiance modérée mais réelle d’Alain Juppé dans les changements qui affectent la société française. Même opposition en matière de politique étrangère où sur les dossiers de la Syrie, de la Russie et de l’Union européenne, François Fillon est plus dans une logique de confiance au seul jeu diplomatique des Etats alors qu’Alain Juppé reste plus sensible à l’Europe et au respect strict du droit international.
Restait hier un grand absent du débat qui sera décisif dans les mois qui viennent : l’opinion publique qui définira dans la période électorale qui s’ouvre un cadre de contraintes aux ambitions et aux prévisions du candidat que le peuple de droite et du centre aura choisi.