Une idée pour la France - Le droit de vote pour les étrangers

Par François Gemenne (promo 09), directeur exécutif du projet « Politiques de la Terre à l’épreuve de l’Anthropocène » à Sciences Po, expert associé au CERI

J’habite en France depuis 2007. J’y travaille, j’y paie mes impôts, j’y donne cours, et je pense avoir une maîtrise acceptable de la langue française. On me demande parfois de commenter l’actualité politique du pays, voire même de proposer une idée pour le rendre meilleur. Pourtant je ne peux pas voter. En 2017, quand mes amis ou collègues me demanderont pour qui je compte voter à l’élection présidentielle, je répondrai, un peu gêné, que je n’ai pas le droit de voter à l’élection présidentielle. Ni aux élections législatives. Uniquement aux élections locales et européennes. Et encore, c’est parce que je suis Européen. Ceux qui ne le sont pas n’ont même pas ce droit-là.

Alors, je sais bien que c’est une vieille idée, qui n’est pas particulièrement originale. Mais ça reste une gifle que la République inflige à chaque élection aux 3,8 millions d’étrangers qui habitent en France et la font vivre. On rétorquera qu’ils n’ont qu’à devenir français, et ils pourront voter. Mais pourquoi devraient-ils abandonner une part de leur identité pour devenir des citoyens du pays dans lequel ils habitent ? Permettre aux étrangers de voter, ça ne coûte pas un centime et ça ne modifiera pas le paysage électoral du pays. Mais c’est la manière la plus évidente dont la République peut dire aux étrangers qu’ils sont aussi des citoyens de plein exercice. Et ça change tout.

Cette proposition est extraite du livre 140 idées pour la France (éditions Temporis, 2015). Cliquez ici pour en savoir plus. 

Crédit illustration : Boll - 140 idées pour la France