Carnets de campagne 2022 : Meliha Sahovic, l’apprentie politique d’EELV
Immersion au sein de la campagne présidentielle. Émile vous emmène à la rencontre d’élèves et d’anciens de Sciences Po – jeunes militants, conseillers politiques ou élus de la République – engagés aux côtés des candidats à l’Élysée.
Par Maïna Marjany et Laure Sabatier
« J’ai intégré Sciences Po pour travailler dans l’audiovisuel, mais je me retrouve à faire de la politique ! ». Sourire aux lèvres, Meliha Sahovic, 22 ans, collaboratrice à la chefferie du cabinet de campagne de Yannick Jadot, entre à Europe Écologie Les Verts (EELV) presque par hasard, en avril 2021. Alors étudiante en première année du master Communication, médias et industries créatives à Sciences Po, la Francilienne est recrutée comme stagiaire pour épauler la campagne numérique du candidat à la primaire des écologistes. « J’avais envie de mettre mes compétences au service de causes qui me touchent », raconte celle qui se projetait alors à la Fondation Abbé Pierre ou aux Restos du cœur.
Rédaction de posts, gestion des réseaux sociaux, prise de contact avec les élus : Meliha n’a jamais milité en politique, mais prend rapidement goût à la vie du parti. « J’étais le couteau suisse de la campagne ! », résume-t-elle fièrement.
Peu à peu, la jeune collaboratrice se prend d’intérêt pour les coulisses des primaires : « J’ai été marquée par mes premiers jours de stage, au mois d’avril. Mon tuteur avait interrompu une de nos premières réunions Zoom pour répondre à un appel. Au bout du fil : la presse, qui l’interrogeait sur la présence d’Anne Hidalgo à la réunion de la gauche organisée par Yannick Jadot, le week-end suivant. Quelques jours plus tard, je lisais dans les journaux les retombées de cette réunion. Je me sentais privilégiée d’en avoir aperçu les coulisses. »
La voilà immergée dans la politique, un milieu qu’elle côtoyait jusqu’à présent à travers ses études sur les campus de Nancy, puis de Paris et des débats animés avec sa famille, clairement « de droite ». Son père, diplomate entre la France et la Bosnie, lui avait déjà donné un avant-goût de la chose publique.
Le stage de Meliha Sahovic se conclut fin septembre sur la victoire de Yannick Jadot à la primaire des écologistes. La jeune femme se voit alors proposer un emploi au sein de l’équipe de campagne. Elle recale l’agence de communication Havas, qui lui offrait un stage, et consacre son année de césure à EELV. Cette fois, il ne s’agit plus de communiquer autour de la primaire, mais d’organiser une campagne présidentielle. Un changement d’échelle qui se concrétise par l’arrivée de 40 nouveaux salariés dans l’équipe.
Collaboratrice auprès de la cheffe de cabinet, la jeune femme s’occupe notamment des déplacements du candidat, s’assure de la présence de la presse à leur arrivée et gère les repas fournis avant leur départ.
Pour Meliha Sahovic, le parti écologiste peut convaincre à l’échelle nationale, car les enjeux climatiques ont pris une place importante dans le débat public, comme l’ont montré les municipales de 2020, qui ont porté les Verts à la tête de plusieurs grandes villes telles que Lyon, Bordeaux ou Strasbourg. La jeune collaboratrice est convaincue que Yannick Jadot peut « incarner le passage du parti à un stade supérieur ». Pour elle, EELV n’est « plus là pour faire de la représentation », mais a clairement pour objectif de remporter le scrutin présidentiel.
Au-delà de ses positions écologiques, ce sont avant tout les mesures sociales portées par le parti qui ont convaincu Meliha Sahovic : « Ma conscience écolo a toujours été plus rationnelle, alors que le social me prend vraiment aux tripes », précise-t-elle. Elle cite notamment le revenu citoyen de 918 euros par mois dès 18 ans, la revalorisation du Smic et l’instauration d’un Impôt sur la fortune (ISF) climatique relevé à deux millions d’euros de patrimoine. C’est d’ailleurs dans le social que l’étudiante souhaite s’investir plus tard, même si elle hésite encore entre la politique et l’associatif. Une éventuelle victoire de Yannick Jadot en avril pourrait bien faire pencher la balance.
Cet article a initialement été publié dans le numéro 24 d’Émile, paru en mars 2022.