Le billet de Pascal Perrineau - Les "petits candidats"

Le billet de Pascal Perrineau - Les "petits candidats"

Et si on parlait de ceux dont on ne parle pas : les « petits candidats ». Le père fondateur de l’élection présidentielle au suffrage universel direct sous la Vème République, le général de Gaulle, avait conçu celle-ci comme un grand moment de rencontre entre le peuple et les candidats, au-delà et par-dessus les partis. Il avait voulu se donner les moyens d’une élection ouverte et égalitaire. Au risque d’y inviter quelques « zozos » ! La loi ne réclamait à l’époque que 100 signatures d’élus locaux pour parrainer les candidats et la campagne officielle était strictement équilibrée avec une égalité de temps de parole à la télévision et sur les ondes. Peu à peu les règles ont changé : en 1976 on passait à 500 signatures, et  les parrainages sont devenus progressivement entièrement publics. Tout cela n’a pas été favorable aux petits candidats et le système organisé par la loi organique du 25 avril 2016 (parrainages rendus publics dans leur totalité, envoi des formulaires de parrainages par les élus eux-mêmes) rend la tâche de nombre de petits candidats très ardue.

Et pourtant, les « petits candidats » sont nécessaires : pour porter une cause trop négligée (l’écologie, le fédéralisme européen, les intérêts de la ruralité…), pour incarner des sensibilités politiques minoritaires mais importantes (le souverainisme, la protestation de l’extrême gauche…) ou encore pour exprimer un désaccord ou une dissidence (Pierre Juquin communiste dissident en 1988, Bruno Mégret frontiste dissident en 2002…) Aujourd’hui nombreux sont les petits candidats, porteurs de tous ces messages, qui tentent de franchir les obstacles : Christian Troadec et la cause régionale, Alexandre Jardin et la régénération par la société civile, Antoine Waechter et l’écologie indépendante, Pierre Larrouturou et la gauche réformiste, Jean Lassalle et l’expression d’une France profonde en colère… Toutes ces voix et d’autres font partie du concert démocratique que doit être une élection présidentielle qui ne peut devenir le monopole des grands partis et des grands médias. Espérons que le 17 mars au soir, lors de la publication de la liste définitive des candidats, une partie de ces « petits candidats » aura réussi à passer le filtre des parrainages et à « ouvrir le jeu » de l’élection présidentielle.

Sortie d'amphi - Le revenu universel

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Tribune - La voie étroite de François Fillon

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