Prix Albert Londres 2022 : trois alumnae qui portent la plume dans la plaie
[Série : Les Alumni qui ont marqué l’année 2022] Le prestigieux prix Albert Londres, qui récompense les meilleurs journalistes francophones, a été attribué fin novembre à trois alumnae pour leur travail sur la guerre en Ukraine et sur la milice Wagner.
Par Ismaël El Bou-Cottereau
De gauche à droite : Margaux Benn, Ksenia Bolchakova et Alexandra Jousset. (Crédits : Géminel/Hans Lucas)
Margaux Benn, grande reporter sans frontières
Grande reporter au service international du Figaro, Margaux Benn (promo 15) a été récompensée par le prix Albert Londres pour ses reportages écrits sur la guerre en Ukraine, à la fois précis et empathiques. En 2018, elle quitte un poste stable au bureau du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de l’AFP pour devenir journaliste indépendante en Afghanistan. « Cela faisait deux ans que je ne faisais plus de reportages, je commençais à végéter, explique-t-elle à Émile. Je voulais repartir sur le terrain. » Elle collabore alors pour Arte ou encore France 24.
Son documentaire Afghanistan : vivre en pays taliban (2021), coréalisé avec la journaliste Solène Chalvon-Fioriti, a été particulièrement remarqué. Membre du service international du Figaro depuis 2022, Margaux Benn couvre principalement l’Ukraine et l’Afghanistan.
Mais cette Franco-Canadienne de 34 ans souhaite élargir ses horizons et sa palette journalistique : « J’aime jongler entre les formats. Même si je me sens plus à l’aise en presse écrite, qui permet peut-être plus de précision, de justesse et de nuances, j’ai créé un podcast et je suis en train de terminer un documentaire qui suit le destin de femmes en Afghanistan. »
Ksenia Bolchakova et Alexandra Jousset : le journalisme en duo
Ksenia Bolchakova (promo 06) et Alexandra Jousset (promo 07) ont été primées pour leur documentaire Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine, produit par CAPA et diffusé le 20 février 2022 dans Le Monde en face, sur France 5. Leur enquête a permis de mettre en lumière les rouages et les exactions – notamment au Mali et en Centrafrique – de cette compagnie militaire privée russe, bras armé de Poutine.
Elles se sont rencontrées durant leurs études rue Saint-Guillaume. Diplôme en poche, la journaliste franco-russe Ksenia Bolchakova – son père écrivait pour La Pravda, journal officiel du Parti communiste sous l’URSS – a travaillé à BFMTV, puis a été correspondante à Moscou pour de nombreux médias, tels que France Télévisions ou Canal+. Depuis novembre 2015, elle s’est lancée en tant qu’indépendante, basée à Paris.
« Fais du vrai journalisme à la Albert Londres » : en 2022, Alexandra Jousset a exaucé le vœu de son père. Après ses études en management de la culture et des médias à Sciences Po, elle commence sa carrière à l’agence CAPA. Depuis 10 ans, elle réalise de nombreux documentaires, notamment sur les exactions commises au Yémen (Crimes de guerre au Yémen, les complicités européennes, 2019) et la dynamique des mouvements pro-life aux États-Unis (Avortement, les croisés contre-attaquent, 2017).
Les deux femmes poursuivent ensemble leurs projets journalistiques. Dernièrement, elles ont signé, dans le JDD Magazine, un long article sur Evgueni Prigojine, homme d’affaires russe à l’origine du groupe Wagner.
Cet article a initialement été publié dans le numéro 27 d’Émile, paru en février 2023.
