Olivier Poncelet : "Notre objectif : édifier une filière d’excellence dédiée au développement des compétences"
Le délégué général des Acteurs de la Compétence (promo 12) revient sur la mue de la Fédération de la formation professionnelle. Le point sur une révolution menée au cœur de la première fédération des entreprises de formation et du développement des compétences. Entretien.
Olivier Poncelet, Délégué général des Acteurs de la Compétence (promo 12)
Depuis plus de 30 ans, la Fédération de la formation professionnelle œuvre en faveur de l’accès à la formation pour tous. Elle agit également pour permettre aux entreprises de former leurs salariés et de recruter une main-d’œuvre compétente. Première organisation représentative des acteurs de la filière économique de la formation professionnelle et du développement des compétences, la fédération porte dans le débat public des propositions et initiatives pour, toujours, améliorer et moderniser le secteur de la formation professionnelle, levier majeur de la compétitivité d’une entreprise, d’un secteur, d’un pays et de l’épanouissement professionnel de l’individu.
Alors que le monde du travail évolue très rapidement, que de profondes mutations sont en cours, il est aujourd’hui indispensable que le secteur de la formation professionnelle accompagne ces transformations. À l’heure où la compétence – le savoir, le savoir-être et le savoir-faire – s’affirme comme élément fondamental du travail, de l’emploi et de la compétitivité des territoires, la Fédération de la formation professionnelle est devenue, en 2021, Les Acteurs de la Compétence. Une nouvelle identité pour représenter une filière et des métiers à l’objectif commun : la compétence professionnelle.
À l’aube d’un nouveau quinquennat, quatre ans après la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, en vigueur depuis le 1er janvier 2019, Les Acteurs de la Compétence ont bien l’intention de peser dans cette campagne présidentielle. Qu’attendent-ils du prochain président ? Quelles sont leurs propositions ? Quels enjeux à l’ère de la digitalisation et de la transition écologique ?
Son délégué général, Olivier Poncelet (promo 12) revient sur la mue de la Fédération de la formation professionnelle en Acteurs de la Compétence. Le point sur une révolution menée au cœur de la première fédération des entreprises de formation et du développement des compétences.
La Fédération de la formation professionnelle a fait peau neuve en 2021, avec un nouveau nom et une nouvelle identité visuelle. Pourquoi ?
Avec ce changement d’identité, nous voulions mieux représenter la diversité de la filière et de ses acteurs. Les termes « formation professionnelle » ne reflètent plus qu’une partie de la réalité. Ces nouveaux acteurs de la formation ne forment pas forcément, mais ils contribuent toutefois au développement des compétences. Ce sont les éditeurs et fournisseurs de solutions numériques, les cabinets de conseil et d’accompagnement, les certificateurs, les coachs, etc.
Avant ce changement d’identité, ces nouveaux acteurs ne pouvaient pas adhérer à votre fédération ?
Tout à fait. C’est désormais possible depuis que nous avons changé nos statuts, en 2019, les changements de nom et d’identité ayant suivi en 2021. L’objectif était d’élargir la base d’adhérents dans le but d’édifier une filière d’excellence dédiée au développement des compétences et non plus seulement aux organismes de formation, selon la définition du Code du travail. La compétence professionnelle est, selon nous, la réponse à de nombreuses problématiques économiques, sociales et sociétales. Pas de transformation digitale sans évolution des compétences, pas de transition écologique si les métiers n’évoluent pas, pas de possibilités pour les personnes de s’insérer dans l’emploi, de se reconvertir voire de se maintenir dans l’emploi s’il n’y a pas une adaptation de leurs compétences à ces nouvelles réalités.
Quels sont les avantages, pour ces nouveaux acteurs de la compétence, d’adhérer à votre fédération ?
Cela leur permet d’obtenir des informations et de la veille sur les nombreuses évolutions réglementaires et technologiques du secteur. Ils nous rejoignent aussi pour défendre leurs intérêts et promouvoir l’importance de la formation professionnelle. C’est également un endroit où ils peuvent échanger entre pairs et trouver des partenaires pour répondre aux attentes de leurs clients. Tous engagés dans des démarches qualité, ils partagent les valeurs du professionnalisme et du collectif, conscients que la filière doit pouvoir répondre à une demande qui évolue fortement et à une transformation rapide des métiers.
La période est décidément dense pour votre fédération, puisque vous avez aussi rédigé une charte de déontologie pour les vendeurs de prestations éligibles au Compte personnel de formation. Pourquoi ?
Le CPF est un moyen d’accès individuel à la formation disponible pour tous les Français. Cela permet de continuer à se former, quels que soient son statut et son environnement, et c’est un grand succès avec de plus en plus de nouveaux profils qui se forment. Engagée depuis 30 ans dans la promotion d’une offre de formation de qualité, la fédération Les Acteurs de la Compétence a pris l’initiative d’une charte de déontologie pour la vente de prestations éligibles au Compte personnel de formation. Celle-ci éclaire les utilisateurs dans leurs choix lorsqu’ils mobilisent leur CPF et s’appuie sur les règles de droit s’appliquant à la profession et les Conditions générales d’utilisation (CGU) de MonCompteFormation. Nous sommes très attachés à ces démarches de sensibilisation et d’information des actifs, dans une période où des officines qui ne sont pas des professionnels du secteur se créent pour tenter d’escroquer les bénéficiaires en vidant leur CPF. Nous sommes très fortement mobilisés pour mettre fin à ces démarches illégales qui nuisent aux bénéficiaires et aux vrais professionnels de la filière. Le marché « B to C » de la formation était encore très minoritaire il y a peu, mais il s’est développé très fortement avec le CPF et le portail MonCompteFormation, lancé en novembre 2019. Notre responsabilité est d’accompagner l’émergence de ce marché ainsi que les actifs et de valoriser les professionnels du secteur auprès des clients.
En 2020, 984 000 formations ont été suivies dans le cadre du Compte personnel de formation (CPF) contre 517 000 en 2019. Comment expliquez-vous un tel succès ?
Ce dispositif, simple d’accès, répond à une attente de nos concitoyens d’adapter leurs compétences régulièrement. Les actifs savent que, désormais, on ne va pas faire toute sa carrière dans le même environnement professionnel. On va changer d’entreprise, de métier, voire de secteur. Le digital, notamment, impacte tous les métiers et si on n’est pas en situation d’apprendre de nouvelles méthodes de travail et de prendre en main de nouveaux outils, c’est très problématique dans un parcours professionnel. La crise sanitaire a renforcé cette prise de conscience. D’ici 2030, 85 % des métiers vont être profondément transformés. C’est un sujet de fond, une évolution qui va s’étendre dans le temps et qui ne fait que commencer. Le rôle de notre secteur est d’accompagner les actifs dans ce processus.
Repères
7,4 milliards d’euros : Le gain engendré pour l’économie en améliorant d’un point l’accès à la formation professionnelle, selon une étude du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger pour la FFP (2017).
1,5 million : Le nombre de salariés qualifiés dont pourrait manquer la France d’ici 2030, selon une étude du cabinet de conseil Korn Ferry (2018).
175 milliards d’euros de pertes pour l’économie si les prévisions de l’étude Korn Ferry se réalisent.
32 % des Français âgés de 25 à 54 ans suivent une formation chaque année contre 41 % pour l’ensemble des pays de l’OCDE.
984 000 formations suivies en 2020, près du double de 2019, selon les chiffres de la Dares.
Les Acteurs de la Compétence en chiffres
1991 : Création de la Fédération de la formation professionnelle.
13 délégations régionales.
3 milliards d’euros de chiffres d’affaires cumulés.
250 adhérents supplémentaires en 2021.
2021 : La Fédération de la formation professionnelle devient Les Acteurs de la Compétence.
Pour aller plus loin :
Ce publi-reportage a initialement été publié dans le numéro 24 d’Émile, paru en mars 2022.
