Souvenirs - Edouard Philippe, étudiant à Sciences Po
Eric Thiers était un camarade de promotion d’Edouard Philippe à Sciences Po. Diplômé en 1992, il a occupé différents postes à l’Assemblée nationale, a été rapporteur au Conseil d’Etat et directeur de cabinet du ministre des relations avec le parlement. Il nous confie ses impressions et souvenirs du nouveau Premier Ministre…
Vous avez rencontré Edouard Philippe à Sciences Po, comment cela s’est-il passé?
C’était un élève qu’on remarquait avec sa silhouette longiligne. Je trouvais qu’il avait un faux air de ce héros d’Obélix et compagnie, Caius Saugrenus « le diplômé de l’école nationale des affranchis » qui avait été inspiré à Uderzo par Jacques Chirac. J’ai notamment le souvenir de l’avoir souvent aperçu autour du baby-foot de l’AS (Association sportive de Sciences Po).
Quelles relations aviez-vous à Sciences Po et vous êtes-vous retrouvés par la suite ?
C’était un camarade de promo, plutôt un copain de copain en quelque sorte. Disons qu’on se connaissait. Je l’ai retrouvé dix ans plus tard au Conseil d’Etat. Nous étions dans la même sous-section. Et bien que ne l’ayant pas vu depuis une décennie, il a été immédiatement très amical et j’ai été frappé par sa bienveillance pour quelqu’un qui découvrait cette institution. Une décennie encore plus tard, je l’ai retrouvé à l’Assemblée nationale, lorsqu’il est devenu député. Ce que je peux en dire, c’est qu’il n’avait pas fondamentalement changé.
Edouard Philippe, à l'époque où il était élève à l'ENA, en 1995. © MAXPPP / C.Boyer
Sa nomination comme Premier ministre vous étonne-t-elle ?
Même si c’est toujours un peu facile de l’affirmer a posteriori, ce qui ne m’étonne pas c’est qu’il accède à de hautes fonctions. A Sciences Po, j’ai le souvenir de sa décontraction et son esprit. Pour ma part, j’avais l’impression qu’il avait déjà compris les codes et qu’il les maîtrisait suffisamment pour s’en libérer. On sentait aussi qu’il était sérieux et déterminé – la preuve est qu’il a réussi le concours de l’ENA et a intégré le Conseil d’Etat – et je ne pense pas que cela ait changé évidemment. En même temps, il y avait une forme de distance aux choses et cet humour qui le caractérise ; un cocktail peu courant.
Observez-vous des différences entre l’étudiant qu’il était à l’époque, plutôt de gauche, et l’homme politique d’aujourd’hui, à droite ?
Concernant l’homme politique je me garderai bien de porter un jugement. Mais je crois que l’étudiant que j’ai connu n’aimait pas se laisser enfermer dans des cases.
Propos recueillis par Julia Laureau et Maïna Marjany