Un appel à la protestation a été lancé aujourd’hui par des associations étudiantes féministes contre une conférence organisée par notre rédaction. Cet appel a été lancé sur les réseaux sociaux. Il a été largement relayé, liké, partagé. Il a été aussi communiqué à la presse, pour que celle-ci s’en fasse l’écho.
Cette conférence posait plusieurs questions, notamment celle de la délation, malvenues selon ces mêmes associations, après le mouvement #Balancetonporc.
Cette conférence n’invitait pas non plus apparemment les bonnes personnes. Aucune n’était légitime à venir parler d’un thème que nous avions formulé ainsi : “Réseaux sociaux et chaînes d’information en continue : La nouvelle mise à mort médiatique ?”. Ou plutôt les personnes invitées avaient toutes, je cite, « un point de vue très extrême sur le mouvement #Balancetonporc et sur la dénonciation des violences sexuelles en général ». Nos invités étaient la journaliste Elisabeth Levy, le philosophe Raphaël Enthoven, la députée Aurore Bergé et l’avocat Pierre-Olivier Sur.
Cette conférence méritait donc d’être boycottée. Le message a été entendu, puisque l’ancienne ministre socialiste aux Droits des Femmes, Laurence Rossignol, que nous avions également invitée et qui avait accepté de venir s’exprimer, a finalement annulé sa participation. La pression des associations féministes était trop forte. On ne vient manifestement pas parler lorsque le problème est si mal posé…ou plus exactement, je cite encore, lorsque « les exigences de qualité et de contradiction démocratique dont devrait se targuer tout événement organisé au sein de Sciences Po ne sont pas réunies ». Pas de contradiction donc à apporter à ce débat…au motif qu’il n’offre pas les conditions du contradictoire ! Vous n’avez pas compris cette dernière phrase ? Cela ne m’étonnerait pas, mais elle a pourtant, en l’espèce, tout son sens !
C’est avec regret, mais nous annulons donc cette discussion. Une discussion qui devait porter à la fois sur le pouvoir des réseaux sociaux et sur les dégâts collatéraux qui peuvent être contenus, parfois, dans des mouvements dont la cause est pourtant juste… Oserais-je terminer ce message par un cqfd.
Anne-Sophie Beauvais