L'infiltré - Apprenez à les connaître : le gouvernement de Marine Le Pen
Et si Marine Le Pen était élue en mai prochain, qui pourrait-elle nommer au gouvernement ? Cette semaine, l'infiltré s'est prêté à un exercice qui le terrifie : dresser la liste des potentiels ministres de la candidate du Front national...
C’est, paraît-il, le pire cauchemar de François Hollande : être celui qui accueillera Marine Le Pen en haut du perron de l’Elysée pour lui céder le pouvoir, celui qui devra lui serrer la main, celui qui rendra symboliquement les armes, celui qui acceptera la soumission.
Heureusement, à écouter les spécialistes, ce n’est pas possible, elle ne peut pas gagner. C’est la fameuse théorie du « plafond de verre », déjà évoquée ici.
Pourtant, l’inquiétude monte et commence à s’exprimer…
A droite, on s’interroge : combien de personnes présentes pour soutenir François Fillon au Trocadéro dimanche dernier seraient prêtes à sauver la République en votant pour Emmanuel Macron au 2ème tour ? Assurément bien peu.
A gauche, également : combien d'électeurs de Mélenchon ou d'Hamon au 1er tour seraient prêts à voter pour Marine Le Pen au 2ème ou à s’abstenir ce qui reviendrait au même ? Assurément bien plus qu'on ne croit et bien plus encore que ne le disent les sondages.
Et, au Front National, on se prépare à tout… même la victoire. Le shadow cabinet de Marine Le Pen, composé de ceux qu’elle appelle ses « orateurs nationaux », forme déjà un embryon de gouvernement. Il serait peut-être temps d’apprendre à les connaître.
Il y a d’abord l’incontournable.
Marine Le Pen présidente, il est probable que Florian Philippot deviendrait son Premier ministre. Sa mainmise sur l'organigramme du Front national prouve à l'évidence son influence. Si elle était élue, sa victoire serait la leur, celle d'un couple qui, sans en être un, a gravi ensemble les marches du pouvoir, se débarrassant progressivement des oripeaux du passé, du Menhir et de ses compagnons de route.
Prenez Bruno Gollnisch. Depuis toujours, il se prépare à être ministre de la défense et prétend, en tant qu'ancien de la Marine (nationale s'entend...), qu’il bénéficie de quelques états de service. Néanmoins, sa fidélité à l'égard de Papa pourrait conduire Marine à l'écarter de toute responsabilité. Vous imaginez s’il lui prenait l’idée de faire un putsch...
Dans ce cas, avec son nom de maréchal d’Empire, Wallerand de Saint-Just pourrait le remplacer à ce poste, à la hussarde.
Autre incontournable : Nicolas Bay. C’est l'homme qui monte au FN, le nouveau secrétaire général du parti depuis quelques mois. Il se murmure qu'il pourrait devenir ministre de l’Intérieur et de l'immigration. On lui prédit beaucoup de travail et peu de satisfactions.
Le poste de Garde des sceaux, ministre de la justice, semble déjà attribué, et depuis longtemps. Gilbert Collard en rêve depuis qu'il a enfilé sa première robe d'avocat et c’est sans doute pour cette raison qu’il a eu sa carte dans à peu près tous les partis de France, avant d'échouer au FN.
David Rachline s'est spécialisé dans les collectivités locales. Pas un colloque d'élus sans que le sénateur-maire de Fréjus n'intervienne. Son physique tout en rondeur et son discours à l'avenant lui ouvrent droit à des applaudissements de plus en plus en respectueux. Il ferait partie du casting.
À l'agriculture, Sophie Montel députée européenne de Franche-Comté, et, aux affaires sociales, Marie-Christine Arnautu sont les deux seules femmes en vue. Certes, c'est peu mais le fait que le Président de la République soit pour la première fois une Présidente vaudrait tous les engagements de parité.
Sébastien Chenu pourrait être secrétaire d'Etat à la diversité culturelle, c'est le poste qu'il occupe aujourd'hui auprès de Marine Le Pen, exactement le même que celui qu'il avait chez Les Républicains, il y a encore quelques mois. On ne sait toujours pas réellement de quoi il s'agit.
Steeve Briois, le maire d'Henin Beaumont, pourrait s'occuper de la reindustrialisation de la France et Philippe Murer, économiste, est annoncé au ministère de l'environnement. On dit le premier favorable aux gaz de schiste et le deuxième climato-sceptique.. Les deux devraient bien s’entendre.
Philippe Martel serait pressenti pour être ministre du travail. Ce haut fonctionnaire et ex-collaborateur de Juppé est maintenant chef de cabinet de Marine Le Pen. Il est vrai que le droit du travail ne sanctionne pas les parcours professionnels incohérents.
Eric Dromard travaille déjà aujourd'hui auprès de Marine Le Pen en tant que conseiller spécial chargé des sports. Sa hantise : le rachat des clubs de foot français par des investisseurs étrangers. Comme si la bataille pour l'emploi se jouait sur ce terrain-là.
L'autre question qu'il faudrait que la nouvelle présidente tranche est la suivante : à qui faire appel pour élargir la majorité ? Quelles prises de guerre sur la droite classique et comment les payer ?
Que faire d’un Laurent Wauquiez ou d’une Nadine Morano dont les derniers propos sont parfois plus outranciers que ceux de ses propres « orateurs nationaux » ? Même porte-paroles du gouvernement, Marine Le Pen n’en voudrait pas.
On notera depuis quelques mois le silence étourdissant des deux jeunes pousses de la droite décomplexée que sont Guillaume Peltier et Geoffroy Didier. Tous les deux addicts aux plateaux télé depuis des années, ils ont étrangement disparu, préparant, qui sait, le voyage retour de celui qui les a fait venir du FN aux Républicains.
Philippe de Villiers, lui, a déjà fait des offres de service. À condition qu'elles soient à la hauteur de l'estime qu'il porte à sa propre personne, c’est-à-dire au minimum, ministre des affaires étrangères et de la souveraineté nationale, avec rang de ministre d’Etat.
Jacques Myard, député LR souverainiste, pourrait être son ministre délégué aux affaires européennes. On les imagine arrivant tous deux à Bruxelles, les Don Quichotte et Sancho Panza du Frexit...
Ludivine de La Rochère, présidente de la manif pour tous, pourrait être ministre de la famille. À moins que Christine Boutin fasse, une nouvelle fois, don de sa personne à la France.
À la culture et à la communication, se préparent les duettistes de la reprise en main idéologique : Eric Zemmour et Robert Ménard. L'un pourrait s'occuper des intermittents du spectacle, l'autre des journalistes, ces deux catégories de Français malades du virus gauchiste que ces Diafoirus idéologiques sauraient soigner à leur manière...
Si cela ne suffisait pas, on pourrait toujours leur ajouter Patrick Buisson à l’enseignement de l’Histoire de France et aux écoutes téléphoniques, deux domaines d’action qu’il connait bien...
Reste évidemment le problème principal pour Marine Le Pen : recaser les siens. Comme dit la chanson, « on choisit pas ces parents, on choisit pas sa famille... »
Penser que Jean-Marie Le Pen ne serait pas invité à la fête, c’est méconnaître ce qui fait l’histoire de cette famille : une PME politique sans foi ni loi. Si Marine Le Pen gagne, son père sera évidemment à la cérémonie d'investiture à l'Elysée, au milieu des « corps constitués » et de ses adversaires de toujours, comme un ultime pied de nez du destin.
Le voir intégrer un gouvernement Philippot ne semble pas si improbable que ça. Pour occuper ses vieux jours, Marine pourrait lui proposer le secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Ce serait finalement un retour aux sources pour le lieutenant Le Pen qui justifia à de nombreuses reprises la torture en Algérie.
Pour Marion Maréchal Le Pen, les choses semblent encore plus simples car elle a déjà fait savoir qu'elle serait intéressée par le ministère de l'Education nationale. Ça tombe bien : au FN personne ne veut s’occuper des enseignants et il n’y a que des coups à prendre.
Que faire enfin de Louis Alliot, le vrai compagnon de Marine ? Il devrait lui aussi, en tout logique, être récompensé. Dans ce cas, le plus simple serait de le nommer secrétaire général de l'Elysée. Il ne coûterait rien de plus à la France, il coucherait sur place. Et puis il a l'habitude de jouer les collaborateurs de Marine, il a été son assistant parlementaire. Il sera sa Pénélope.
Décidément, ça donne envie...