2018 : A-t-on des raisons d'être optimiste ?

2018 : A-t-on des raisons d'être optimiste ?

Pour bien commencer la nouvelle année, la rédaction d'Émile est allée à la rencontre de quelques personnalités, passées par Sciences Po, pour les interroger sur leurs raisons d'être optimistes (ou pas) en 2018...

Propos recueillis par Claire Bauchart et Maïna Marjany

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Alain Genestar (promo 76), directeur de publication de Polka Magazine: « Un nouvel état d’esprit »

Le doute s’estompe, la confiance s’installe, même à l’étranger après une décennie de moqueries. On nous envie, d’où ce nouvel état d’esprit qui pointe : « cette fois, enfin, ça peut le faire ! »

 

Thierry Oriez (promo 81) , président de JM Weston: « La conjoncture est plutôt en train de s’améliorer. »

Crédit photo : Manuel Braun

Crédit photo : Manuel Braun

Nous traversons en ce moment des phases de transition très importantes, lourdes, structurelles et donc forcément pleine d’opportunités ! Pour les entreprises, il s’agit là de bonnes périodes pour se réinventer. Au-delà de ces changements profonds, la conjoncture s’améliore. À mon sens, nous pouvons attribuer cet optimisme à un effet Macron.

 

 

Cécile Boyer Runge (promo 84), PDG de Robert Laffont: « Le regard porté par le reste du monde sur nous est en train de changer. »

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Je suis quelqu’un d’optimiste de façon générale et j’ai délibérément choisi de poursuivre dans cette voie en 2018.

Je suis très passionnée par mon métier de responsable d’une grande maison d’édition de littérature et je considère qu’il y a, aujourd’hui, beaucoup de sources d’inspiration et d’envie de plonger dans le XXIème siècle sans se dire que « c’était mieux avant ».

Une raison dîtes vous ? La France est un grand pays, riche de sa diversité, de sa culture, de son histoire et de sa géographie ! Et le regard porté par le reste du monde sur nous est en train de changer. À nous maintenant de changer notre propre regard sur la France pour espérer transformer notre société.

 

Olivier Duhamel (promo 72), président de la FNSP: « Au moins huit raisons d’être optimistes! »

Crédit photo : Manuel Braun

Crédit photo : Manuel Braun

Les Chinois consomment de plus en plus, les Américains apprécient de moins en moins Donald Trump, les Français sont moins hostiles à l’Europe, et de moins en moins pessimistes, le chômage commence à reculer, le cinéma français se porte bien, les livres se vendent encore, et de plus en plus de jeunes veulent faire Sciences Po... Au moins huit raisons d’être optimistes pour 2018 !

 

Eloïse Morales (promo 19), présidente de Sciences Po Environnement : « Les citoyens se saisissent de la parole publique! »

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Il n’y a pas 36 raisons d’être optimistes, l’essentiel est d’être réaliste. Néanmoins, fin 2017, diverses mobilisations à travers le monde ont montré que les citoyens tendent à se saisir de nouveau de la parole publique. En matière environnementale, ils n’attendent plus forcément que les politiques agissent. On a même vu une montée des recours publics contre les gouvernements pour dénoncer l’insuffisance des mesures en faveur du climat. Je pense notamment à la Norvège. Enfin, le désinvestissement des énergies fossiles et leur réorientation vers l’écologie augmentent. Les mobilisations citoyennes en marge du 12 décembre dernier ont aussi montré que le public se saisit de la finance comme moyen d’action.

Dominique Reynié (promo 1983), professeur des universités à Sciences Po: « Des centaines de millions d’humains sont sortis de la malnutrition. »

(Crédit photo : Manuel Braun)

(Crédit photo : Manuel Braun)

Ce qui me vient à l’esprit c’est la marche du monde. Jamais autant d’humains n’ont peuplé la terre et pourtant jamais autant d’humains n’ont été aussi bien nourris. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus de famine dans le monde, mais elle est devenue marginale. Des centaines de millions d’humains sont sortis de la malnutrition. C’est en soit un exploit inouïe. Il est l’expression du génie humain. Bien sûr, c’est également une des causes de notre activisme et du réchauffement climatique, mais le recul de la malnutrition permet la venue à l’âge adulte des petits génies et grands citoyens qui sauront sauver la planète. Vive 2018 ! 

 

Bernard Spitz (promo 83), président du Pôle International et Europe du Medef, président de la Fédération française de l'assurance: « Nous étions out, nous sommes in. »

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La principale raison d’être optimiste c’est que nous, Français, reprenons confiance en nous-mêmes. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le nouveau regard du monde sur la France a modifié le propre regard de la France sur elle-même. Tous ceux qui voyagent à l’étranger sont saisis par ce basculement : nous étions out, nous sommes in. La Frenchtech s’affirme, les touristes reviennent, l’Europe nous tend les bras ; et, à l’intérieur, le bon sens fait son retour, à l’école comme dans l’économie. Nous sommes de retour dans la grande compétition mondiale, et cette fois pour gagner.

 

Lucas Botbol, président du Bureau des élèves de Sciences Po : « L'innovation est maintenant dans tous les esprits. »

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Les niveaux d’investissement de capital-risque dans les start-ups françaises ont atteint un plus haut historique en 2017 et sont en croissance forte. L’innovation est maintenant dans tous les esprits — et c’est tant mieux. La France est dorénavant dans le peloton de tête européen de l’entrepreneuriat. Le fait que Sciences Po - et, à travers l'école, ses étudiants - s’inscrive dans cette dynamique de création, de renouvellement et d’innovation, voilà l’une des raisons qui me rendent des plus optimistes pour la nouvelle année.

 

Jean-Sébastien Ferjou (promo 94), directeur de la rédaction d’Atlantico: « Pourquoi faut-il, à tout prix, être optimiste ? »

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L'injonction à l'optimisme m'horripile, encore plus lorsqu'elle est utilisée pour renvoyer tous ceux qui n'y céderaient pas à de supposées passions tristes. Être optimiste, sans que cela soit le fruit d'une réflexion, relève de la simple humeur et n'est pas franchement différent en nature de la complaisance dans le déclinisme. Une humeur certainement tout à fait bénéfique sur le plan personnel, mais vaine sur le terrain des idées. En outre, l'optimisme "obligatoire" est aussi le symptôme d'un défaut de la volonté : pourquoi agir, puisque le ciel (le contexte macro-économique, politique, le progrès...) le fera pour nous ? L'optimisme européen d'Emmanuel Macron me parait, de ce point de vue-là, relever d'une quasi fake news. Il y a des tas de raisons d'être européen, d'être libéral et de croire en la possibilité d'un avenir prospère et serein pour le continent, mais substituer l'optimisme à l'analyse réaliste des rapports de force au sein de l'Union relève soit de la méthode Coué, soit d'une sorte d'escroquerie intellectuelle. L'Europe peut s'en sortir, y compris économiquement, mais encore faut-il ne pas se contenter de discours, et se confronter aux véritables problèmes qui nous ont plombés depuis la crise de 2008. Autre exemple, se réjouir du retour de la croissance sans voir qu'il s'agit largement d'un effet de rattrapage. Ceci étant dit, il y a bien sûr des champs où l'optimisme peut être de mise. L'année 2017 a, par exemple, vu plusieurs avancées médicales majeures qui pourraient se traduire par des progrès rapides dans le traitement de maladies graves. En résumé, croire qu'il est possible d'agir sur nos destins, oui. Etre optimiste par incapacité à accepter que nous n'échapperons jamais au tragique de l'histoire, non. Mais soyons optimistes et souhaitons que le nouveau monde politique le comprenne...

From abroad - Brexit through the eyes of our UK Alumni

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