En attendant mai - La République des François
Jason Wiels, journaliste à LCP, nous livre sa chronique hebdomadaire sur l'élection présidentielle.
C'est un hold-up sur la Ve République que peu de voix osent dénoncer, alors que les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Il suffirait que le candidat Fillon soit élu le 7 mai prochain (ce que de nombreux cercles d'initiés croient savoir, y compris les sondeurs, c'est dire) pour que les François président nos institutions pendant un temps record. Vingt-quatre ans !
Une performance renversante, qu'aucun autre prénom ne peut prétendre égaler à ce jour. Pas plus Charles que Valéry, et encore moins Georges. Nicolas n’a pas réussi à doubler la mise. Même Jacques, avec douze années au compteur, n'arrive qu'à la moitié de cette impressionnante performance.
Mais comment l'expliquer ?
Pour commencer, il n'y a pas plus français qu'un François, cela s'entend.
L’influence de l’Église ne peut être niée, bien sûr. De François d’Assise (un vrai saint, paraît-il) au pape François, si populaire, on croirait un complot.
Mitterrand, Hollande et demain, peut-être, Fillon, bénéficient en outre du legs de leurs ascendants onomastiques. Citons François Ier, dont l’apport au pays est bien connu, lui qui l’a « françoisé » du Nord au Sud.
À ce petit jeu, on aurait pu croire que les Louis aient bénéficié d'une longueur d'avance, grâce à leur prestigieux lignage. Que nenni ! Les citoyens ont préféré raccourcir le seizième du genre.
Car si le peuple est régicide, il n’y a pas à dire, il aime ses François : à gauche, à droite, même au centre. Face à ce constat, (Em)manuel et consorts doivent-ils se résigner et baisser les bras dans une bataille patronymique quasi perdue d'avance ?
À l'heure actuelle, une personne pourrait pourtant bien renverser la République des François, c’est d’ailleurs une Françoise. Le hic ? Elle s'appelle Marine.