Covid-19 : quelle gestion de crise dans les Alpes et sur la Côte-d'Azur ?
Les Alpes et la Côte-d’Azur sont, comme le reste de la France, touchées par la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19. Dans ces territoires “à risque”, puisque possédant une population importante de séniors, la problématique des EHPAD est centrale. Georges Gaède (promo 02), Président de la section régionale Côte d’Azur-Alpes, revient sur l’évolution du virus et la gestion de ce dernier dans les Alpes et sur la Côte d’Azur.
Quand les premiers cas de Covid-19 sont-ils apparus dans la zone couverte par la section Côte d’Azur-Alpes ? Quelle est la situation aujourd’hui ?
Dans le périmètre couvert par la section régionale Côte d’Azur-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Principauté de Monaco), au 14 avril 2020, les chiffres sont les suivants :
personnes hospitalisées : 371,
personnes en réanimation : 101,
personnes décédées : 91.
Rapportés à la population du territoire, soit 1 427 585 habitants, ces chiffres sont révélateurs d’un impact modéré, avec 0,026% de personnes hospitalisées et 0,006 % de personnes décédées.
Ce territoire est-il bien équipé pour faire face à l'épidémie ? Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
Le territoire couvert par notre section régionale étant marqué par une forte hétérogénéité entre un espace montagneux peu densément peuplé et un littoral présentant une forte densité de population, les moyens disponibles sont également caractérisés par une certaine disparité.
Toutefois, cet aspect correspondant à une réalité permanente, les schémas de prise en charge des personnes nécessitant des soins lourds l’intègrent, avec des dispositifs d’évacuation vers les grands centres urbains. Aussi, le système hospitalier n’est-il pas soumis à une trop forte tension, d’autant que, d’une part, les actes non urgents ont été déprogrammés pour accroître la capacité d’accueil. D’autre part, dans un territoire marqué par une offre d’hospitalisation privée significative, la coordination des capacités de prise en charge, décidée par les pouvoirs publics, contribue à éviter une surcharge.
Dans des territoires où les seniors occupent une place significative dans la population, la difficulté se situe sans doute davantage dans certains EHPAD. Ce point que le cas de l’EHPAD de Mougins, largement médiatisé, suggère, paraît corroborer par les statistiques. Pour les seules Alpes-Maritimes, les résidents en EHPAD représentent 81,5% des décès, contre 62,4% pour l’ensemble de la région PACA.
Les autorités locales ont-elles pris des mesures particulières pour faire face à cette crise sanitaire ?
Les autorités locales ont poursuivi une intervention multiforme. Le pouvoir de police des maires leur a permis de prendre dans plusieurs communes des Alpes-Maritimes des arrêtés municipaux de couvre-feu, parmi les premiers sur tout le territoire national.
En parallèle à ces mesures de contrôle, les autorités locales ont développé des actions destinées notamment à encourager, voire à rendre obligatoire, le port de masques au sein de la population, et à élargir les possibilités de dépistage du Covid-19 par l’ouverture de centres à disposition de la population sans prescription médicale préalable.
Quid des initiatives citoyennes au sein de la section dans ce contexte de crise sanitaire ?
De nombreuses initiatives citoyennes ont pris leur essor. Certaines ont connu une structuration, comme celle destinée à favoriser l’entraide bénévole entre voisins, avec la création de la plateforme « Mon voisin 06 a du cœur », sous l’égide du Conseil départemental des Alpes-Maritimes. D’autres demeurent plus spontanées, notamment dans les terres de montagne où la solidarité est inscrite dans la culture locale et où une entraide en faveur des plus faibles a pu se mettre en place ; les élus locaux y ayant dans bien des cas apporté leur concours.
Dans un contexte économique particulièrement difficile dans une région très touristique, les entreprises qui le peuvent prennent pleinement leur part à l’effort. Il en est ainsi de l’industrie grassoise de la parfumerie qui a, elle, largement réorienté sa production, afin d’accroître l’offre de solutions hydroalcooliques ou d’un fabricant de luminaires qui s’est converti à la conception et à la production d’hygiaphones pour les comptoirs des commerces demeurés ouverts.