En attendant mai - L'heure des comptes
Jason Wiels, journaliste à LCP, nous livre une chronique hebdomadaire sur l'élection présidentielle. Cette semaine il évoque le bilan du gouvernement à la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes.
En politique, il suffit parfois de faire moins pire que ses prédécesseurs pour afficher un bon bilan. C'est en tout cas un constat qu'a fait sien Bernard Cazeneuve lors de la publication du rapport annuel de la Cour des comptes, le dernier du quinquennat.
En un mot, si les Sages notent "les efforts" réalisés depuis 2010 en matière de dépenses publics, ils critiquent des trajectoires budgétaires au mieux optimistes, au pire hasardeuses pour les années à venir.
Face au questionnement pressant de l'opposition à l'Assemblée, mardi, sur ce sujet, le Premier ministre a renvoyé la balle dans le camp de l'accusation :
"Ça vous fait de la peine lorsque nous sommes à 3,3% de déficit, alors que vous étiez contents lorsque vous étiez à 5,1%..."
Avant de rappeler, même si le contexte et l'époque différaient, que la dette avait explosé de "25 points de PIB" entre 2007 et 2012.
S'il est toujours bon de ne pas avoir la mémoire courte, Bernard Cazeneuve conclut alors dans une sorte d'inversion des rôles magistrale :
"Votre bilan est tel que vous n'avez pas d'autres solutions que de faire campagne avec des bobards !"
Une brillante démonstration... qui néglige cependant le résultat-boulet du quinquennat : + 500 000 chômeurs en cinq ans.
Et peu importe ce que font dire aux chiffres les Sages de la rue Cambon, le Premier ministre ou ses adversaires, car, en fin de compte, seuls ceux sortis des urnes compteront.