Le billet de Pascal Perrineau - Le Pen inéluctablement en tête au premier tour...
En ce début du mois de février, la campagne a connu de nombreux rebondissements : l’érosion sensible du capital électoral de François Fillon, la dynamique d’intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron, le duel entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon pour contrôler l’espace de la gauche de contestation… Néanmoins, toutes ces redistributions ne semblent pas affecter la capacité de la Présidente du Front national à faire nettement la course en tête dans la perspective de l’élection présidentielle d’avril-mai 2017.
La dernière vague de l’enquête électorale réalisée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) du 7 au 12 février auprès d’un échantillon d’environ 16 000 électeurs est sans appel : avec 25 à 26% des intentions de vote Marine Le Pen a une avance de trois à cinq points (selon la configuration des candidatures) sur Emmanuel Macron, d’environ huit points sur François Fillon et de plus de dix points sur Benoît Hamon. Il sera difficile pour ses concurrents de la déloger de cette première place. Trois-quarts de ses électeurs déclarent être tout à fait sûrs de voter pour elle le 23 avril prochain. Ce n’est le cas que d’environ 60% des soutiens de François Fillon, 40% de ceux de Benoît Hamon et à peu près 33% de ceux d’Emmanuel Macron.
Le vote en faveur de Marine Le Pen est animé d’une « foi » et d’une « volonté de changer profondément les choses ». Sur ce dernier item, elle est bien mieux placée que tous ses challengers. En revanche, elle continue à souffrir d’un déficit sensible sur sa capacité à « avoir l’étoffe d’un(e) Président(e) de la République ».
La clef du second tour de l’élection sera dans la réponse que les électeurs apporteront à la question suivante : « L’élection du 7 mai reste-t-elle une élection pour « élire un Président » ou devient-elle une élection pour « renverser la table » ?