L'infiltré - Le jour d'après

L'infiltré - Le jour d'après

Parfois, au moment de prendre une décision importante, au moment de choisir, on voudrait appuyer sur le bouton "pause".

Mais, en politique, comme dans la vraie vie, personne n'a jamais arrêté le temps qui passe.

Les élections succèdent aux campagnes, les majorités se font et se défont au rythme des alternances et le temps file, comme du sable entre nos doigts.

Au rythme toujours plus rapide imposé par l'information spectacle et le panurgisme des réseaux sociaux, ne survivent que quelques dates qui font figures de totems sur notre chemin.

Nous sommes aujourd'hui le 21 avril.
Ce jour-là, il y a quinze ans, Jean-Marie Le Pen se qualifiait pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. C'était il y a longtemps et pourtant c'est comme si rien n'avait changé.

Qu'avons-nous compris de ce moment ? Qu'avons-nous appris de nos erreurs ?
La France a-t-elle changé ou se présente-t-elle, au moment où elle se donne rendez-vous avec elle-même, identique à celle qu'elle était au début de ce siècle ?

C'est au Président de la République actuel qu'on aimerait poser ces questions, acteur incontournable de ces quinze dernières années.

Mais il a autre chose à faire qu'à répondre à ces questions, lui qui va partout répétant depuis quelques jours qu'il laisse le pays dans une meilleure forme que lorsqu'il l'a trouvé.

On dit d'ailleurs que François Hollande organise désormais des cafés débats politiques avec ses ministres afin de réfléchir à la suite. Heureuse initiative, bien qu'un peu tardive peut-être...

Il écoute et note quelques réflexions, ne laissant rien paraître de ses intentions pour l'avenir mais s'intéressant plus que jamais à celui de la gauche.

A l'occasion de ces discussions, il retrouve en réalité le rôle qu'il n'a jamais vraiment quitté : celui de "Grand Synthétiseur du Parti Socialiste", un titre auquel il pourrait prétendre sans réelle concurrence et qui lui a permis pendant les quinze années qui nous sépare du 21 avril de maintenir son pouvoir à gauche.

Il faut dire que le temps presse. Le PS, au bord de la crise de nerfs, envisage de réunir dès dimanche soir son instance de décision la plus importante, un "bureau national" qui s'annonce mouvementé et qui pourrait à cette occasion reprendre son ancienne appellation de "bureau exécutif". Il s'agira en effet de se débarrasser au plus vite de Benoît Hamon.

À droite aussi, le jour d'après s'organise. Le moral dans les chaussettes, les parlementaires LR se préparent à la défaite de leur candidat dimanche soir avec des mines de conspirateur.

L'un d'entre eux me disait hier qu'il pensait que François Fillon finirait péniblement à 16% : "Tu comprends c'est compliqué quand on est catholique pratiquant de laisser traîner le bracelet Hermès de sa maîtresse dans sa chambre d'hôtel."

Un autre, élu d'une circonscription très ouvrière et donc très sarkozyste, m'avertissait l'autre jour : "Lundi prochain, on reprend le parti à Tartuffe et on mène campagne pour les législatives avec le bôgosse de Troyes. C'est Nicolas qui devient directeur de campagne, tu vas voir ça va changer !" Quand on vous dit que l'histoire ne finit jamais...

Quant à notre Simon Bolivar national, il joue gros dimanche prochain car le temps passe pour lui aussi.

Si Jean-Luc Mélenchon perd son pari, il continuera à dialoguer par-delà la mort avec l'esprit de François Mitterrand mais la conversation ne restera qu'imaginaire et intime alors qu'il la voudrait publique et universelle.

C'est d'ailleurs la seule vraie raison de sa candidature : s'asseoir à son bureau et dire à l'ancien Président : " J'y suis, maintenant parlons un peu, d'égal à égal".

Pour l'avoir pas mal fréquenté, nous sommes quelques uns à penser que, dans ce cas, la fin de la monarchie présidentielle et la convocation d'une Assemblée constituante qu'il promet à chacun de ses discours pourront attendre, le plus urgent sera de s'inspirer des lieux et de parler avec le Vieux comme il dit...

Emmanuel Macron, terriblement déçu mais définitivement accro à la politique, décidera, quant à lui, de briguer l'investiture En Marche ! pour la circonscription du Touquet-Paris Plage et prendra ainsi la tête de la fronde parlementaire, déposant amendements sur amendements, multipliant les moyens de procédure et d'obstruction.

On le retrouvera dans quelques mois Chez Françoise sous l'aérogare des invalides réunissant chaque mardi à déjeuner ses fidèles soutiens parlementaires, son puissant courant. Ou bien il redeviendra banquier.

Quant à Marine Le Pen, elle reprendra le chemin de Montretout où l'attend Papa, l'œil plus vitreux que jamais et dont on dit qu'il annonce depuis plusieurs mois l'élimination de sa fille au premier tour. "C'estle destin des dauphins d'échouer sur la plage", lui dira-t-il en l'accueillant sur le patron du Château.

On se prendrait presque à en rêver. Et si c'était finalement ça la vraie surprise de dimanche ? Et si le 23 avril ne ressemblait pas au 21 avril ?

From abroad - In Sweden, transparency without obstruction

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Le billet de Pascal Perrineau - Un sentiment d'inachevé...

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