Un institut pour valoriser l’engagement sociétal des jeunes

Un institut pour valoriser l’engagement sociétal des jeunes

Créé dans la foulée du Service Civique, l’Institut de l’Engagement a pour ambition de former une nouvelle génération de citoyens engagés en les accompagnant dans leurs projets. Entretien avec son directeur général, Quentin Jagorel (promo 15).

Propos recueillis Par Maïna Marjany et Ryan Tfaily

Quentin Jagorel (Crédits : Emmanuel Pain)

Quelles sont les principales missions de l’Institut de l’Engagement ? 

L’Institut a été créé en 2012 par Martin Hirsch pour ouvrir des portes à des jeunes qui se sont révélés par leur engagement au service de l’intérêt général. Avec un objectif : leur offrir des perspectives, quel que soit leur bagage scolaire ou culturel, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques. Valoriser leur engagement, c’est aussi leur redonner les chances que le système actuel ne leur offrait plus. Trente salariés et 2 000 bénévoles œuvrent aujourd’hui au service de cette cause à l’Institut.

Parmi les jeunes que nous accompagnons, 700 sont distingués chaque année. Les « lauréats de l’Institut » sont repérés sur les seuls critères de leur motivation, de leur potentiel et de la qualité de leur engagement. Ils bénéficient alors d’un accompagnement d’un an qui les aide à franchir les barrières scolaires, culturelles, sociales, financières ou de santé pour réaliser leur projet d’avenir. Une fois sélectionnés dans le cadre de notre procédure d’admission, les lauréats bénéficient à la fois d’un accompagnement individuel et d’un suivi collectif. Plus de 6 000 d’entre eux ont été soutenus en 11 ans. Parallèlement à cette action, l’Institut s’est lancé plus récemment dans un programme de mentorat : 1 100 jeunes supplémentaires sont accompagnés dans ce cadre, grâce à six mois de conseils d’un mentor bénévole pour affiner leur projet ou bénéficier d’un coup de pouce pour le réaliser.

« Valoriser leur engagement, c’est aussi leur redonner les chances que le système actuel ne leur offrait plus. »

Quel constat faites-vous sur les engagements des jeunes Français en 2023 ? 

À l’occasion des 10 ans de l’Institut de l’Engagement, l’an dernier, nous avons justement demandé à BVA de sonder la jeunesse pour comprendre quelle était cette réalité en 2022. Je ne peux ici en détailler toutes les conclusions, mais il ressort de ce sondage qu’aujourd’hui, les jeunes ne s’engagent plus de la même façon que leurs aînés. Ils ne se désintéressent pas de la chose publique pour autant, loin de là. Simplement, ils s’engagent de façon plus individuelle et ponctuelle, autour de causes bien précises, et souvent en dehors des structures traditionnelles.

« Les jeunes ne se désintéressent pas de la chose publique. Simplement, ils s’engagent de façon plus individuelle et ponctuelle, autour de causes bien précises, et souvent en dehors des structures traditionnelles. »

Comment surmonter les barrières scolaires et les inégalités qui pèsent sur certains jeunes ?

Cet enjeu est au cœur de nos préoccupations à l’Institut. En effet, si le projet du jeune que nous accompagnons est de poursuivre un parcours de formation, des voies d’accès spécifiques vers 180 établissements d’enseignement partenaires peuvent lui être proposées en fonction de son profil. En offrant des modalités adaptées (admissibilité directe, exonération de frais de scolarité, bourses, etc.), ces établissements reconnaissent ainsi le parcours d’engagement particulier des lauréats. Chaque année, ceux-ci sont admis dans les établissements les plus divers : des écoles de management, des instituts d’études politiques (dont Sciences Po Paris), l’ensemble des instituts du travail social, ainsi que de nombreuses universités. Et 90 % des lauréats admis dans ces formations sélectives obtiennent leur diplôme !

Les jeunes qui ont un projet de création d’activité ou d’insertion professionnelle bénéficient quant à eux de mises en relation avec des professionnels de tous secteurs. En outre, l’Institut verse chaque année des bourses (de vie, de scolarité ou de développement de projet) aux lauréats qui en ont besoin. Au-delà de cet accompagnement individuel, l’Institut propose également un accompagnement collectif à ses lauréats. Tous se sont engagés, tous se retrouvent au sein de « promos » dont la diversité fait la force. Cette vie collective se structure autour de nos Universités de l’Engagement, qui ont lieu plusieurs fois par an et réunissent nos lauréats pendant plusieurs jours.

« 91 % de nos lauréats ont validé leur année d’études, trouvé un emploi stable ou progressé dans leur création d’activité après une année d’accompagnement à l’Institut . »

Quelles sont les trajectoires de vos lauréats ? Parviennent-ils à s’engager dans la durée ? 

Au total, deux chiffres illustrent notre succès et la double vocation qui est la nôtre (valoriser l’engagement et le susciter en retour) : 91 % de nos lauréats ont validé leur année d’études, trouvé un emploi stable ou progressé dans leur création d’activité après une année d’accompagnement à l’Institut  ; nos anciens lauréats s’engagent deux fois plus que la moyenne de la jeunesse française. C’est pour moi une source de grande fierté. 

Cet entretien a initialement été publié dans le numéro 29 d’Émile, paru en novembre 2023.



La minute management - "Pensez par vous-même!"

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Jeunesse américaine : quel(s) engagement(s) ?

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